Liberté de la presse : à quand la libération de Julian Assange ?

Domaine public

La liberté de la presse est un des principaux critères avancés pour déterminer si une société est démocratique ou non.

C’est d’ailleurs souvent sur ce point que l’on a tendance à comparer les « démocraties libérales » occidentales aux pays émergents, généralement pour accréditer l’idée que les tensions géopolitiques actuelles seraient causées par les « dictatures » (Chine, Russie, Venezuela, etc.) qui s’attaqueraient aux fondements du modèle occidental.

Cette vision simpliste de la situation internationale et de l’histoire du 20e siècle a été critiquée à de nombreuses reprises.

Mais il y a du vrai dans cette affirmation : on ne peut pas concevoir une société réellement démocratique (c’est-à-dire une société où le pouvoir appartient au peuple, aux travailleurs, et pas à une poignée de milliardaires) sans la garantie de pouvoir critiquer les dirigeants, sans la liberté d’informer sur les dysfonctionnements ou les limites du pays.

Des principes pas toujours suivis des faits

Les pays occidentaux, et particulièrement la France et les pays anglo-saxons, du fait de leur histoire mouvementée et des luttes séculaires contre l’absolutisme royal, ont su obtenir et pérenniser des acquis précieux en la matière : liberté de conscience, liberté de critiquer la religion, une certaine liberté de la presse.

Tous ces acquis historiques de la bourgeoisie progressiste sont précieux et il ne s’agit pas d’en contester l’importance.

Mais si ces principes démocratiques sont des arguments intéressants pour vanter le modèle libéral occidental, on est en droit de se demander s’ils sont appliqués concrètement.

C’est ici que le cas de Julian Assange devient extrêmement embarrassant pour les médias dominants.

En effet, Julian Assange est le journaliste le plus primé du 21e siècle. Les révélations de WikiLeaks ont changé la face du monde, l’impact de leur travail a été colossal et a contribué à retourner définitivement l’opinion publique occidentale contre la guerre en Irak.

Avec un tel palmarès, on pourrait penser que Julian Assange serait perçu par les libéraux occidentaux comme un exemple. On pourrait penser que la persécution de ce héros depuis 10 ans aurait mobilisé massivement notre presse « libre et indépendante ».

Seulement voilà : à de très rares exceptions près, les médias occidentaux n’ont strictement rien dit sur le traitement ignoble infligé à Julian Assange par les autorités britanniques et les États-Unis.

Un avertissement et une intimidation

Les médias occidentaux ont même lancé des campagnes de diffamation incroyablement violentes contre Assange, l’accusant d’être un agent russe, de soutenir Donald Trump, de pratiquer l’espionnage et même d’être un violeur.

On notera d’ailleurs le silence assourdissant des « Fact-Checkers » autoproclamés, qui sont très actifs pour calomnier les militants critiques de l’impérialisme américain, mais beaucoup moins pour réfuter les mensonges servant à justifier la persécution du plus grand journaliste des dernières décennies.

Ces campagnes médiatiques sont d’autant plus ignobles que le principal accusé était alors incarcéré et torturé depuis 4 ans dans la prison anglaise de haute sécurité de Belmarsh.

La persécution de Julian Assange est un avertissement très clair à tous les journalistes occidentaux qui seraient tentés de faire leur travail correctement aujourd’hui : s’ils ont le malheur de critiquer la propagande de l’impérialisme américain, ils sont potentiellement en danger de mort.

Où est la liberté d’informer en occident, si les journalistes qui font leur travail sont aussi peu protégés ?

Lénine disait « dans une société fondée sur le pouvoir de l’argent, où une poignée de riches ne savent être que des parasites, il ne peut y avoir de liberté véritable ».

Cette analyse se confirme tous les jours un peu plus : les grands principes de la Révolution française, énoncés en 1789 par la bourgeoisie révolutionnaire, ne peuvent être appliqués concrètement que dans une société où le pouvoir appartient aux travailleurs.

La presse française, détenue à 90 % par 9 milliardaires proches du pouvoir, ne saurait donc être qualifiée de libre.

Si la presse française était véritablement libre, elle aurait appelé à sauver Julian Assange dès le début de sa persécution, il y a plus de 10 ans.