Pics de pollution, derrière l’enjeu sanitaire un débat de société

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Le mois de janvier a été marqué par un épisode massif d’alerte à la pollution de l’air sur les deux tiers nord de la France, exceptionnel par sa durée et son intensité !

En cause, la coïncidence de facteurs structurels (gaz d’échappement, freinage, usure des pneus dues au trafic routier, incinérateurs, chauffage, etc…) et conjoncturels (phénomène d’anticyclone empêchant la circulation des masses d’air, températures froides, etc…) qui ont entraîné la stagnation de particules extrêmement dangereuses au sol, exposant une grande partie de la population à un risque sanitaire important. Face à ce constat alarmant, la réaction des pouvoirs publics a permis la mise en place d’un accès gratuit aux transports en commun dans de nombreuses villes, d’une circulation alternée en région parisienne, et des injonctions à rester chez soi, notamment pour les personnes âgées, ou à limiter certaines activités sportives dans les écoles, comme dans les vallées de Savoie pendant quasiment un mois !

Des mesures de surface et une politique nationale désastreuse

Bien que les intentions soient louables, la majorité des mesures prises sont bien plus de nature à limiter faiblement les effets des pollutions atmosphériques qu’à s’attaquer aux causes profondes qui les génèrent. Que penser des mesurettes du gouvernement, lancées par l’intermédiaire de son ancien ministre de l’économie et actuel candidat à l’élection présidentielle, qui a fait voter le parlement sur la Loi Macron 2. Elle génère dans des conditions sociales extrêmement dégradées une concurrence féroce sur les lignes de transports par autobus, qui se réalise aux dépens du transport ferroviaire et par autocars publics. En parallèle le gouvernement continue la casse de la SNCF en fermant des lignes de trains de proximité au profit de ces solutions extrêmement polluantes. De plus, la casse de la SNCF passe aussi par la dégradation du service de transport de marchandises.

Ayant préféré reculer sur la mise en place d’une écotaxe, le gouvernement à mis la tête dans le sable et ne s’inquiète pas de comment accompagner une  transformation profonde du secteur du transport routier vers plus de modularité train/route dans la circulation des marchandises sur le territoire, de se poser la question d’une politique publique de relocalisation industrielle et agricole.

La toute puissance du marché au mépris de nos vies

Que dire quand la concurrence féroce entraîne des positions de marché où mentir aux consommateurs est quelque chose de normal et intégré par les entreprises du secteur automobile. Les scandales à répétition sur les émissions de gaz à effet de serre montrent les ficelles d’un greenwashing (modalité de communication d’une entreprise mettant en avant les atouts environnementaux d’un bien ou service)  s’effectuant au dépends de nos portefeuilles, de nos bonnes intentions à acquérir si on le peut des moyens de transports soit disant moins polluants, et de notre santé.

Non seulement les choses n’avancent pas, mais les débats de société qui devraient être posés ne le sont pas. Pourtant les enjeux de la pollution de l’air font se télescoper des problématiques qui concernent non exhaustivement les salariés de l’industrie, du bâtiment, des transports, de l’agriculture mais aussi les consommateurs de biens impliquant les transports de personnes ou de marchandises, de services comme les transports en commun partout sur le territoire, les citoyens victimes passives et actives face à la pollution de l’air. Un rapport du Sénat a mis en avant le coût que représente annuellement la pollution de l’air, représentant 100 milliards d’euros d’hospitalisation, d’invalidité, d’indemnités, et étant la troisième cause de mortalité en France après le tabac et l’alcool.

Construire des solutions ambitieuses

Dans de nombreux territoires des batailles sont menées pour le droit à la mobilité. Principalement à l’initiative du MJCF, ces luttes rassemblent largement pour gagner la gratuité d’usage des transports publics et la densification des réseaux urbains, périurbains et ruraux.  Cette proposition forte de sens permet à la fois de questionner les limites de l’application de l’austérité dans les collectivités locales, de permettre une réelle expression d’une liberté de circulation intégrale et intégrante, de combattre des inégalités sociales dans l’espace public, dans l’accès aux loisirs et au travail tout en forçant le débat de santé publique et d’écologie partout et pour toutes et tous. Loin de répondre à l’ensemble des problématiques de la lutte contre la pollution de l’air, un puissant service public des transports de personnes est l’une des armes que les citoyen(ne)s doivent dès à présent revendiquer pour permettre un premier pas de taille dans la lutte contre le réchauffement climatique.

C’est un débat qu’il est aujourd’hui grand temps d’ouvrir largement et sans tabous, car au delà de l’aspect sanitaire, la pollution de l’air est un facteur essentiel à juguler afin de répondre à l’impératif écologique de maintien de la hausse globale des températures entre 1,5 et 2 degrés afin de limiter l’imminence des effets délétères du réchauffement climatique pour XXIème siècle et des siècles à venir !