L’Université Permanente et la lutte des idées

Rédaction | Avant Garde

 Philosophie, littérature, histoire et économie seront abordées toutes les semaines dans l’université permanente hébergée à Colonel Fabien. Retour sur la soirée d’inauguration.

“La lutte des classes est avant tout une lutte des idées.”

Ainsi commence l’Université Permanente, qui vient de voir le jour sous la coupole argentée du siège du PCF, et que le membre dirigeant de ce vaste programme d’enseignement – au nom de Guillaume Roubaud-Quashie – a lancé avec énergie et débat. De nombreux sujets sont venus accompagner cette soirée d’ouverture (de l’accueil du migrant à l’accessibilité de la culture aux classes ouvrières), mais outre la joie qu’éprouvaient tous les présents, jeunes ou anciens, à se retrouver ainsi dans ce siège si symbolique, une grande question s’est imposée d’elle-même : dans cette époque troublée, comment défendre une culture authentiquement progressiste et la partager ?

Comme l’ont dit les intervenants, le marxisme est, depuis les années 1980, passé au  troisième plan dans les enseignements (l’assemblée a par exemple évoqué le triste sort des théories économiques marxistes à l’intérieur des cursus économiques lycéens et universitaires). Il est également devenu toujours plus inaccessible (de manière logistique, et non intellectuelle), perdant la médiatisation aussi qu’il avait par le passé.  La “vérité dominante” s’est alors imposée d’elle-même, la chose ayant également été facilitée (entre autres) par l’effondrement de la social-démocratie devenue “social-libéralisme”, et il est aujourd’hui bien rare de trouver par hasard dans la vie de tous les jours des analyses, expertises, et solutions, autres que celles néo-libérales ou fascistes. Et autant dire qu’il est quasiment impossible de croiser accidentellement le marxisme en traversant la rue.

Nous voyons alors le résultat : la classe ouvrière, ne pouvant s’identifier convenablement en tant que telle dans l’appellation “classe populaire” (adjectif largement utilisé par et pour la bourgeoisie libérale), ne retrouve plus dans le paysage politique et culturel français les arguments qu’elle avait autrefois contre le Capital, qui de plus, s’est exponentiellement mondialisé. Bien que des bastions marxistes subsistent toujours en France, la classe ouvrière, le prolétariat, l’ensemble de la population même, se retrouvent alors extrêmement fragilisés.

C’est à cela que répond l’Université Permanente. La théorie et la pratique se nourrissent mutuellement, alors autant donner de la force aux idées de progrès pour donner de la force aux actes de progrès. Les séances hebdomadaires (qui s’étaleront sur toute l’année à venir) porteront sur divers thèmes, chacun abordant un socle plus général : la Révolution française en ce qui concerne l’histoire, Louis Aragon en ce qui concerne la poésie, les crises du capitalisme en ce qui concerne l’économie, et enfin le matérialisme en ce qui concerne la philosophie.

Quatre thèmes, quatre pôles de culture qui, unis, permettent de redonner ses lettres de noblesse – pardonnez la douce ironie de cette expression – à la culture communiste. Avec le superbe spectacle, mélange d’une interprétation au piano de Debussy et de Bartók et d’une danse lourde de sens sur le rapport entre société et féminité, et le petit cocktail fraternel qui a suivi le lancement, on ne peut espérer que cette première Université Permanente ne soit que la première étincelle de toute une série d’universités permanentes qui viendront rallumer la flamme du mouvement populaire. 

Lire aussi : Entretien avec Florian Gulli, président de l’université permanente