L’opposition complaisante de la droite sénatoriale

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Alors que Laurent Wauquiez multiplie les attaques frontales contre le Président de la République sur la sécurité avec une outrance assumée, la droite sénatoriale peine à s’affirmer.

Une deuxième chambre pas farouche

Le bicaméralisme, le fait d’avoir deux chambres parlementaires, a conduit à deux chambres inégales. Le Sénat est la deuxième. Son mode de scrutin obscur, et ses règles curieuses, conduisent assez régulièrement à interroger sa pertinence. Les sénateurs doivent être âgés de 24 ans au moins, 30 et 35 ans auparavant. Il est renouvelé par moitié lors d’élections indirectes par un collège de 150 000 grands électeurs.

Les circonscriptions et le collège d’électeurs donnent une surreprésentation des zones peu densément peuplées, qui a permi à la droite d’y avoir la majorité quasiment tout du long de la Ve république, à l’exception d’une courte période de 2011 à 2014 où il a été à majorité socialiste. Le mode de scrutin et sa temporalité décalée ont fait que la République en Marche n’a pas mis la main dessus en 2017.

Cependant le Sénat est loin de représenter une chambre d’opposition comme ça avait pu être le cas de 2014 à 2017 sur la deuxième moitié du mandat de François Hollande. Il est vrai que l’opposition systématique présente peu d’utilité au Sénat, puisque l’Assemblée Nationale a de toute façon le dernier mot. La droite sénatoriale est pourtant depuis la confirmation de sa majorité en septembre dernier particulièrement complaisante avec le gouvernement.

Une seconde majorité présidentielle ?

Le Sénat dominé par la droite a ainsi validé la totalité des principales lois du gouvernement. Lors des commissions mixtes paritaires, les sénateurs se sont trouvés de nombreux points de convergence avec leur collège députés En Marche. Sur le fond de la politique menée par Macron on peine à trouver des différences. Sur la forme on en trouve quelques unes.

Sur le fond, la principale concerne la future réforme constitutionnelle souhaitée par le Président de la République. Le Républicain Gérard Larcher s’oppose à toute limitation de cumul des mandats dans le temps. Pour la précision, la majorité des sénateurs de la droite sont plutôt fortement adeptes de la pratique. Officiellement il s’agit de ne pas pénaliser les communes peu peuplées, qui peinent à trouver des âmes dévouées pour occuper les mandats électifs.

Sur la forme, les sénateurs de la droite se sont ainsi émus de concert avec les autres groupes d’opposition du mépris affiché par Emmanuel Macron pour le travail parlementaire. Ils ont ainsi notamment protesté contre le recours aux ordonnances pour réformer le rail. Avant de déposer une proposition de loi d’ouverture à la concurrence du rail rédigée par leurs soins.

Ainsi le sénateur de l’Eure, Hervé Maurey de l’Union Centriste, explique dans Le Monde, qu’il est particulièrement en colère depuis qu’il a pris connaissance de la méthode gouvernementale. Il ne faut pas se tromper et croire que c’est l’attrait de la démocratie et du débat qui l’anime, car pour lui il aurait même été plus rapide de prendre son texte, déjà validé par le Conseil d’Etat.

Son projet de loi diffère peu de ce que laisse supposer les déclarations gouvernementales et la loi d’habilitation en préparation. La mise en concurrence interviendrait plus tôt pour les grandes lignes,  dès décembre 2019, mais imposerait que les TGV continuent de desservir les petites villes, dont sont majoritairement issus les sénateurs.

Si il n’y avait pas grand chose d’opposition de droite au sénat, il aurait été possible d’imaginer autre chose que de disputer la paternité des mauvais coups au gouvernement…

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Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde