Match OL-OM interrompu : plus jamais ça !

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L’agression de Dimitri Payet a interrompu le match de Ligue 1 dimanche soir.

Dimanche 21 novembre, le choc de la 14e journée de Ligue 1 se prépare, Lyon reçoit l’Olympique de Marseille. Après deux semaines sans championnats du fait de la trêve internationale, 50 000 personnes sont présentes à Lyon pour assister à ce qui est habituellement un grand match de football.

Le spectacle n’a pas duré longtemps. Dès la 3e minute de jeu, Dimitri Payet, le numéro 10 marseillais reçoit une bouteille d’eau en pleine tête. Sonné, le joueur s’écroule. Le match est interrompu. S’ensuivent des salves d’insultes descendant du stade vers le joueur marseillais encore à terre. Le match ne reprend pas. 

Des milliers de fans de foot ont été privés d’une très belle soirée sportive. De nombreuses familles présentes au stade, ayant réservé leur week-end, économisé parfois plusieurs mois, n’ont eu droit qu’à un spectacle indigne.

Dans la soirée, le président lyonnais Jean-Michel Aulas a déclaré que le chaos du soir était de la responsabilité des Marseillais qui ont refusé de reprendre le match. On marche sur la tête !

Un acte qui n’est malheureusement pas isolé

Après une année de huis clos du fait du Covid-19, tous les amoureux de sport attendaient avec impatience le retour des supporters dans les stades. Or, depuis le début de la saison, nous sommes déjà au 6e match interrompu du fait du comportement odieux d’une poignée de supporters.

Le 9 août, dès la première journée, le milieu de l’OM Valentin Rongier avait été blessé par un projectile lancé depuis les tribunes montpelliéraines. Le 22 août, les supporters niçois avaient envahi la pelouse lors de la réception de l’OM, Dimitri Payet avait été frappé. 

Le 18 septembre, lors du derby du nord Lens-Lille, les supporters lillois avaient envahi le terrain à la mi-temps, les CRS ont dû intervenir. Montpellier — Bordeaux, Saint-Étienne — Angers, Metz – PSG, les exemples ne manquent pas. 

Que faire ?

Tout d’abord les sanctions doivent être exemplaires. Les hauteurs de violence dans les stades détériorent l’image du sport, du football, et salissent les clubs. Du chant raciste, sexiste ou homophobe, au jet de bouteille, ces comportements n’ont rien à faire ni dans un stade ni dans l’espace public. « Nous sommes des Hommes et non des chiens » comme le dit la chanson.

Pour autant, la punition collective et la répression ne peuvent être l’unique solution. 

Le rapport de la mission d’information sur les interdictions de stade et le supportérisme déposé à l’Assemblée nationale par les députés Marie-George Buffet (PCF) et Sacha Houlié (LREM) en mai 2020 est éclairant à ce sujet. Celui-ci commence par revenir sur l’échec du tout répressif, puis met sur la table de nombreuses propositions. 

De manière générale, il faut donner plus de place aux groupes de supporters. Souvent, les actes de violence sont le fait d’individus isolés, comme hier à Lyon selon les éléments que nous avons en ce jour. Se constituer en association de supporters donne des droits et des devoirs, et responsabilise. Encore une fois, s’organiser est une des solutions. Il faut simplifier les procédures de création. 

Ces associations permettent de faire du lien entre supporters, dirigeants de clubs, et institutions du football. Le rapport cité plus haut préconise notamment de « renforcer la représentation des supporters au niveau national en intégrant davantage d’associations au sein de l’Agence Nationale du Sport ou dans une instance plus large. »

Faire confiance aux associations de supporters permet de les responsabiliser et de démocratiser le football. Nous devons approfondir ce chemin. 

Les enjeux autour du sport professionnel comme amateur sont de taille. Ne laissons pas des débordements individuels pourrir l’ambiance. Ayons en tête les mots de Bill Shankly, fondateur du premier groupe de supporters de l’histoire, à Liverpool : 

« Le football ce n’est pas une question de vie ou de mort, c’est bien plus important que cela ».