Marine Tondelier, nouvelle secrétaire nationale d’EELV : la fin du « jardinage » ?

Domaine public

C’est finalement elle qui incarnera « la Suite » à Europe-Ecologie-Les-Verts. Sans grande surprise, Marine Tondelier a été élue au Secrétariat national le 10 décembre.

Face à elle cinq autres motions toutes plus ou moins identiques à la sienne avec qui elle va devoir composer, car l’enjeu du congrès des verts était bien plus stratégique qu’idéologique. 

Certes, quelques motions se revendiquent plus ou moins des « activistes non -violents » et des « zadistes », d’autres de « l’écologie pragmatique ». Mais même celle que l’on présentait comme sa principale concurrente, Mélissa Camara, peine à se démarquer dans sa motion malgré la revendication d’une pseudo « radicalité ».

Il est vrai qu’actuellement le parti écologiste est idéologiquement soudé. La remise en cause du productivisme, les alertes sur le dérèglement climatique et ses conséquences comme les mégafeux, les sécheresses et canicules à répétition font consensus. 

Les écologistes veulent conquérir le pouvoir et pourtant ça ne prend pas : un score décevant à la présidentielle, à nuancer à cause du vote « utile », une participation à la NUPES qui leur permet un petit retour à l’Assemblée nationale, mais entaché par l’affaire Bayou, et des élections municipales qui ne permettent pas de briser le plafond de verre révélant une certaine impopularité hors des métropoles.

Ce sont à tous ces défis stratégiques que Marine Tondelier va être confrontée.

Et si en réalité la solution pouvait se résumer à cette simple phrase : « l’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage » ? En tout cas, Marine Tondelier semble aller dans ce sens. 

Bien loin des derniers dirigeants verts, elle vient de la France des territoires, faisant ses armes contre le Front national à Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais où elle est élue conseillère municipale. Elle pourrait enfin incarner une « écologie populaire et sociale ». La stratégie dans ce cas-là est simplement de mettre en avant l’environnement duquel elle sort tout en s’éloignant d’un moule « bobo moralisateur ». 

Deux voies pour l’écologie

Tout en prenant ses distances avec la NUPES pour garantir une liste indépendante écologiste aux Européennes de 2024, Marine Tondelier a également annoncé la mise en ligne d’une plateforme commune appelée « Les Écologistes » qui vise à rassembler tous les membres du pôle écologiste sous une même bannière, un programme, une stratégie. Tout ça étant naturellement discuté par les militants. À voir si ces « états généraux de l’écologie » ne feront pas couper la tête de la dirigeante ch’ti, certaines ambitions étant toujours en embuscade. 

Deux voies s’offrent donc à Marine Tondelier et son parti. Premièrement, avoir une stratégie de prise du leadership au centre gauche, ainsi l’électorat vert jusque là urbain et bourgeois pourrait être remplacé par les cadres sup, les profs et les jeunes de couches moyenne et supérieure. En gros récupérer la stratégie et la place de feu le Parti Socialiste. 

Mais à quoi bon ? EELV l’a déjà tenté sous Hollande. Rendre l’écologie complice du capitalisme à force d’opportunisme et d’une seule volonté de conquérir le pouvoir quitte à trahir. Prendre la place du PS pour évoluer et finir comme lui est une fausse bonne idée pour EELV.

La deuxième voie est de se tourner vers la lutte des classes pour avoir une écologie à la fois scientifique, radicale et populaire. Comprendre qu’il ne suffit pas d’améliorer le capitalisme, mais qu’il y a urgence à le détruire pour sauver l’Humain et la planète, tout comme le fait le Parti communiste français, est indispensable pour construire le grand mouvement écologique et social voulu par toutes les motions du congrès des verts. 

Ce n’est pas gagné…

Et pourtant, ça n’est pas gagné ! La nouvelle patronne écolo ayant même été critiquée à gauche pour ses propos sur la réforme des retraites. Elle s’est laissée à hiérarchiser les luttes entre urgence sociale et urgence climatique, se trompant même dans la nature de la lutte des classes, parlant d’un conflit intergénérationnel.

Non Marine, ce ne sont pas les vieux qui « laissent la planète à plus de 4 degrés [aux jeunes] », mais les bourgeois. Ce n’est pas Bernard, 65 ans, cheminot à la retraite touchant 800 euros de pension par mois et qui n’a pas voté EELV car certains verts proposaient d’encore augmenter les prix du carburant.

Le problème ne vient ni des vieux, ni des miséreux, mais des bourgeois et du système capitaliste.

Alors Marine, je te souhaite de ne pas tomber dans le piège dans lequel sont tombés tes prédécesseurs et surtout d’avoir beaucoup de réussite dans ce grand chantier dans lequel tu t’engages. En tout cas, n’oublie ni tes racines du bassin minier ni la lutte des classes.