Municipales : la gauche rassemblée gagnante du second tour

Rédaction | Avant Garde

Plus de trois mois après le premier tour des élections municipales, le 15 mars dernier, le second tour a eu lieu dimanche 28 juin dans 13% des communes qui représentent 38% de la population. Un second tour marqué par une nouvelle abstention record et une percée historique des listes de gauches. 

Une abstention record, symptomatique de la crise démocratique que nous traversons 

Les résultats du second tour des élections municipales sont marqués par un recul de la participation. Seulement 41% des électeurs se sont rendus dans les bureaux de votes, soit de trois points de mois par rapport au premier tour et près de 20 points de moins qu’il y a six ans. La participation est historiquement faible pour l’une des deux “élections préférées des français”. 

Un des facteur indéniable à cette hausse de l’abstention est celui du contexte dans lequel ce deuxième tour s’est tenu. La crainte d’une deuxième vague de la pandémie et un deuxième tour qui s’est tenu trois mois après le premier ont probablement eu un effet repoussoir. De plus, le maintien du deuxième tour à cette date, a rendu impossible la tenue d’une réelle campagne et a empêché l’exercice de débat politique et de confrontation d’idées que doit permettre une élection. En revanche ceci ne peut expliquer un recul aussi net de la participation. 

L’abstention massive n’est plus un phénomène nouveau dans notre pays. Il n’est pas rare d’avoir moins de la moitié des électeurs qui se rendent aux urnes pour aller voter. De plus en plus de citoyens se détournent de la politique et ne croient plus que celle-ci peut changer quoi que ce soit à leur situation. La mise à mal des institutions notamment du rôle des élus par Emmanuel Macron participe à ce rejet de la politique. Ce rejet de la politique plonge la France dans une sérieuse crise démocratique. Alors que le Président de la République se présente comme le premier rempart contre le populisme, il leur déroule en réalité le tapis rouge. L’évitement du débat, le mépris envers les électeurs et les institutions, le refus du dialogue social sont des facteurs important de démobilisation électorales. Ainsi, lorsque l’exécutif refuse d’écouter les revendications légitimes des manifestants et décide de passer en force une réforme à l’Assemblée Nationale, cela constitue un sérieux recul démocratique.  

Défaite et sanction pour le parti présidentiel LREM

Il y a moins d’un an, La République En Marche affichait sa volonté de reprendre les plus grandes villes de France. Paris, Lille, Bordeaux Lyon, Strasbourg, Toulouse le parti présidentiel voulait tenter un grand chelem. Le résultat est tout autre. 

Mise à par la ville du Havre où le premier ministre a été réélu après avoir été brillamment été mis en ballotage par le candidat communiste Jean Paul Lecoq, aucune grande ville ne sera dirigée par La République En Marche. Le parti présidentiel n’arrive pas à s’imposer localement. Deux analyses peuvent expliquer cet échec. Premièrement, cette défaite est représentative du faible ancrage local du parti d’Emmanuel Macron. Les relais locaux du parti présidentiel ne se sont pas bousculés au portillon, c’est même plutôt le contraire. Le faible score obtenu par les listes de LREM ont obligé les têtes de listes à aller chercher des soutiens pour pouvoir espérer avoir des élus. C’est ainsi qu’entre le premier et deuxième tour, nous avons vu fleurir des alliances entre les listes de La République En Marche et des Républicains. Pire encore, certains ministres dont le premier d’entre eux ont même refusé l’étiquette En Marche lors de leur campagne municipale.

Au delà de mettre à jour la faiblesse d’ancrage territorial du parti d’Emmanuel Macron, il y a probablement eu une forme de vote sanction à l’encontre des politiques menées par le gouvernement. Le faible score de la république en marche coïncide avec la chute de la côte de popularité du Président de la République. Sa volonté de passer en force sa réforme des retraites impopulaire a porté préjudice au parti présidentiel. De nombreux électeurs ont vu dans l’élection municipale non-seulement l’opportunité de sanctionner la politique gouvernementale mais également de voter pour des listes défendant un autre horizon que celui promu par les politiques gouvernementales.  

Un net recul de l’extrême-droite

L’autre constat de la soirée électorale est le recul du Rassemblement National dans de nombreuses villes de France. Marine Le Pen voyait en ses élections le moyen de s’ancrer localement et durablement sur tout le territoire français, force est de constater que c’est plutôt le contraire. 

Mis à part la victoire symbolique de Louis Aliot à Perpignan – ville de plus de 100 000 habitants – les scores du Rassemblement National sont en dessous des ambitions qu’il avait affiché avant les élections municipales. A la sortie du deuxième tour des élections municipales l’analyse qui peut être faite est que le parti d’extrême droite arrive à conserver ses bastions gagnés en 2014. C’est ainsi que les maires sortants ont été réélu dès le premier tour à Bézier ou Hénin Beaumont. Une dizaine de villes ont ainsi été conservé par le parti d’extrême droite est représenté aujourd’hui des fiefs du parti d’extrême droite. En revanche ces fiefs n’ont pas permis au parti d’extrême droite de conquérir d’autre mairies.

Mis à part la conservation des mairies gagnées en 2014, le parti de Marine Le Pen est en net recul. Là où en 2014 le parti d’extrême droite faisait des entrées fracassantes dans de nombreux conseil municipaux à travers la France avec près de 1 500 élus municipaux à travers le territoire, les élections de 2020 ont eu pour effet le processus inverse. Dans la plupart des villes de France, le Rassemblement National perd des élus. L’ancien parti de Jean Marie Le Pen passe ainsi de 1 438 sièges dans 463 communes à 840 sièges dans seulement 258 communes.

C’est un coup dur pour l’ex-front national. Après avoir fini en tête dans de nombreuses communes aux européennes, ils se voient infligés un sacré revers électoral et mis à part une dizaine de villes, la Rassemblement national ne parvient pas à s’ancrer durablement sur les territoires. 

Nombreuses victoires de l’union de la gauche, avec le parti communiste

L’autre bouleversement de la soirée, c’est la perte de bastion historique pour la droite. A l’image Marseille ou Bordeaux, ville à droite depuis près de 70 ans, des listes d’union de la gauche et des écologistes ont remporté le scrutin. 

La gauche ne perd aucune grande ville. La ville de Paris en est l’image la plus flagrante. Alors que la ville était détenue depuis près de vingt ans par la gauche, il y a encore quelques mois tout le monde annoncé une victoire soit de La République en Marche soit des Républicains. Pourtant, ni l’un ni l’autre n’a inquiété la liste de large rassemblement conduite par Anne Hidalgo allant du parti socialiste au parti communiste. De la même manière la gauche a su conserver la plupart de ses places fortes tel que Rennes, Nantes ou bien Lille. 

Plus que de conserver ses mairies, les listes d’union de la gauche ont même gagné des mairies. Ainsi à Marseille ou Bordeaux, deux fiefs de la droite conservatrice et libérale sont tombé aux mains de liste d’union de la gauche. Les programmes politiques en faveur de la solidarité, des service publics, de l’écologie, de l’emplois ont fait la différence sur le terrain. Après une période de crise sanitaire qui a montré l’importance des services publics de proximité les listes de large rassemblement de la gauche ont su faire la différence sur le terrain politique. Ces victoires au delà de leur caractère symbolique prouvent que le libéralisme n’est pas une horizon indépassable.

Dans chacune de ces communes le parti communiste a été parti prenante de l’union de la gauche et de la composition des programmes. C’est bien grâce à ces exigences écologiques et sociales que ces listes ont su faire la différence. Des élus communistes seront présent au sein de ces majorités. Dans certaines villes comme à Strasbourg, le parti communiste n’avait pas réussi à avoir d’élus depuis plus d’une vingtaine d’années. 

PCF : troisième force politique locale du pays, des conquêtes à la clé

A l’issue du premier tour, le parti communiste avait déjà remporté 233 maires dans des villes de plus de 1000 habitants, dont 100 maires dans des villes de plus de 3500 habitants et une de plus de 100 000 habitants. Parmi elles, le parti communiste avait perdu cinq villes pour en gagner dix nouvelles.

Au second tour, le PCF présentait des listes dans 109 communes, dont 40 avec un maire communiste sortant. Malgré quelques défaites symboliques dans des villes comme Saint-Denis ou Saint-Pierre-des-Corps, le parti communiste se montre à l’offensive et conquiert de nouvelles mairies. Ainsi à l’image de Villejuif, Bobigny, Noisy le Sec ou encore Corbeil Essonnes, le parti communiste remporte des mairies. Malgré des situations parfois délicates, le PCF conserve plus de mairies qu’il n’en perd. A l’issue de ce second tour ce sont plus de 140 communes de plus de 3 500 habitants qui seront dirigés par des mairies communistes.  

A ces communes s’ajoutent l’ensemble des communistes élus à l’issue de ce deuxième tour. Les victoires d’union de la gauche ont permis au parti communiste d’entrer dans nombre de conseils municipaux. Que ce soit au sein de majorité ou dans l’opposition, le parti communiste sort de ces élections fort de plusieurs milliers d’élus à travers le territoire. 

Grâce à ces victoires, le parti de la place du Colonel Fabien reste de loin la troisième force politique du pays en nombre d’élus ou en nombre de mairies. Il montre ainsi qu’il est une force politique incontournable dans le paysage politique français. 

Le Mouvement jeunes communistes de France a déclaré après le second tour des élections municipales : “Dans le contexte de crise économique, qui touche particulièrement les jeunes, ces élus communistes seront des points de résistance pour la jeunesse. Ces résultats doivent interpeller le gouvernement. Sa politique en faveur des plus riches du pays mène à l’impasse. L’urgence est à la fin des politiques austéritaires et antisociale menées depuis le début du quinquennat.”

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde