Parcoursup, une sélection pas si aveugle

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La proportion de lycéens privés de toute affectation est nettement plus importante dans les quartiers populaires, et ce malgré la mise en place de quotas de boursiers. La faute à la liberté laissée aux établissements de sélectionner leurs élèves ce qu’ils ne sont pas privés de faire.

La sélection est discriminatoire par essence

Ce qui se manifeste de plus en plus comme des discriminations territoriales manifestes, n’est pas le fruit d’un mauvais fonctionnement ou de ratés regrettables. Le principe même de sélection en est à l’origine. Il ne faut pas pour autant idéaliser le fonctionnement de l’année passée qui était déjà discriminatoire !

La généralisation de la sélection a toutefois aggravé les choses. La sélection contrairement au discours du gouvernement ne permet pas d’obtenir les plus méritants ou les meilleurs. Elle est utilisée pour maximiser les chances de réussite à des examens, le principal facteur de réussite à ces examens, c’est l’origine sociale. La forte ségrégation territoriale qui existe dans toutes les grandes aires urbaines, et particulièrement en Ile-de-France conduit à ce que cette sélection des élèves ayant les origines sociales les plus favorisées trouvent une traduction territoriale.

Le gouvernement en laissant la possibilité à chaque établissement de choisir ses élèves tout en fixant l’objectif d’accroître les “taux de réussite” savait très bien ce qu’il faisait. Ce n’est pas un hasard si le gouvernement a refusé l’amendement des députés communistes demandant la transparence des critères retenus par les établissements.

Les lycéens de banlieue entre dégoût et colère

Si dès le 22 mai, lors des premiers résultats de nombreux lycéens ont fait part de leur frustration notamment sur les réseaux sociaux sous le hashtag “parcoursupercherie”, pour d’autres la déception a laissé place à la colère. Pour eux se retrouver à la fin de files d’attente interminables y compris dans des licences normalement accessibles de leur fac de secteur, c’est l’humiliation de trop dans un parcours scolaire bien souvent marqué par des manques importants de moyens à tous les niveaux.

Cette ultime discrimination qui vient heurter directement les aspirations de poursuites d’études de milliers d’entre eux a été vécue comme particulièrement humiliante. En Seine-Saint-Denis, un des départements les plus concernés, des élèves bloquaient leur établissement le 1er juin en protestation.

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En Île-de-France, aux tares initiales du système s’ajoute la division de l’aire urbaine en trois académies inégalement dotée en matière de lieux d’enseignement supérieur. Cette inégalité a été accentuée par la mise en place de quotas de bacheliers hors académie restreignant fortement l’accès aux universités parisiennes pour les élèves de banlieues… Enfin le choix du recteur de Paris de mettre des quotas de boursiers extrêmement faibles n’a pas permis de rééquilibrer les choses.

Les élus locaux organisent la riposte

“Les élèves des quartiers populaires ont été désignés comme remplaçants dans Parcoursup. Ils passeront après tout le monde.”

Ce sévère constat est porté par Stéphane Troussel président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis. A Aubervilliers, la municipalité a ouvert des guichets pour commencer à recenser les lycéens sans affectation. L’ambition est de réunir ces derniers pour faire pression sur les autorités académiques afin qu’ils puissent poursuivre leur scolarité. Dans son communiqué, la municipalité communiste dénonce :

” L’injustice s’ajoute aux inégalités déjà criantes dans le système éducatif.

La discrimination territoriale se renforce et nous ne pouvons l’accepter. Notre commune doit être un territoire de réussite pour toutes et tous.”

Dans le Val-de-Marne, une initiative similaire existe depuis plusieurs années. SOS rentrée permet chaque année de trouver des solutions à plusieurs centaines de lycéens du département. A cette démarche institutionnelle, les communistes, notamment les jeunes, du département, ainsi que les parents d’élèves, les syndicats d’enseignants et d’étudiants convergent pour mener la lutte.

Des actions salutaires de la part de ces acteurs de terrains qui continuent à se battre malgré le mépris marqué par le Président de la République lors de la présentation du rapport Borloo. Ces élus, et notamment les communistes, sont pourtant aux premières loges pour constater les défaillances de l’État. Les conséquences dramatiques de Parcoursup sur les jeunes de ces territoires sonnent comme une nouvelle marque de mépris.

 

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde