Sahara Occidental, dernière colonie d’Afrique

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Sahara Occidental

L’Espagne colonisait le Sahara Occidental dès 1884 et de nombreuses tribus nomades y ont vécu pendant des générations. Vers les années 50, les territoires sahraouis laissent place à la modernité avec une importante sédentarité du peuple.

Le 14 novembre 1975, les accords tripartites de Madrid entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie, ont établit les conditions de retrait des troupes espagnoles et la partition du territoire sahraoui entre le Maroc et la Mauritanie. La cours de Justice de l’ONU a toujours rejeté ces accords. Deux semaines avant même ces accords, le roi Hassan II appelle 350 000 marocains à entreprendre la « Marche verte », où ces derniers quittent le Maroc pour s’installer sur les terres sahraouies. Un moyen de marquer l’appartenance du Sahara au Maroc.

En 1976, le Front Polisario (mouvement politique armé considéré par l’ONU comme le « représentant légitime du peuple sahraoui ») proclame la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) et met en place une armée pour faire face à l’invasion. Trois ans plus tard le Front Polisario et la Mauritanie signent un accord de paix, cette dernière renonce au sud du Sahara. Ce n’est qu’en 1991 qu’un cessez le feu est signé entre le Font Polisario et le Royaume du Maroc, à condition qu’il y ai un référendum mené par les Nations Unies et devant déterminer l’avenir du Sahara Occidental. La question fondamentale étant : Les habitants du Sahara Occidental veulent-ils leur indépendance ou préfèrent-ils s’intégrer au Maroc ?  Pourtant, 26 ans plus tard, aucun referendum n’a été organisé…

Actuellement, le Maroc contrôle et administre environ 80 % du territoire sahraoui, tandis que le Front Polisario en contrôle 20 % derrière un long mur de défense marocain, « Muro de la Vergüenza » (Le mur de la honte en espagnol), qui s’étend sur plus de 2 720 km et protégés par de nombreux soldats et des mines antipersonnel (voir la carte).

Depuis 1966, le Sahara est inscrit sur la liste des territoires « non autonomes » de l’ONU et est donc éligible à la demande d’indépendance qui est dû aux pays et aux peuples coloniaux (Résolution 1514 de l’AG des Nations Unies).

Le territoire du Sahara, appelé par le Maroc « les  provinces du Sud », représente mille deux cents kilomètres de côte, et ses eaux sont parmi les plus poissonneuses du monde. Le secteur de la pêche sur les côtes sahraouies représente 78 % des captures marocaines (d’après un rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE)).

Selon l’organisation non gouvernementale (ONG) Western Sahara Resource Watch, les environs de la ville sahraouie de Dakhla comptent onze sites agricoles dont près de 6 hectares dédiés aux tomates cerises nommées « Etoile du Sud » et injustement étiquetées « Origine Maroc ».

Mais la ressource sahraouie qui est la plus chère aux yeux des marocains sont les mines de phosphate de Bou Craa, appelées PhosBoucraa et exploitées par l’OCF (Office chérifien des phosphates). Il s’agit du second producteur et du premier exportateur de phosphate brut et d’acide phosphorique dans le monde, ainsi que l’un des principaux exportateurs d’engrais phosphatés. D’après Le Monde Diplomatique, le Maroc en retirait 6 % de son PIB en 2012 et détient aujourd’hui les réserves mondiales les plus importantes.

Pour rappel, en 1962, l’Assemblée générale de l’ONU consacrait le droit des peuples « à user et à disposer des ressources naturelles que recèlent leurs territoires pour assurer leur développement et leur bien-être (Résolution 1803 (XVII)) ». La jurisprudence a par la suite confirmé les « droits inaliénables » des peuples des territoires non autonomes sur leurs ressources naturelles, ainsi que leur droit « d’être et de rester maîtres de la mise en valeur future de ces ressources ».

 

Un statu quo ?

Le makhzen (l’Elysée du Maroc) fait tout pour accréditer l’idée que les Sahraouis profitent des richesses naturelles. L’OCP, par exemple, mènerait une politique sociale : « Tous les revenus nets de PhosBoucraa sont réinvestis dans la région et bénéficient à ses habitants », peut-on lire dans son rapport d’activité 2012. Sur le site minier, ils ont recruté pas moins de cinq cent trente jeunes Sahraouis après des manifestations pacifiques sahraouies (événements de Gdeim Izik). Un versement pour acheter la paix sociale ? En effet, il s’agissait d’embaucher les enfants des retraités qui y travaillaient déjà à l’époque espagnole et qui n’étaient pas satisfaits de la retraite qu’ils touchaient. « Un accord a bien été trouvé, mais les jeunes ont été embauchés à un statut auquel plus personne n’est recruté, donc à un salaire moindre », d’après M. Eddia Sidi Ahmed Moussa, qui est une figure du syndicalisme local, et secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs sahraouis (Association illégale car le Maroc ne reconnaît aucune association créée par des sahraouis). Sachant que depuis l’arrivée du Maroc, celui-ci bafoue les principes de base des Droits de l’Homme (notamment les violentes répressions des sahraouis par les autorités du Royaume pendant des manifestations pacifiques). Quiconque brandit le drapeau Sahraoui sur les territoires administrés par le Maroc peut se faire battre violemment en pleine rue à la vue de tous (vidéos circulant sur internet à l’appui).

Tandis que le peuple sahraoui attend depuis des années le référendum de leur autodétermination, le royaume du Maroc ne cesse de retarder l’échéance. En effet depuis la « Marche verte » de 1975, une partie de la population marocaine se mêle aux sahraouis et il devient donc bien plus compliqué de savoir qui a la légitimité de voter à ce référendum. De plus, une importante partie de la population sahraouie a fui la répression marocaine lors de son de son invasion et s’est installée sur des terres algériennes, près de Tindouf avec l’appui algérien. Ils se sont installés dans des campements de réfugiées, avec des conditions de vie moindres (de simples tentes et des denrées venant d’ONG). Des conditions difficiles encore aujourd’hui mais leur permettant de vivre en liberté. Le recensement de cette partie de la population installée depuis 1975 est très complexe et fait partie notamment des éléments qui retarde le référendum.

Par Daoud Em’barka

Membre de la Ligue des Etudiants Sahraouis en France