Sans redevance audiovisuelle, quel avenir pour l’audiovisuel public ?

Domaine public

Ces derniers mois, le débat fait rage quant au devenir de l’audiovisuel public. Le point de clivage est la redevance audiovisuelle. 

En effet, la redevance représente aujourd’hui un budget annuel de 138 € par foyer au moment de la déclaration d’impôt (88 € pour les Ultra-marins). Cette collecte a permis en 2021 d’atteindre 3,8 milliards d’euros à injecter dans la production de programmes sur les chaînes de France Télévision, Radio France, l’INA, TV5Monde, France Médias Monde ou encore ARTE.

Seul moyen d’échapper à la redevance : jurer sur l’honneur que son foyer ne possède pas de téléviseur. Condition qui semble paradoxale, tant l’audiovisuel public s’est diversifié. FranceInfo, par exemple, constitue aujourd’hui un énorme moyen de s’informer gratuitement avec des contenus de qualité.

Offensive contre l’audiovisuel public

Certains candidats à la présidentielle ont formulé le souhait de privatiser les chaînes de France télévision et de Radio France. Comme Marine Le Pen ou Éric Zemmour, afin de supprimer tout bonnement la redevance. Eric Zemmour avait d’ailleurs pris à parti Radio France, qui selon lui « est orientée politiquement et les Français n’ont pas à payer d’impôt pour des médias orientés ».

Valérie Pécresse et Emmanuel Macron souhaitaient quant à eux supprimer la redevance. Le candidat-président avait alors détaillé son plan de financement de l’audiovisuel public lors de sa campagne. En expliquant qu’un budget pluriannuel verra le jour. Et en appuyant sur le fait qu’il tenait « à l’indépendance de l’audiovisuel public ».

Depuis son élection, le président de la République a annoncé que, dès cette année, on ne paiera plus la redevance audiovisuelle, après le vote du projet de loi de finances rectificative présenté à la suite des élections législatives de juin.

Du foot sur les chaînes publiques ?

On peut se demander, à quelle hauteur financer l’audiovisuel public ? Et pour produire quoi ?

Léon Deffontaines, secrétaire général du MJCF, écrivait, il y a quelques jours, à propos du football diffusé en clair. Aujourd’hui sport le plus apprécié des Français, il n’en demeure pas moins qu’aucun match de Ligue 1 n’a été diffusé en clair sur une chaîne publique depuis plusieurs années. Suite aux rachats successifs des droits de diffusion par des chaînes privées en accès par abonnement. 

Les jeunes doivent débourser des centaines d’euros par an pour suivre l’ensemble des compétitions footballistiques.

La Ligue 1 sur France TV, on en rêve ! Plus besoin de débourser en abonnement ou d’obligation de se rendre dans le bar sportif le plus proche (et d’être obligé de consommer). Plus besoin non plus de passer par le piratage, contre lequel la CNIL se bat, mais ne parvient pas à faire face tant l’IPTV est aujourd’hui simple d’accès.

De nouveaux programmes audiovisuels !

C’est la démonstration que l’audiovisuel public ne peut pas se permettre de voir son budget réduit. Il devrait même être augmenté pour offrir une plus grande variété et qualité de programmes. 

D’autres programmes d’accès à la culture ont émergé via la chaîne culturebox de France TV durant le confinement. Elle perdure encore aujourd’hui, permettant à un grand nombre de jeunes d’avoir accès à des concerts, des pièces de théâtre, etc.

Tout cela sera-t-il encore d’actualité après la fin de la redevance ?

Et si le gouvernement voulait réduire le budget, quid de la qualité des programmes proposés ?

Définitivement, la redevance est aujourd’hui un garant de l’accès pour le plus grand nombre à des programmes variés et de qualité. Tout en garantissant une indépendance relative des médias financés publiquement, qu’un budget variable ou revu à la baisse ne garantit pas.