Vote de la loi Asile-Immigration, honteuse capitulation devant le racisme

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La durée des débats à l’Assemblée Nationale a été exceptionnelle, mais traduit autant l’indécente surenchère raciste de la droite, que l’opposition des députés de gauche. La loi honteuse a été finalement votée dimanche en l’absence d’une part non négligeable de la majorité.

Un débat qui marque la victoire idéologique de l’extrême-droite

Le nouveau président de LR, Laurent Wauquiez n’avait pas fait mystère de ses intentions d’aller chasser sur les terres du FN à sa prise de poste. Il a pu mettre en oeuvre cette stratégie lors des débats à l’Assemblée Nationale sur la loi Asile-Immigration. Les députés LR ne se sont pas fait prier, visiblement ravis pour certains de pouvoir assumer aussi franchement leur racisme.

Le FN, moins audible en l’absence de groupe parlementaire, avait toutes les peines du monde à se distinguer d’une droite, ouvertement xénophobe.

Les députés LR usant de la totalité de leur temps parole, ont montré une opposition qu’on ne leur avait pas connue depuis le début du quinquennat. Défendant l’idée d’un “plafond annuel d’étrangers” défini par le parlement, ils ont maintenu tout le long du débat la confusion entre les différents flux migratoires. Il se sont également employés à faire le lien entre immigration, insécurité et terrorisme.

Le lancement des débats par le ministre de l’intérieur avait donné le ton, ce dernier, empruntant une rhétorique de l’extrême droite avait dénoncé des régions submergées par le flux migratoire. Le FN a d’ailleurs voté pour l’article 5 de la loi qui réduit à 90 jours le délai pour déposer une demande d’asile. Un vote historique c’est la première fois de son histoire que le parti d’extrême droite valide un article de loi sur les questions migratoires.

Une opposition vive, mais minoritaire

Des socialistes aux communistes, la gauche s’est largement opposée au projet de loi dénonçant son esprit comme la quasi totalité de ses dispositions. Quelques députés LREM ont également déclaré refuser de voter pour, tandis que Jean-Michel Clément, transfuge du PS à LREM a annoncé voter contre ainsi que son départ du groupe.

Malgré les quelques renforts au sein du groupe de la majorité présidentielle, les députés opposés au texte se sont retrouvés en minorité et incapable d’infléchir véritablement le projet de loi. Quelques très maigres avancées ont été toutefois obtenues.

Le délit de solidarité a été amendé et précisé, excluant une partie de l’aide militante aux migrants de son champ d’application. Le gouvernement a refusé de l’abroger au nom de la lutte contre les passeurs. Enfin, le délai d’attente pour les demandeurs d’asile avant de pouvoir travailler, a été baissé à 6 mois, ce qui correspond à la recommandation faite par un rapport du député Aurélien Taché (LREM).

Le gouvernement a refusé d’interdire le placement en rétention des mineurs. Cette mesure indigne contestée jusque dans les propres rangs de la majorité, doit faire l’objet d’un groupe de travail qui étudiera une proposition de loi pour l’interdire d’ici la fin de l’année. En attendant, des mineurs seront enfermés au mépris de la protection de l’enfance.

Une loi qui laissera des traces

Votée par 228 voix contre 139 et 24 abstentions, la majorité était loin d’afficher complet. Signe du malaise provoqué par ce texte, le gouvernement n’a pas mis en place de vote solennel comme c’est traditionnellement le cas, et qui permet à l’ensemble des députés de se prononcer.

Au-delà des états d’âmes de quelques députés de la majorité, dont l’individualité, la morale et les convictions, ne sont pas apparues jusqu’ici, c’est une loi honteuse pour la République qui a été adoptée.

Cette loi contraste cruellement avec les discours de campagne du candidat Macron qui alors vantait l’exemple allemand de l’accueil des réfugiés. C’est une loi qui adresse un message de refus de solidarité avec tous ceux qui fuient les persécutions et la misère. Une loi qui fait de l’étranger un danger pour notre pays. Une loi qui fait de la France un pays de repli identitaire, prompt à bombarder mais pas à protéger.

Le ministère de l’identité nationale avait marqué le quinquennat de Sarkozy, la déchéance de nationalité celui de Hollande, la loi Asile-Immigration marque du même sceau d’infamie celui de Macron.

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde