Réforme des retraites, une mobilisation réinventée pour durer

Rédaction | Avant Garde

La réforme des retraites continue d’attiser les mécontentements. Si les grèves dans les transports faiblissent, la mobilisation continue et se réinvente. Prochain rendez-vous le 24 janvier.

Une mobilisation qui mute pour durer

La mobilisation contre la réforme des retraites ne marque pas le pas. Plus de 40 jours après le début d’une grève reconductible principalement concentrée dans les transports, le mouvement se réinvente. Les cortèges ont encore fait le plein mardi et jeudi dernier, même s’ils étaient moins fournis que d’autre fois. De nouveaux secteurs se joignent à la mobilisation alors que l’opinion publique continue de s’opposer à la réforme des retraites portées par le gouvernement. Une semaine après avoir crié « victoire », le faux abandon de l’âge pivot et le retrait du mouvement d’une CFDT qui n’y était jamais vraiment rentré sont désormais oubliés.

Dans tous les secteurs, les taux de grévistes fléchissent sans pour autant signer le retour à la normale. En Île-de-France, le réseau RATP est encore loin de pouvoir afficher un fonctionnement normal. À la SNCF, les trains supprimés et complets continuent de s’afficher lorsqu’on recherche un voyage. Tous les ports de France étaient fermés cette semaine, les dockers s’étant mis en grève. Plusieurs raffineries fonctionnent au ralenti. Dans l’éducation nationale, des perturbations demeurent notamment lors des journées d’actions posées par l’intersyndicale. De nombreuses autres entreprises et administrations, moins médiatisées sont également impactés par le mouvement.

Dans les manifestations, la détermination à obtenir le retrait est toujours intacte. Aux défilés hebdomadaires, s’ajoutent également une multitude d’initiatives de l’action coup de poing à la mise en scène symbolique. Les candidats LREM pour les municipales sont plusieurs à en avoir fait les frais. Les lancements de campagnes électorales étant l’occasion de rappeler la politique menée nationalement.

Chez les jeunes, on ne peut pas dire que le mouvement ait vraiment pris. On a pu voir cependant une multiplication des assemblées générale dans les universités dans lesquelles les partiels sont finis. Plusieurs lycées ont également été bloqués jeudi dernier, principalement à Paris. Ils sont pourtant concernés au premier plan par la réforme du gouvernement. Le nouveau système concernera d’abord ceux qui sont nés après 2004. Pour les plus âgés, la majorité de leur carrière se fera sur le nouveau système. Ils peuvent également craindre l’âge d’équilibre qui sera le seul paramètre pour équilibrer des comptes volontairement déficitaires. Ce ne sera donc pas la retraite à 64 ans, mais plus probablement à 67, 68 voire 70 ans !

Le gouvernement déterminé à aller au bout d’une réforme toujours aussi floue

Incapable de défendre sa réforme sur le fond, la majorité a multiplié les mensonges et les attaques contre les syndicats. Le Premier ministre a beau claironner qu’il ira au bout de sa réforme et qu’il « faut savoir terminer une grève », il n’en demeure pas moins que le projet suscite d’importantes inquiétudes auxquels il se montre incapable de répondre. Le seul élément clair de la réforme jusqu’à présent était la mise en place d’un fort malus en cas de départ à l’âge légal ce qui revenait in fine à repousser ce dernier progressivement jusqu’à 64 ans en 2027. En mettant cet élément dans la balance de négociations biaisées qui doivent se conclurent en avril, il ne reste dans le projet de loi présenté qu’essentiellement des autorisations au gouvernement de prendre des ordonnances.

Depuis le début, le gouvernement a toujours pris soin de ne jamais clairement afficher son projet préférant mettre en avant des mots clefs consensuels. La réforme devait être ainsi universelle et plus juste. Dans les faits, plusieurs catégories (les militaires et les policiers notamment) sont quasiment exclues du champ d’application de la réforme. L’universalité est enterrée. Quant à la justice, on la cherche encore dans les 140 pages du projet de loi.

Les seules certitudes, c’est que ce projet conduit à l’allongement du temps de travail et une baisse des cotisations pour les employeurs. Ce projet c’est donc une exploitation plus grande pour les salariés. On sait également que les revenus les plus élevés ne seront plus intégrés dans le pot commun et sera même incité à recourir à des solutions privées spéculatives. On sait également que les baisses de pensions seront conséquentes à temps de travail égal.

Ce qu’on ignore c’est le système de retraite effectif pour tous ceux nés entre 1975 et 2004. La transition entre les deux systèmes est renvoyée à des ordonnances qui seront prises ultérieurement par le gouvernement. Un flou particulièrement gênant dans la mesure où plusieurs millions d’actifs ignorent ce que le gouvernement leur réserve. Le projet de loi devrait être déposé le 24 janvier à l’Assemblée nationale, une date pour laquelle l’intersyndicale appelle déjà à manifester. Les certitudes du Premier ministre devraient alors une nouvelle fois se heurter aux inquiétudes légitimes des salariés. 

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde