Parcoursup, nouveau baccalauréat…. Notre avenir en danger !

Rédaction | Avant Garde

La crise sanitaire plonge la jeunesse de notre pays dans l’incertitude:  avec l’augmentation du chômage et de la précarité,  le futur semble particulièrement bouché. S’il est  “difficile d’avoir 20 ans” en 2020, il n’est pas plus aisé d’en avoir 16 ou 17. Comment préparer sereinement son avenir lorsque l’on est lycéenne ou lycéen aujourd’hui? Une tâche rendue d’autant plus ardue par les récentes contre-réformes élitistes et inégalitaires. 

Que reste -t- il du baccalauréat? 

Préparer son avenir, c’est d’abord obtenir un diplôme offrant l’accès à des formations ou à un emploi. Il y a peu, le baccalauréat assumait -imparfaitement- ce rôle: premier diplôme de l’enseignement supérieur pour le lycée général, c’était aussi la reconnaissance de réelles qualifications dans le cadre du lycée professionnel. Mais la réforme opérée avec brutalité par Jean-Michel Blanquer a fait voler en éclats ces garanties. 

D’abord en supprimant le caractère unique du baccalauréat général: avec la suppression des filières et la nécessité de composer son baccalauréat “à la carte”, ce sont autant de bacs qui sont créés que de combinaisons possibles, assurant une plus faible reconnaissance de ce diplôme, celui-ci n’attestant plus de la maîtrise de connaissances et compétences communes. Cet éclatement du diplôme fait donc reposer sur les lycéennes et lycéens et leurs familles la responsabilité d’opérer les “bons choix”: bien choisir ses spécialités, bien choisir son “menu”, afin de bénéficier des meilleurs débouchés. Ce sont alors les familles les plus aisées et à l’aise avec le système scolaire qui sont les gagnantes de ce marché des spécialités, au détriment des autres familles ne disposant pas de toutes les ressources pour effectuer les choix les plus “stratégiques”. 

Le gouvernement s’est aussi attaqué au caractère national du diplôme, en instaurant le contrôle continu comme modalité d’examen. Derrière l’argument d’une modalité moins stressante pour les élèves, cela favorisera dès cette année l’existence de “bacs maisons”, dont la valeur dépendra de la “réputation” d’un établissement. Comment s’assurer qu’un 15 obtenu dans un lycée de centre ville parisien vaudra autant que la même note obtenue dans un lycée de banlieue ? 

Aussi, alors qu’une épreuve terminale met les élèves sur un pied d’égalité, et permet de rattraper des difficultés connues durant son parcours, le contrôle continu vient créer un “casier scolaire” pour chaque élève qui le suivra jusqu’à l’obtention de son baccalauréat.

Malgré la contestation qui s’était levée l’année passée face aux Épreuves communes de contrôle continu(E3C), le gouvernement a choisi d’instrumentaliser la crise sanitaire pour avancer à marche forcée vers le contrôle continu. Après avoir supprimé les épreuves terminales du baccalauréat l’an dernier, celui-ci a supprimé les épreuves communes de première et terminale (ex E3C) au profit, encore une fois, de la prise en compte des notes obtenues depuis la rentrée scolaire. Un choix particulièrement scandaleux au vu des conditions d’apprentissages des élèves depuis la rentrée: absences fréquentes des élèves et des professeurs, fermetures temporaires d’établissement, retard accumulé depuis l’année passée etc. 

Dans ces conditions, que reste-t-il du baccalauréat général? Un diplôme hyper-individualisé, dont la valeur fluctue selon le territoire, et avec un tronc commun réduit à peau de chagrin. 

Côté professionnel, le baccalauréat n’a lui non plus pas été épargné. 

En réduisant les volumes horaires des enseignements généraux dans la filière professionnelle, le gouvernement fait le choix d’une hyper-spécialisation précoce. Ainsi, le choix de rejoindre une formation professionnelle -déja souvent effectuée par défaut- vient enfermer les jeunes dans des contenus très spécifiques.

Pour le gouvernement, un futur cuisinier n’aurait donc pas besoin de disposer de références en philosophie, en littérature ou en sciences expérimentales.  

Ce faisant, le gouvernement a construit un baccalauréat taillé sur mesure pour le patronat: des travailleuses et travailleurs prêts à répondre aux besoins immédiats du marché, maîtrisant des connaissances et compétences professionnelles, le reste étant considéré comme superflu. 

Ces attaques contre le baccalauréat professionnel mettent en péril l’avenir de milliers de jeunes souvent issus des classes populaires, en faisant disparaître les possibilités  de réorientation et de reprise d’études, l’acquisition d’un socle commun n’étant plus assurée par ce diplôme. 

Parcoursup: sélection à tous les étages

Si l’érosion de la valeur du baccalauréat est venue porter un coup important à notre avenir, le système Parcoursup vient assurer une sélection sociale en bout de chaîne, limitant fortement l’accès à l’enseignement supérieur aux classes populaires par une mise en concurrence de toutes et tous. 

Une concurrence principalement basée sur les résultats scolaires, puisque ceux-ci sont les premiers critères pour entrer ou non dans une formation. Il n’est pourtant plus à prouver qu’il existe une forte corrélation  entre notes et origines sociales. Ainsi, en encourageant une compétition scolaire fondée sur les notes, le gouvernement favorise de fait l’accès des plus aisés à l’enseignement supérieur, leur assurant ainsi d’occuper plus tard des postes dirigeants dans nos sociétés tandis que les classes populaires voient leur accès à ces formations bloqué.  

Les notes ne sont pourtant pas les seuls outils de sélection sociale induits par la plateforme: lettres de motivations, voire de recommandations, algorithmes locaux venant pondérer les notes en fonction de l’établissement d’origine… Tout est fait pour favoriser les enfants issus des classes supérieures. 

En bloquant l’accès à l’enseignement supérieur aux classes populaires, c’est à un avenir fait de précarité et de petits boulots que le gouvernement prépare la jeunesse, déjà fortement touchée par la crise sociale.

Rappelons que l’accès aux études supérieures est aujourd’hui un enjeu social fort. Si 1 jeune sur 2 sans diplôme supérieur est au chômage, seulement 1 jeune sur 10 titulaire d’un Bac + 5 est sans emploi. 

Un autre chemin est possible 

A rebours de tous les choix du gouvernement, l’urgence est à la sécurisation des parcours de formation.

Cela passe tout d’abord par l’instauration d’un véritable socle commun pour tous les jeunes passant le baccalauréat, pour en finir avec l’hyper-spécialisation et l’éclatement du diplôme. Il faut ainsi opérer un retour au contrôle terminal ainsi que des enseignements généraux de qualité dans les formations professionnelles.

C’est aussi permettre de faire le choix de ses études afin de répondre à ses besoins et aspirations. Cela passe donc par la suppression de la plateforme de sélection Parcoursup et le recrutement massif d’enseignants dans l’enseignement supérieur.

De manière plus générale, la création d’un véritable service public de l’orientation apparaît comme le socle d’une politique éducative ambitieuse au service de l’émancipation de toutes et tous. Un service public qui permette un réel accompagnement tout au long de sa vie, du collège à l’emploi, avec des personnels en nombre suffisant et formés. C’est aussi un service public qui lutte efficacement contre les inégalités scolaires, avec la réduction d’un nombre d’élèves par classe.

Un plan d’urgence pour l’éducation

A côté d’un projet de transformation profonde du système éducatif, la crise actuelle nous invite à construire un plan d’urgence pour l’éducation. En effet, l’interruption de la scolarité l’année dernière avec la fermeture des établissements a eu des conséquences dévastatrices sur nos études. Le MJCF exige, dès maintenant: 

  • le recrutement massif de professeurs afin de permettre aux élèves les plus en difficultés de bénéficier de petits groupes de travail 
  • le lissage des programmes sur plusieurs années afin de tenir compte de l’interruption de l’année scolaire 2019-2020