Les 6 et 7 juillet, les BRICS+ — Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud — se sont réunis à Rio de Janeiro. Xi Jinping et Vladimir Poutine étaient absents.
Le dirigeant russe n’a pas fait le déplacement en raison du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), qui le vise pour l’agression de l’Ukraine en 2022. Le président chinois, quant à lui, a invoqué un agenda chargé et des rencontres bilatérales déjà nombreuses avec le président brésilien Lula ces derniers mois. Il ne s’agit toutefois pas d’un boycott : Pékin a dépêché le Premier ministre Li Qiang, numéro deux du régime.
L’organisation, élargie en 2024 à l’Éthiopie, aux Émirats arabes unis, à l’Iran et à l’Égypte, puis à l’Indonésie en 2025, entend contrebalancer l’influence géopolitique du G7. Dix autres pays partenaires y participent également, répartis sur tous les continents. On y trouve des régimes très divers : socialistes, nationalistes, sociaux-démocrates ou théocratiques. Ce qui les unit ? Une volonté commune de se soustraire à la prédation de l’impérialisme occidental.
Faire face aux guerres et aux conflits
Le sommet intervient dans un contexte mondial marqué par les conflits : la guerre en Ukraine se poursuit, et l’Iran sort d’un affrontement avec Israël et les États-Unis. L’attitude occidentale face à ces crises se distingue par son double standard.
Alors que la Russie est lourdement condamnée par le G7, Israël — qui mène un génocide à Gaza et bombarde les civils iraniens — ne subit pas la même réprobation. Les condamnations occidentales du massacre en Palestine restent timides, souvent sans nommer le génocide et toujours sans actes concrets. Même constat face aux frappes contre l’Iran : des appels au cessez-le-feu existent, mais l’agression israélienne est encore justifiée dans les capitales occidentales par la fiction d’une “guerre préventive”.
À l’inverse, la Chine, l’Inde ou encore l’Afrique du Sud ont proposé des médiations entre Russes et Ukrainiens dès le début du conflit. Pékin a même accueilli les principales forces politiques palestiniennes pour tenter de parvenir à un accord de gouvernement à Gaza. C’est donc dans le camp des BRICS+ que l’on retrouve des initiatives de paix concrètes.
Il faut aussi noter l’offensive protectionniste américaine lancée en avril, avec des hausses de droits de douane ciblant spécifiquement ces puissances émergentes.
L’Occident en crise d’hégémonie
Depuis la fin de la guerre froide, jamais l’hégémonie occidentale n’a été aussi contestée. Les guerres d’Irak, le démantèlement de la Libye ou le conflit syrien ont suscité de vives critiques, mais aucune puissance n’avait encore les moyens de proposer une alternative systémique.
L’émergence de la Chine change la donne. Avec des projets comme la Belt and Road Initiative (BRI), les pays du Sud global peuvent désormais s’insérer dans les échanges mondiaux sans passer par l’Occident.
Vers une nouvelle coopération internationale
L’ambition des BRICS+ est de refonder la coopération internationale sur la base du droit, et non de la force. Cette dynamique attire : le Venezuela, le Sénégal, la Syrie, l’Azerbaïdjan, le Pakistan, le Sri Lanka, le Bangladesh et le Myanmar ont déposé leur candidature.
En parallèle, l’organisation s’est dotée dès 2014 d’une banque de développement, la Nouvelle Banque de Développement (NBD), basée à Shanghai et présidée par Dilma Rousseff. Contrairement au FMI, elle n’impose pas de réformes structurelles aux pays bénéficiaires. À long terme, les BRICS+ entendent mettre en place un système monétaire alternatif, basé sur une monnaie commune — mais non unique — pour concurrencer le dollar.
Une chance pour la paix mondiale
Ce sommet est décisif pour l’avenir. En renforçant la coopération entre des pays qui concentrent plus de la moitié de la population mondiale et près d’un tiers du PIB planétaire, il devient possible d’envisager une désescalade des tensions mondiales. Les États-Unis apparaissent de plus en plus comme la principale puissance déstabilisatrice. En faisant bloc, les pays ciblés par l’impérialisme entendent inverser le rapport de forces. Cette contestation de l’ordre occidental pourrait ouvrir une ère de stabilisation internationale.