Toulouse : LR perd son maire

Lundi 7 novembre, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc a annoncé sa démission du parti Les Républicains. Justifiant son départ par des désaccords avec la ligne politique de son ancien parti, il prône une stratégie de rapprochement avec les macronistes. 

LR en chute libre : défaites locales et nationales

Aux dernières élections municipales, en 2020, la gauche unie a gagné la quasi-totalité des grandes villes françaises. C’est ainsi que huit des dix plus grandes villes françaises ont été gagnées par l’union de la gauche et des écologistes, ne laissant à LR que deux métropoles. Toulouse fait partie de ces survivantes de la droite. Son maire sortant, Jean-Luc Moudenc, y a été réélu de justesse, avec 52 % des suffrages exprimés au second tour.  

Au niveau national, la candidature de Valérie Pécresse a été un naufrage présidentiel en 2022, et aux législatives de la même année. Les Républicains ont perdu plus de la moitié de leurs députés, passant de 136 à 64. 

Lors du Congrès des Républicains pour désigner leur candidat à la présidentielle, le parti semblait divisé entre quatre pôles. La droite se retrouve perdue, à la fois au niveau programmatique et au niveau électoral. Ces défaites sont l’occasion de divisions, en raison de la perte de légitimité de la candidate désignée par le parti.

Bal des ambitions à LR

En décembre se tiendra l’élection du nouveau président de LR. Plusieurs programmes s’affrontent, plusieurs personnalités, mais une seule perspective : LR veut devenir le faiseur de rois entre le RN et Renaissance, de manière indépendante et autonome. La stratégie électorale n’est pas remise en cause, par aucun candidat.

Les trois candidats Ciotti, Retailleau et Pradié opèrent une droitisation de LR en s’emparant des théories de l’extrême droite et en s’y rapprochant idéologiquement. Ils se concentrent sur certains sujets sans avoir de projet large, respectivement l’immigration, les traditions et la séduction des classes populaires. Ils s’adressent, selon Jean-Luc Moudenc, aux campagnes uniquement, ce qui est selon lui la cause de l’échec aux précédentes élections.

La stratégie électorale de Jean-Luc Moudenc

A contrario des candidats à l’élection présidentielle des Républicains, Moudenc souhaite s’ouvrir au centre, plus porteur électoralement à Toulouse. 

Il s’est opposé aux projets très droitiers des trois candidats en dénonçant leur manque d’envergure et d’ambition ainsi qu’une adresse exclusive envers la ruralité. À des fins électorales, Moudenc souhaite se présenter comme un défenseur de la ville et de l’union.

Sa position se révèle pragmatique en unissant la droite traditionnelle et le centre, en y ajoutant son opportunisme et une priorité aux victoires politiques. En quittant LR, Moudenc appuie sa vision politique, minoritaire dans son ancien parti.

La droite éparpillée entre l’extrême droite et le centre

LR ressort affaibli du départ de Moudenc, qui est un symptôme de la division de la droite suite aux échecs électoraux. 

Ciotti étant le candidat préféré des sondages chez les Républicains, il semble que le parti suive une dérive droitière et abandonne le pan soi-disant social de son programme. Cette dérive amorce une rupture historique de la droite entre libéraux-conservateurs et sociaux-libéraux. L’un se tournant vers l’extrême droite, l’autre vers le macronisme.

Moudenc semble initier pour Toulouse, une unité possible entre le centre et la droite afin de conserver son siège face à l’union des gauches. 

Cette perspective se renforce au sein de La France Audacieuse, parti de Christian Estrosi, duquel Moudenc est délégué général. Estrosi est le second maire de droite de la plus grande ville française après Moudenc. Ils s’appuient sur leurs victoires électorales en opposition à la défaite récente de la droite traditionnelle.

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde