Parcoursup : encore 144 000 candidats sans proposition d’admission

CCO Domaine public

Une semaine après le début la phase d’inscriptions complémentaires, plus de 144 000 candidats n’ont eu aucune proposition d’admission parmi les voeux qu’ils avaient formulés avant la mi-mars. Ces candidats ont maintenant jusqu’au 10 septembre pour avoir des propositions d’admission dans des formations qui ont des places disponibles, mais dans lesquelles ils n’ont pas souhaité s’orienter. La plupart devra patienter au moins jusqu’à la fin de la phase principale le 17 juillet… En 2019, 60 000 candidats n’avaient pas de propositions d’admission à la fin de la phase principale.

Vers une attente interminable dans un système opaque et décevant

Parmi les plus de 850 000 candidats sur Parcoursup, environ 17% n’ont eu aucune proposition d’admission pour leurs voeux d’orientation, à lire les chiffres publiés par le ministère de l’éducation nationale. S’ajoutent à eux 7000 candidats qui ont quitté Parcoursup 2020 en cours de route. Cela fait un paquet de déçus ! Des dizaines et des dizaines de milliers de jeunes qui voient que Parcoursup échoue à satisfaire leurs aspirations d’orientation.

Depuis l’invention de Parcoursup il y a trois ans, le gouvernement a supprimé tout moyen de mesurer la satisfaction des candidats aux études publiques post-bac, en supprimant la possibilité de hiérarchiser les voeux (on pouvait savoir combien avait son voeu numéro 1 accepté, numéro 2, etc). Les 144 000 candidats sans aucune proposition d’admission à ce jour auront une affectation pour la plupart, d’ici septembre, mais probablement pas l’affectation qu’ils préfèrent ou même un de celles qu’ils envisageaient en formulant leurs voeux. Parmi eux, 90 000 lycéens et plus de 50 000 candidats en réorientation dont certains ont certainement été affectés l’année dernière par Parcoursup sans lien avec leurs aspirations.

C’est aussi le calendrier de Parcoursup qui est en cause. En effet, il place les candidats dans l’incertitude pendant de longs mois, en attente jusque parfois septembre. Une fois affectés après une attente angoissante, les étudiants doivent préparer la rentrée à la hâte et tardivement : chercher un logement, se procurer le nécessaire pour étudier dans la filière inconnue jusque là, se renseigner sur les enseignements…

Enfin la plateforme est opaque. Les algorithmes locaux des établissements qui leur permettent d’opérer la sélection parmi les candidats sont secrets. Il y a un décalage entre les voeux des candidats et les exigences des établissements qui restent en partie inconnues. En 2019, un phénomène de “bug” a rajouté au stress et à l’opacité du système : les établissements étaient autorisés à pratiquer le “surbooking”, comme les compagnies aériennes, en acceptant provisoirement plus de candidats que de places disponibles, puis en supprimant une partie.

Parcoursup, la machine à sélection sociale

Le but principal de Parcoursup : gérer la pénurie de formations et de capacités d’accueil dans l’enseignement supérieur sans créer de postes et sans augmenter les moyens donnés aux formations post-bac. Il s’agit de sélectionner à l’entrée des filières sous tensions. Loin d’une ambition universelle qui permettrait à chacun de suivre les études de son choix avec seule condition un diplôme (comme le bac), car elle impliquerait d’investir beaucoup plus de moyens financiers dans l’éducation, l’ambition de Parcoursup est de mettre en concurrence les élèves et faire du tri.

Cette sélection est une sélection sociale par plusieurs aspects. D’abord, il y a d’autres prérequis que le bac pour candidater : il faut par exemple faire une lettre de motivation (les candidats de milieux favorisés trouveront plus facilement de l’aide pour la rédiger ou en maîtriser les codes).

De plus, Parcoursup hiérarchise les candidats selon les résultats pendant le parcours scolaire. Les élèves les plus en difficulté en matière de résultats sont les élèves issus des couches populaires. Cela ne dit pourtant rien de leur capacité à faire des études post-bac, contrairement à l’obtention du bac qui suffisait avant pour étudier dans la plupart des filières.

Surtout, les établissements post-bac peuvent mettre en place une pondération des notes selon les lycées d’origine. Cette possibilité est offerte à ceux-ci par l’application qui fournit un code d’établissement unique permettant de « tracer » les lycéens en fonction de leur lycée d’origine. C’est ainsi que l’on a pu voir des universités comme Paris V Descartes pondérer les notes des lycéens en fonction de leurs lycées d’origines, un 18 obtenu dans un lycée considéré comme prestigieux valant alors plus qu’un 18 obtenu dans un lycée place en éducation prioritaire. Ce type de pratique de sélection sociale est cachée par le recours à des algorithmes locaux qui restent secrets.

Pour le Mouvement des jeunes communistes de France, il faut au contraire donner les moyens financiers à l’enseignement supérieur pour créer suffisamment de formations, de places et de postes pour permettre à chaque jeune de choisir librement son avenir et accéder aux formations publiques sans autre condition que les diplômes requis. Cela passe aussi par la création d’un véritable service public de l’orientation.

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde