Parcoursup 2021 : et maintenant, l’attente

Rédaction | Avant Garde

Le jeudi 8 avril a marqué la clôture définitive de la seconde étape de la plateforme de sélection Parcoursup. S’ouvre maintenant une longue période d’attente et d’incertitude pour les candidats.

Une sélection tout sauf « objective » et « juste »

Après le 11 mars qui avait marqué la fin des demandes de formation sur le serveur, les candidats avaient jusqu’au 8 avril pour déposer leurs dossiers de candidatures : lettres de motivations, relevés de note, etc.

C’est à travers ces dossiers que seront sélectionnés les jeunes candidats. Une sélection « objective » selon le gouvernement, mais qui masque d’importantes inégalités entre les élèves.

En sélection sur dossier, Parcoursup vient de fait créer un « casier scolaire », qui suit les élèves. Leur affectation, ou non, dans une formation dépendra donc de notes obtenues tout au long de leur scolarité. Pourtant, on le sait depuis longtemps, il existe une forte corrélation entre résultats scolaires et origines sociales. Ainsi, en faisant reposer l’admission sur une formation sur le dossier scolaire, la plateforme de sélection bloque de fait nombre de jeunes issus des classes populaires.

Il en est de même pour les lettres de motivation. Bien que rarement lues en raison de personnels insuffisants dans les universités pour faire ce travail, celles-ci sont aussi un marqueur social important. Plus que de juger de la « motivation » d’un élève, celles-ci jugent surtout de sa maîtrise de codes de l’écrit bien souvent plus acquis chez les jeunes issus des classes dominantes.

La « hiérarchie de l’attente »

À présent s’ouvre une nouvelle période pour les candidats : l’attente. En effet, les résultats d’admission commenceront à tomber au compte-goutte à partir du 27 mai, et ce jusqu’au 16 juillet.

Cette attente entraîne un renforcement des inégalités sociales par la création d’une «hiérarchie de l’attente », expression employée par le sociologue François Sarfati. Pour faire simple, les “bons élèves”, souvent en situation socio-économique favorable, auront leurs résultats tôt, car ils pourront accéder sans difficulté aux formations demandées. Ils n’auront donc pas à attendre tout l’été leur affectation et pourront ainsi se préparer tranquillement à leur rentrée.

De l’autre côté, les élèves en difficulté vont devoir patienter tout l’été, voire même rater la date de la rentrée car “en attente”. En effet, en l’absence de résultats suffisants, ceux-ci devront attendre que des places se libèrent dans d’autres formations par des élèves ayant obtenu d’autres vœux.  Cela engendre du stress et de l’anxiété pour des élèves qui auraient pourtant le plus besoin de se préparer sereinement à l’entrée à la fac qui peut être difficile.

Alors que le gouvernement n’a eu aucune peine à supprimer le baccalauréat national cette année en le faisant passer en contrôle continu, le maintien du calendrier Parcoursup dans un contexte si particulier doit être interrogé.

Le gouvernement n’est clairement pas disposé à aménager la plateforme de sélection, car celle-ci, avec le contrôle continu pour le baccalauréat, est au cœur de sa reconfiguration du système éducatif : un système élitiste, ayant pour but la sélection sociale et la compétition entre les élèves. 

Un système centré sur la réussite des premiers de cordée si chers au Président, et tant pis pour les perdants.