« Pour que  jeunesse se fasse », un livre pour mener « le combat qui s’annonce »

Rédaction | Avant Garde

Alors que les essais sur la jeunesse fleurissent régulièrement sur les étagères des librairies, la rentrée politique de septembre sera marquée par la sortie du premier livre de Léon Deffontaines, secrétaire général du Mouvement jeunes communistes de France. 

À l’heure où il est bien trop rare de voir de jeunes responsables politiques prendre la plume, cet ouvrage apparaît comme très original dans le panorama politique actuel. 

Parole à la jeunesse

Première originalité, Léon Deffontaines ne parle pas seul dans ce livre. Si le ton se veut résolument intimiste — l’auteur illustrant régulièrement ses propos par des anecdotes personnelles –, la parole est aussi donnée à des dizaines de jeunes rencontrés tout au long de son mandat de secrétaire général. 

L’ouvrage s’ouvre sur 3 portraits de 3 jeunes dont les parcours ont été frappés de plein fouet par la précarité engendrée par le capitalisme. On y rencontre ainsi Sarah, étudiante en droit dont les rêves de devenir avocate se sont heurtés à la difficulté à combiner étude et travail, Maxime, menuisier en Picardie, enchaînant les emplois précaires, ou encore Thomas, étudiant lillois victime de Parcoursup. 

L’ouverture du livre sur de tels témoignages démontre l’ambition de Léon Deffontaines : 

« À travers ces trois portraits, je veux raconter l’histoire de cette jeunesse d’aujourd’hui pleine d’envies, qui aspire au changement, mais qui est bloquée par une organisation de la société incapable de voir plus loin que la rentabilité immédiate, et qui sacrifie l’avenir des jeunes sur l’autel du profit. »

Les 100 pages que compte l’essai voient ensuite se succéder des témoignages de jeunes, lycéens, étudiants, travailleurs, pour mieux illustrer les mécaniques du capitalisme et leurs conséquences concrètes sur la jeunesse.

Une analyse des problématiques de la jeunesse…

Car c’est bien à cela que s’attèle Léon Deffontaines : démonter méthodiquement les rouages d’un système incapable de répondre aux aspirations des jeunes. « Et lorsque les aspirations ne peuvent pas être atteintes, alors elles deviennent résignation », assène l’auteur. 

Le système éducatif, « inégalitaire, qui favorise les enfants des milieux les plus aisés », est analysé sous l’angle de la crise sanitaire et des récentes réformes mises en place par Emmanuel Macron : sélection, orientation genrée, classes surchargées… rien n’est oublié.

Il en est de même pour les problématiques liées au marché du travail, qui « met en concurrence les générations » selon l’auteur, et dans lequel les jeunes sont dans les situations les plus précaires. Ici aussi, la précision et l’actualité des propos sont frappantes, par exemple lorsque l’auteur décrypte les mécanismes du « Contrat d’engagement jeune », tout récemment mis en place par le gouvernement. 

L’analyse ne se résume pas aux questions d’emploi et d’éducation. Le logement, les transports, l’accès à la culture et au sport sont autant de sujets faisant eux aussi l’objet d’un décryptage. 

… et des solutions !

L’ouvrage serait plombant s’il se contentait de lister les difficultés rencontrées par les jeunes aujourd’hui. Mais comme le dit l’auteur, 

« ce livre se veut être un plan de bataille […] Je veux montrer que nous pouvons transformer radicalement la société et la vie des jeunes, en partant de leurs préoccupations, et en gagnant des combats dès maintenant. »

Alors, pour chaque élément évoqué, des revendications concrètes sont mises en avant. Si certaines sont à conquérir dès demain, comme l’ouverture de nouvelles places à l’université, la suppression de Parcoursup, la création de chèques cultures ou l’augmentation du SMIC, d’autres montrent l’ampleur du combat que l’auteur compte mener avec le Mouvement jeunes communistes de France.

Ainsi, de la création d’un grand service public de l’orientation à la généralisation du CDI en passant par des prérecrutements dans les secteurs clés de l’économie, le livre ne se contente pas d’une dimension programmatique, mais démontre la nécessité d’un renversement radical du capitalisme, comme conclut l’auteur : 

« Nous sommes face à un choix déterminant : soit désabusés et résignés nous laissons la société et le monde imploser, soit nous faisons le choix de reprendre notre avenir en main et nous nous engageons avec nos différences, nos divergences pour un même idéal. »

Pas de sujets tabous 

Rappelons-le, Léon Deffontaines a été porte-parole de Fabien Roussel lors des élections présidentielles. On retrouve indéniablement cette filiation lorsque celui-ci aborde des sujets sinon tabous, parfois clivants à gauche, avec un franc parlé, toujours dans une volonté d’être au plus proche des réalités vécues par la jeunesse. 

Sur des questions comme l’énergie, qui avaient valu au candidat communiste de se démarquer franchement à gauche, Léon Deffontaines assume, critiquant « les libéraux qui veulent céder au marché notre énergie », mais aussi « certains écologistes qui veulent nous contraindre à la “sobriété” à cause de leur refus du nucléaire ». Il affirme ainsi la nécessité d’un « mix énergétique (renouvelable et nucléaire), sous contrôle public ».

Originaux aussi sont les propos sur l’accès au sport et à la diffusion des grands évènements sportifs. Alors qu’il existe un débat à gauche sur le boycott de la coupe du monde de football au Qatar ou l’organisation des JO à Paris en 2024, Léon Deffontaines plaide pour ne pas « opposer sport amateur et professionnel » : 

« Jamais je n’ai entendu quelqu’un expliquer que jouer de la guitare dans sa chambre était une saine activité, mais qu’aller voir un concert de Metallica au Stade de France revenait à vider son porte-feuille pour voir jouer des millionnaires. En revanche, on en entendra défendre l’existence d’un club dans leur quartier, mais s’opposer à la construction d’un nouveau stade, à l’organisation des JO 2024 à Paris ou au passage du Tour de France dans leur ville.  

Ceux-là ne comprennent pas une chose : c’est aussi le sport professionnel qui draine le sport amateur. » 

Enfin, savoureuses sont les révélations des coulisses des négociations autour du programme commun de la NUPES durant les élections législatives, notamment lorsque l’auteur évoque sa consternation à entendre des composantes de gauche défendre l’idée d’emplois spécifiques pour les jeunes, à l’opposée de tout ce qu’il développe dans l’ouvrage. 

Un appel à l’engagement  

Mais toutes ces pages ne visent pas à polémiquer de manière stérile, elles alimentent un débat à gauche qui en a grandement besoin. Et comme pour rappeler sa volonté de faire avancer toute la gauche, le livre se conclut par une « Lettre à un jeune de ma génération » appelant la jeunesse à s’engager pour conquérir de nouveaux droits et pour en finir avec le capitalisme : 

« S’engager n’est pas un acte anodin, encore moins en 2022, où l’engagement politique ne va pas de soi quand on a tout juste 20 ans. Pourtant c’est plus que jamais nécessaire. Il est temps que nous relevions la tête pour notre avenir ! Engageons-nous ensemble dans une organisation à l’image de la jeunesse. Le Mouvement jeunes communistes de France est l’organisation la plus à même de répondre à cette exigence. »