Louis Nedved : “les jeunes sont l’avenir de ce monde”

Rédaction | Avant Garde

Le Parti du Travail de Belgique (PTB) a tenu le mois dernier son congrès, baptisé le « Congrès de l’Unité ». Depuis de nombreuses années, chacun peut observer la poussée exemplaire du PTB sur le territoire belge, une réussite due en partie à la stratégie de renforcement et de « renouveau » entamée notamment depuis 2008. Ce congrès a porté Raoul Hedebouw, éminent porte-parole du PTB, qui a participé grandement au renforcement du parti et à sa visibilité, à la présidence de l’organisation.

Pour faire suite à ce congrès, nous avons rencontré Louis Nedved, 22 ans, historien de formation et porte-parole du PTB pour la Wallonie Picarde qui nous explique les grands chantiers en cours au sein du Parti.

Le PTB occupe aujourd’hui une place très importante dans le paysage politique belge. Il est structuré sur l’ensemble du territoire avec des militants très actifs ; que représente-t-il dans le rapport de force à l’échelle nationale ? 

Effectivement, le PTB c’est aujourd’hui 24.000 membres répartis dans tout le pays ; c’est le troisième parti en Wallonie après les sociaux-démocrates du PS et les libéraux du MR, le troisième également dans la région-capitale ex aequo avec le Parti Socialiste derrière les écologistes et les libéraux, et le parti progresse aussi en Flandres où on est passé de 5,6% aux dernières élections législatives à 8,4% aujourd’hui si l’on en croit les sondages.

Au niveau du rapport de force, on se rend compte que même si nous sommes dans l’opposition, on a un poids, on apporte un poids, sur le choix des décisions politiques. Je vais prendre un exemple récent : cela fait longtemps maintenant que l’on défend seuls la baisse de la TVA sur l’énergie de 21% à 6% parce que nous estimons que se chauffer et s’éclairer sont des besoins fondamentaux. Eh bien aujourd’hui, on se rend compte que les lignes de la majorité, notamment chez les écologistes et les sociaux-démocrates, commencent à bouger. En tant que parti influent, on oblige le PS à reconsidérer ses positions passées et à se positionner à gauche. Autre exemple plus marquant encore : nos 4 députés flamands ont réussi, grâce à leur pression, à faire baisser le salaire des parlementaires flamands, pourtant majoritairement à droite, de 5%.

On nous reproche souvent de ne pas être montés en majorité avec le PS et ECOLO mais ce n’est pas parce qu’on est dans l’opposition que l’on n’existe pas. Nous sommes présents, on n’a pas le pouvoir de changer drastiquement les choses mais on est ce petit caillou dans la chaussure de la majorité et on dérange beaucoup.

Au-delà de ce que représente le Parti dans le rapport de force en Belgique, dans quelle situation interne est-il aujourd’hui ?

Je dirais qu’on est un parti qui se porte plutôt bien, on est en plein essor et on s’adapte. A la suite du dernier Congrès une nouvelle direction a été élue, Raoul Hedebouw est notre nouveau président et Peter Mertens devient Secrétaire National ; un nouveau Conseil National, dont plus de la moitié des membres sont nouveaux, a également été élu. 

Notre base organisationnelle est toujours fondée sur le principe de centralisme démocratique et nous n’avons plus connu de dissensions majeures depuis le renouveau du parti entre 2005 et 2008. Quand il en existe, c’est à l’échelle des sections locales et ça se règle généralement par la discussion.

Le PTB a expliqué à de nombreuses reprises sa stratégie de renforcement à trois piliers : un parti de principes, un parti souple, un parti de travailleurs. Cette stratégie a brillamment fonctionné et il est maintenant question « d’Unité ». Quelle est la stratégie qui ressort de ce congrès ?

De fait, cette stratégie adoptée lors de notre 8ème Congrès a porté ses fruits, les derniers résultats électoraux en sont la preuve ; c’était une stratégie de construction du parti, de développement. Aujourd’hui que ces objectifs sont atteints, que nous avons cette base solide de 24.000 membres, nous pouvons commencer le vrai travail de tout parti de masse et c’est dans ce but que nous avons défini 3 axes principaux : Parti de la classe travailleuse, Parti de la jeunesse et Parti du Socialisme.

Parti de la classe travailleuse, je pense que c’est logique, ce sont les travailleurs qui produisent la richesse dans ce monde et c’est eux qu’on va taxer le plus, eux à qui on va refuser un âge de départ à la retraite correct et un montant de pension digne qui puisse leur permettre de profiter de la vie après leurs années de dur labeur.

Parti de la jeunesse parce que les jeunes sont l’avenir de ce monde et que l’on constate qu’ils commencent à prendre conscience des problèmes de cette société capitaliste. On l’a notamment vu avec les manifestations pour le climat mais aussi, avant cela, avec le blocage des lycées en 2018. La jeunesse doit se former, doit s’organiser et nous avons un rôle à jouer.

Parti du Socialisme, évidemment, notre but est d’en finir avec ce système inégalitaire, de domination de l’Homme par l’Homme. Nous voulons l’instauration d’une société socialiste.

Concrètement, comment le PTB compte-t-il, dans la continuité de ce que vous faites actuellement, organiser et mettre en mouvement les jeunes en son sein ?

La première chose qu’on aimerait faire, c’est réussir à implanter COMAC, notre mouvement étudiant, dans des établissements de l’enseignement supérieur non-universitaire puisque l’on se rend compte avec les nouvelles réformes que l’université est de plus en plus réservée à une élite et que beaucoup de jeunes issus de la classe ouvrière se dirigent aujourd’hui vers un enseignement plus professionnalisant.

Ensuite, pour le volet plus organisationnel, le Bureau du parti a désigné un représentant qui s’occupe d’accompagner les mouvements de jeunesse dans leur développement, même initiative prise par les directions provinciales où un camarade accompagne les sections jeunes de sa province. On essaie également de renforcer les différentes formations politiques ainsi que la communication pour que les différents mouvements de jeunes du parti aient leur manière propre de communiquer sur leurs actions.

Le PTB, fort de sa stratégie, de sa démocratie interne, de sa structuration ainsi que de ses militants actifs sur l’ensemble du territoire, est passé en moins de 20 ans de 800 membres à 24 000, sans compter sa présence désormais incontournable dans les institutions belges. Après un long effort de renforcement, il est désormais question d’unité pour la prise de pouvoir. Il s’agit bien là d’un exemple pour l’ensemble des partis communistes d’Europe.