La réforme du Bac Pro, sélection et remise en cause

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Une nouvelle réforme de l’enseignement Professionnel est annoncée par le Ministre pour la rentrée 2019 en même temps que celle pour l’enseignement Général et Technologique.

Une réforme en écho à Parcoursup

Plusieurs changements, la seconde sera finalement plus une année de découverte de « famille » des métiers qu’un vrai début de spécialisation professionnelle.

Autre changement la création d’un grand oral avec comme but la réalisation d’un chef d’œuvre, un grand flou en perspective autant pour les élèves que pour les professeurs. Ce grand oral sera noté et comptera pour l’obtention du bac.

La terminale change aussi avec l’obligation pour les établissements de proposer la dernière année en alternance. L’année de terminale imposera un choix d’option à chaque élève, « poursuite d’études » ou « insertion professionnelle et entreprenariat ». Pour un bachelier pro ce n’est pas toujours facile, voir compliqué de continuer ses études. Avec cette réforme toutes perspectives d’évolution et même possiblement de réorientation dans les filières générales est enterrée si l’option “poursuite d’étude n’est pas choisie”. Il est enfin nécessaire de s’interroger sur la disponibilité de ces options dans la réalité des établissements. Est-ce qu’il y aura une sélection des élèves pour prétendre à l’option “poursuite d’étude” ?

La voie professionnelle remise en question

Le Bac pro était passé de 4 ans, 2 ans pour le BEP et 2 ans pour le Bac pro, à 3 ans, le BEP étant passé lors de l’année de première.  Finalement le ministre revient presque dessus avec la création de classes « passerelles » entre la Terminale et le BTS. En revanche le BEP serait tranquillement achevé, alors que pour un certain nombre de jeunes qui ne finissent pas le lycée, il s’agit de leur seul diplôme.

Bien sûr pour satisfaire les appétits du Medef et du patronat le Ministre a annoncé la création de Campus des Métiers d’excellence, des Campus où se mêlent des formations BEP à la Licence mais surtout un espace pour les entreprises type incubateur. L’arrivée massive de l’entreprise n’est pas réellement bon signe, une mainmise du patronat va se faire sur l’enseignement, parfait pour habituer d’ors et déjà l’élève à l’entreprise capitaliste !

Et pour continuer on supprime des heures en enseignements généraux. Déjà qu’ils ne font pas de Philosophie, pourquoi un ouvrier ou une secrétaire doit réfléchir à la Philo ?

On leur enlève encore plus d’heures dans les matières générales, comme le français, l’histoire ou les maths on enlève encore des matières importantes. Une manière de faire d’importantes économies en diminuant le nombre de professeurs.

Outre ces changements importants sur le déroulement des années, aucune annonce quant à l’investissement nécessaire à la voie professionnelle.

La voie professionnelle mérite une refonte ambitieuse

Ce qu’il faut réellement c’est un plan massif d’investissement dans l’achat de matériel moderne, comment un élève peut apprendre son futur métier sur des machines qui ont 20 ans ?  Comment peut-il apprendre quand justement ce qu’on lui apprend c’est les techniques d’il y a 10 ans ? Un plan de modernisation des différents modules est nécessaire.

Ce n’est pas en créant une classe de découverte de « famille » de métiers en seconde que cela va résoudre par miracle l’orientation et la réussite des jeunes en professionnel.

Tant que la moitié des élèves professionnels y seront parce qu’on les a obligés à aller dans ces filières pour différentes raisons; la plupart sociales (un enfant d’ouvrier doit rester ouvrier) et non par un vrai choix de l’élève tourné vers l’envie de faire un métier qui nous plait et qui nous convient, le professionnel ne conviendra pas aux lycéens.

Aussi il faut encore rappeler que la voie professionnelle n’est pas la voie de l’enseignement capitaliste !  Nous ne pouvons laisser des milliers de jeunes se faire happer par un enseignement pro-capitaliste (même si actuellement c’est presque ça…), il faut justement encore plus les sensibiliser pour tout ce qui est de leur droits dans l’entreprise ainsi que sur ce que n’a pas le droit de faire le patron.

Tout ce dont a réellement besoin l’enseignement professionnel n’est pas dans cette réforme et ce gouvernement ne semble pas prêt à lui offrir.

Cette réforme est à l’opposé des besoins et des réalités du quotidien de milliers de Bacheliers pro.