Réforme des retraites : du mécontentement populaire aux manœuvres de la majorité présidentielle

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Les débats sur la réforme des retraites sont désormais lancés à l’Assemblée nationale.

Après le scandale du tirage au sort survenu la semaine dernière, où, contre le règlement de l’institution, la majorité a choisi d’examiner la motion de l’extrême droite plutôt que celle de la gauche, une troisième motion référendaire a été déposée le 6 février.

Portée par cinq groupes d’opposition, celle-ci relaie le mécontentement populaire. Les manœuvres de la majorité présidentielle ne produisent qu’un rejet accentué de la réforme, qui, rappelons-le, est vécue comme brutale, injustifiée et illégitime par une majorité toujours plus écrasante de Français.

La motion référendaire tout comme la motion de rejet ont échoué le 6 février. Cependant, l’affaire des motions référendaires s’est traduite par une situation exceptionnelle à l’Assemblée nationale, faite de suspensions de séance et d’interruptions du ministre du Travail.

Les discussions générales sont vives, sur la forme comme sur le fond. Si les débats sur le projet de loi en lui-même sont, sans surprise, intenses, le bricolage institutionnel du gouvernement amène les députés à discuter de la forme que prennent ces débats.  

Débat sur les régimes spéciaux

Hier, les députés ont débattu de la suppression des régimes spéciaux. « Il faut rendre attractifs ces métiers, prendre en compte la pénibilité, rendre possibles des départs anticipés à la retraite. Vous, vous tirez ces métiers vers le bas ! », a déclaré le communiste Fabien Roussel.

Les députés communistes n’ont pas manqué de dénoncer le régime spécial de la finance, en l’opposant aux régimes spéciaux protégeant certains salariés et qu’ils souhaitent étendre à l’ensemble des salariés.

« Vous refusez toujours de vous attaquer aux revenus financiers qui ne cessent de croître », s’est exclamé André Chassaigne.

C’est bien le retrait du texte du gouvernement que demandent les députés de gauche. Pour cela, outre les amendements déposés pour montrer les contradictions et l’injustice du projet de loi, ils utilisent tous les moyens institutionnels pour empêcher son application. 

Dans cet esprit, ils ont déposé une proposition de création d’une commission spéciale pour écrire une réforme juste. De même, un recours sera examiné pour sanctionner la modification du règlement faite par la majorité pour favoriser la motion référendaire de l’extrême droite. Recours en préparation également contre la forme du projet de loi rectificatif contradictoire en ce qu’elle engage le pays sur de nombreuses années.

Enfin, un référendum d’initiative partagé (RIP) sur les retraites pourrait voir le jour rapidement.

La colère qui s’exprime dans la rue et dans les entreprises va donc continuer de hanter l’Assemblée nationale dans les prochains jours.