L’université façon low cost

François Perinet

Nos universités ont du talent et se surpassent pour rechercher des sources de financements ! La palme d’or revient à une université parisienne faisant payer une option « panachage » entre cours en distanciel et cours en présentiel. Le passage en distanciel de cours coûte donc aux étudiant·e·s 37€… 

Payer plus pour étudier moins bien. Drôle de façon de voir les choses. Pourtant, dans cette université où les galères s’enchaînent, cette option pourrait avoir un grand succès auprès des étudiant.e.s qui en ont les moyens. 

En effet, après une rentrée chaotique, les étudiant.e.s de la Sorbonne Nouvelle voient beaucoup de cours s’enchaîner passant d’un lieu à l’autre ou du présentiel au distanciel… Certain.e.s se retrouvent à suivre les cours dans les transports en commun en mangeant pour pouvoir aller au cours d’après. Concept intéressant de « suivi pédagogique ». 

Cette fameuse option payante vise à arranger les étudiant.e.s ayant des cours trop rapprochés et mal organisés. 

Donc si on résume, au-delà du prix exorbitant et très loin des réalités étudiantes, on fait payer les étudiant.e.s pour, entre autres, la mauvaise organisation de l’université. 

Cette option est très révélatrice de la santé financière et de la transformation des universités. En effet, au vu des budgets désastreux qu’ont dû voter les administrations faute de financements publics, il faut bien trouver l’argent quelque part. 

On place alors les étudiant.e.s dans une position de consommateur/payeur au détriment du service public et de la qualité des cours.  

À la suite de la crise sanitaire, un consensus avait été trouvé pour dire que l’utilisation du distanciel dégradait l’attention des étudiant.e.s et ne favorisait pas du tout l’apprentissage. Pourtant, la réalité a bien rattrapé les universités et beaucoup ont continué à pratiquer le distanciel pour faire baisser les coûts.

L’arrivée de ce genre d’option pourrait se généraliser et trouver écho dans beaucoup d’universités. Dans cette même logique, nous pourrions aussi imaginer que certaines options en plus du tronc commun deviennent payantes et avec ça une sélection sociale encore plus dure.