Poutou sans pression, Le Pen dans les cordes et Mélenchon au-dessus de la mêlée, l’arène a sorti un vainqueur !

Hier soir se tenait le « tant attendu » grand débat de la présidentielle. 11 challengers, un ring et deux arbitres, pour une ceinture. Pour certains  ça devait être le grand moment démocratique de cette campagne, on repassera.

Du spectacle

La réalité de cet exercice est toujours compliquée, comme nous le disions hier le format de débat à 11 avec un temps de paroles si limité ne pouvait que pousser à une atmosphère de spectacle ou la punchline est reine et ou la recherche du KO de 30 secondes, utilisable sur les réseaux sociaux le lendemain devient l’objectif.

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Une vitrine pour certains

Dans ce contexte, il faut noter la bonne performance de Philippe Poutou. En écartant dès la départ l’éventualité qu’il souhaiterait être élu il a pu en toute légèreté se placer dans le rôle qui est le sien de « mégaphone » de la campagne.  Contrairement à la performance de Nathalie Arthaud, qui à force de caricature s’est enfoncée dans l’inaudible, le candidat du NPA a su utiliser ce débat pour ce qu’il est pour les candidats partageant sa démarche : une vitrine efficace pour se faire connaître.

Ceci dit il faut reconnaître qu’à travers cette stratégie il a pu remettre en place Fillon et Le Pen de manière très claire tout en adressant au passage un clin d’œil de dignité appréciable aux syndicalistes condamnés à travers sa punchline sur l’immunité ouvrière.

Un exercice qui ne met pas tout le monde à l’aise

Benoît Hamon lui a eu du mal à comprendre semble-t-il que contrairement au ping-pong, dans un match de boxe, on peut enchaîner plusieurs coups d’affilée. Discret et effacé il a certes réussi à mettre en avant quelques-unes de ses propositions phares, à s’attaquer à Marine Le Pen et à conclure sur un passage très bien travaillé répété 124 fois devant le miroir de la salle de bain en n’oubliant presque personne, mais si les débats à plusieurs sont l’atout de certains candidats, force est de constater que ce n’est pas le sien.

Ce n’est pas non plus l’exercice préféré de François Fillon… Déjà qu’en temps normal, des conférences de presse aux rencontres avec les infirmières on perd plus de temps à savoir s’il est humain et à des sentiments, que de prendre la mesure des dangers de son programme, hier avec une thématique sur la moralisation de la vie politique c’était un peu compliqué…. Tel Richard Virenque en plein tour de France 1998 il aura tout tenté pour expliquer que c’était pas des erreurs…en fait si…en fait non… qu’au final il a eu du mal à être à l’offensive. Mis dans les cordes violemment par Poutou et froidement par Mélenchon il n’a pas su relever la tête hormis pour proposer avec sa froideur légendaire, plus d’austérité, la casse des services publics, l’affaiblissement de la sécurité sociale,etc .

L’avantage de Fillon c’est qu’il vient toujours accompagné de sa meilleure alliée, la dette, sur qui il fait reposer tous ces arguments mais c’est-à-dire qu’à la fin c’est une peu comme le son de l’été de Magic  System : efficace et ca reste en tête mais à force de trop l’entendre ca marche moins bien…

Le Pen caricature d’elle même

Quand à Marine Le Pen, islam, islam, islam, c’est une nouvelle fois un moment difficile qu’elle a du,  islam, islam, islam, passer.  A l’aise et pleine de vivacité quand il s’agit de jouer de sa rhétorique de Femme proche du peuple qui connaît mieux que tout le monde la réalité de tous les français, et lorsque les thèmes lui permettent d’attaquer sa cible favorite : les immigrés, elle l’est beaucoup moins lorsqu’il faut parler du reste et qui plus est de manière sérieuse.

La démonstration la plus parlante reste le moment ou en plein débat que les services publics elle tenta de focaliser la question sur les crèches dans le hall des mairies ce qui lui valu une bonne gauche de Mélenchon et la renvoya au tapis.

Conseil de classe compliqué pour Macron

Ni de gauche, ni de gauche, Emmanuel Macron a eu lui aussi un peu de mal avec l’exercice. A priori dans son élément, à la télévision avec des journalistes qui le chouchoutent depuis le début de la campagne, il eu du mal à devoir composer avec d’autres… Un peu comme un premier de la classe qu’on force à travailler en groupe. Même le sourire bienveillant du professeure ne suffit pas à le mettre en confiance et à le faire travailler sur son exposé. Car une nouvelle fois nous avons vu les limites du contenu de ses propositions. S’il continue d’afficher une posture de renouveau et de « consensus » qui peut séduire toute une partie de l’opinion fatiguée du spectacle de la Vème république à bout de souffle, le candidat du patronat ne passe toujours pas le cap de la conviction sur ses contenus…et ca se voit.

Mélenchon, convaincu et convainquant

Jean-Luc Mélenchon sort grand gagnant une nouvelle fois de cette soirée. Lui qui aurait pu être gêné par la prestation de Poutou, les postures volontairement à gauche de Hamon ou l’agressivité de Le Pen, il a su en faire une force. A la fois au-dessus de la mêlée par son attitude et garant du retour permanent sur le fond des sujets, il a su une nouvelle fois faire parler ses qualités d’orateur talentueux afin que chacun de ses passages restent en tête. Cette fois-ci pas de « pudeur de gazelles » mais les « foucades » de Le Pen sur les crèches.

Comme décrit il y a quelques jours par Rim-K, Mélenchon joue avec les mots à la perfection et les utilise habilement pour enrober des propositions et grandes idées marquantes qui traversent l’écran.  Une sortie par la grande porte de ce débat en faisant référence à la fin de l’argent roi, à la paix et aux jours heureux, approuvée au passage par Jean Lassalle, est venue ponctuer une prestation à son image, convaincue et convaincante.
Pour le reste des candidats ce fut très difficile.  On s’attendait à un Jean Lassalle en grande forme et digne de lui-même , il a été à la hauteur et à pu parsemé le débat de quelques propositions et vision du pays ou de la jeunesse qui parfois sont agréables pour prendre de la hauteur, notamment sur la paix, parfois sont plus intrigantes. Du côté de Jacques Cheminade pas trop de surprise. Il aurait pu nous proposer de conquérir Namek pour changer, mais non. Quand à François Asselineau, ne souhaitant pas lui porter malheur et étant un médias nous préférons garder le silence car selon lui ça lui serait presque favorable….

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde