Retraites, le 49-3 ne met pas fin à la mobilisation

Rédaction | Avant Garde

Après plus de trois mois de mobilisation contre la réforme des retraites et malgré le passage en force du gouvernement avec l’utilisation du 49.3, l’intersyndicale organise toujours la contestation.   

Le passage en force du gouvernement 

Par trois fois déjà le gouvernement a décidé de passer en force sa réforme du système des retraites. 

La mobilisation contre la réforme des retraites revête un caractère inédit pour plusieurs raisons. Tout d’abord par sa durée, plus de trois mois de mobilisation et  plus de deux mois de grèves consécutives. C’est tout simplement la grève interprofessionnelle la plus longue qu’ait connue la Vème République. Inédite également par le soutien inconditionnel de l’opinion publique envers le mouvement. Même après plus de deux mois de grève, une majorité de français soutient la mobilisation et plus des deux tiers des français sont contre cette réforme. Malgrés le caractère inédit de la mobilisation contre cette réforme, le gouvernement a fait le choix de passer en force en réprimant les manifestations et en déposant le projet de loi au palais Bourbon.  

Une fois le projet de loi déposé à l’Assemblée Nationale, les députés communistes – rejoint par les autres forces de gauche – ont proposé que que cette réforme soit directement votée par le peuple grâce à une motion référendaire. Bien que cette proposition est soutenue par des deux tiers des français, le gouvernement a refusé cette option dès le premier jours de débat dans l’hémicycle. 

Pour finir, le gouvernement – qui jugeait les débats autour de cette réforme comme une perte de temps – a fait le choix de passer en force son projet de loi à l’Assemblée Nationale. Après deux semaines de débats de fond sur la réforme et plus de 10 000 amendements étudiés sur les 41 000, le premier ministre a utilisé l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. Cet article permet au gouvernement de mettre fin aux débats dans l’hémicycle en engageant sa responsabilité sur le projet de loi dans son intégralité. Cet article est l’arme anti-démocratique par excellence. Il permet d’adopter un loi sans vote ni débat. 

Les députés de gauche se sont réunis autour d’André Chassaigne pour porter une motion de censure contre le gouvernement. Celle-ci n’a obtenu que 91 voix. Les députés LAREM – bien qu’une partie se sont dit contre l’utilisation de cet article – n’ont pas voté cette motion de censure. Le nombre de voix a dont été insuffisant pour faire partir le gouvernement. En revanche, malgré le rejet de cette motion de censure, deux députés sont parti du groupe parlementaire dénonçant les fausses promesses de l’exécutif. Certain médias évoquent même la possibilité pour En Marche de perdre la majorité absolue à l’assemblée avec une potentielle émergence d’un groupe de frondeurs au sein même du groupe présidentiel. 

Maintenant que le texte est passé à l’Assemblée Nationale, le texte est envoyé au Sénat. Les occupants du palais du Luxembourg pourront amender cette réforme pendant deux semaines avant que celui-ci ne revienne à l’Assemblée Nationale. Un grand nombre de députés de tous les partis ont reproché au gouvernement de ne pas laisser court au débat et que les députés n’auront au final moins de temps de débats que les sénateurs.  

La contestation contre le 49.3 s’organise 

Avec l’annonce du 49-3, les contestations et les manifestations ne se sont pas fait attendre. Dès le samedi soir un rassemblement avait lieu devant l’Assemblée Nationale pour contester ce passage en force. L’intersyndicale nationale et les déclinaisons locales de celle-ci ont appelé à des rassemblements partout en France le lundi et mardi. Des dizaines de milliers de manifestants ont dénoncé cette atteinte à la démocratie et aux conquis sociaux. 

Bien qu’organiser à la hâte du jour pour le lendemain, la manifestation parisienne a rassemblé plus de 20 000 personnes mardi dernier. Au même moment un autre rassemblement avait lieu à deux pas de l’assemblée nationale organisé par les parlementaires de gauche pour dénoncer la mascarade qui avait lieu dans l’hémicycle dans les débats sur les motions de censures.

En plus de ces mobilisations, des rassemblements devant les préfectures et sous-préfectures ont eu lieu à l’appel de la CGT et du PCF pour dénoncer ce coup de force. L’objectif est d’interpeller les représentants de l’Etat partout sur le territoire pour qu’ils remontent l’indignation populaire face au cynisme du gouvernement. 

Ces mobilisations montrent que malgré les multiples passages en force de l’exécutif, la contestation contre le projet de réforme est toujours bien présent. 

Une mobilisation loin d’être terminée 

Les mobilisations de la semaine en appellent d’autres. L’intersyndicale a déjà annoncé deux date de mobilisations : le 8 et 31 mars prochain.  

Le 8 mars journée internationale de lutte pour les droits des femmes revête un caractère particulier cette année. En plus de revendiquer l’égalité salariale, les syndicats ont fait le choix que cette journée soit également aux couleurs de la lutte contre la réforme des retraites. Contrairement à ce qu’indique la majorité présidentielle, les femmes ne seront pas les grandes gagnantes de cette réforme, bien au contraire. La suppression des annuités de cotisations dont bénéficient les mères pour des enfants à charge, la disparition de la pension de réversion pour les femmes divorcées, la prise en compte de l’ensemble de la carrière, sont tout autant de mesure qui vont avoir pour effet de précariser les retraites des femmes. C’est pour cela que la CGT a fait le choix d’intégrer pleinement le 8 mars comme une journée de mobilisation contre la réforme des retraites.  

Après le 8 mars, le 31 en ligne de mir

L’intersyndicale a fait le choix de maintenir la date de mobilisation du 31 mars malgré l’utilisation du 49-3. La stratégie est claire les syndicats veulent inscrire la mobilisation dans la durée et peu importe que la loi soit passé à l’Assemblée. Les forces syndicales savent que leurs revendications et leur mobilisation sont légitime car soutenue par par près des deux tiers des français. Ils estiment que ce n’est pas à eux de reculer mais bien au gouvernement car il est minoritaire dans la société. Les syndicats sont bien déterminé à bloquer cette réforme coûte que coûte. 

D’ici au 31 mars, des mobilisations locales, des actions de blocages ou encore symbolique vont se multiplier. L’objectif est double. D’une part montrer à l’exécutif qu’ils n’auront pas de répit tant que cette réforme sera maintenue. D’une autre, réorganiser les forces dans la perspective de faire du 31 mars une mobilisation massive contre la réforme des retraites. Le 31 mars sera donc une journée déterminante pour faire reculer le gouvernement. Une mobilisation massive et réussie pourrait bien infliger le coup fatal à l’exécutif.