Tiers payant : les jeunes vont encore trinquer

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Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, l’Assemblée Nationale s’est prononcée pour la suppression de la généralisation du Tiers Payant, malgré l’opposition des Communistes, des Insoumis et des Socialistes. Cette mesure, portée par l’ex-ministre de la santé Marisol Touraine sous le quinquennat Hollande, devait prendre effet le 1er décembre 2017.

Le gouvernement recule

Dans les cabinets, le tiers payant, c’est à dire la dispense d’avance de frais médicaux, s’applique déjà obligatoirement aux femmes enceintes, aux personnes souffrant de longue maladie et aux bénéficiaires de la CMU. Onze millions d’assurés sociaux sont ainsi concernés. La mesure qui devait permettre l’extension du tiers-payant à toute la population  est désormais enterrée.

Selon Agnès Buzyn, actuelle ministre de la santé, le gouvernement s’engage à remettre un « rapport sur le calendrier de mise en œuvre opérationnelle du tiers payant généralisable » avant le 31 mars 2018. Une concertation avec « les professionnels » devrait également être réalisée prochainement afin de cibler des « publics prioritaires ». Car la nuance est importante : le tiers payant généralisé n’est plus à l’ordre du jour, conformément au programme d’Emmanuel Macron, il s’agit désormais de mettre en place le tiers payant généralisable, c’est-à-dire non obligatoire, et «  sans contrainte » pour les professionnels. Une annonce affligeante de clientélisme et de mépris pour les classes populaires.

A l’origine, des médecins en colère

Les principaux syndicats de médecins n’ont pas manqué de crier victoire suite à l’annulation de la mesure : la CSMF et le SML, syndicats des médecins libéraux, le CNSD, syndicat des chirurgiens-dentistes et MG France, premier syndicat des médecins généralistes. Ce dernier constitue l’un des principaux opposants à la réforme du tiers payant généralisé. Dès le 1er janvier 2017, il avait même appelé au boycott de l’élargissement du tiers payant aux patients en ALD (affection de longue durée) et aux femmes enceintes.

En cause ? Des lourdeurs administratives dues à la multiplicité des régimes, des contrats, des intervenants et une inquiétude quant aux garanties de paiement.

L’accès aux soins en danger

Nous savons que 33% de la population a déjà renoncé à se soigner ou reporté des soins, à défaut de moyens dans l’immédiat.

Un constat d’autant plus fort chez les jeunes. Selon un récent rapport de la Croix Rouge, environ 55 % des jeunes de moins de 30 ans interrogés ont dû renoncer à des soins depuis le début de l’année, faute de ressources financières suffisantes pour 48 % d’entre eux. Le choix entre manger et se soigner est souvent vite fait selon l’association, qui constate une hausse de la part des jeunes dans ses 700 épiceries solidaires. L’enterrement du tiers ayant généralisé condamne ainsi tous ces jeunes contraint de prioriser l’accès à leurs droits les plus élémentaires.

Franchises, forfaits, hausses scandaleuses du prix de certaines consultations à partir du 1er novembre 2017, dépassements d’honoraires et part de plus en plus belle accordée aux mutuelles et complémentaires privées, autant de lourdeurs administratives et financières qui freinent terriblement l’accès aux soins pour les plus précaires ! A quand le 100% sécu ?