Les jeunes derrière les chiffres de Parcoursup

Domaine public

Les résultats du bac approchent à grands pas. Pour autant, les lycéens ont le regard et l’esprit ailleurs. C’est bien Parcoursup qui occupe toutes les têtes.

Les chiffres

Alors que les propositions d’admission tombent au compte-goutte depuis le 2 juin, de nombreux jeunes sont encore en attente. Le 29 juin, 73 000 lycéens et 46 000 étudiants en réorientation n’avaient toujours reçu aucune proposition pour la rentrée prochaine. Ce sont donc 119 000 jeunes qui attendent que la plateforme Parcoursup daigne leur proposer une formation pour septembre prochain. Viennent s’ajouter les 7300 jeunes ayant quitté la plateforme sans aucune proposition. 

Transparence ?

Le gouvernement joue la carte de la transparence en actualisant chaque jour le nombre de jeunes ayant reçu une proposition de la plateforme. Et c’est tout. Il n’y a aucun chiffre sur le taux de proposition par académie ou par établissement d’origine. Il n’y a aucun chiffre non plus sur le taux de satisfaction des jeunes. 

Pour pouvoir évaluer le dispositif, il est pourtant primordial de savoir combien de jeunes ont obtenu la formation de leur choix. Il s’agit même du cœur du débat. La plateforme permet-elle de répondre aux aspirations de la jeunesse ? Le gouvernement et les chiffres communiqués sont incapables de répondre à cette question. 

Des projets de vie broyés

Au-delà des chiffres du gouvernement, les jeunes retiennent de Parcoursup des milliers de projets de formation détruits et des ambitions réduites à néant. 

« Pour le moment c’est très flou ! » s’inquiète Cassandre, 23 ans. La jeune poitevine, après avoir obtenu un bac littéraire, a serpenté entre les formations. « J’ai fait trois L1 différentes, je cherchais ma voie. J’ai finalement dû accepter un service civique, il fallait que je paie mon loyer ! ». Cassandre est également passée par une formation rémunérée (450 €) de la région Nouvelle-Aquitaine. 

Aujourd’hui, elle souhaite faire un BTS management-hôtellerie-restauration, mais une année de mise à niveau est obligatoire : elle vient d’un bac général. « Là j’attends de savoir si je vais être acceptée par Parcoursup dans la formation de mise à niveau. On est fin juin, si ça traine encore ça va vite me poser des problèmes, il faut que je m’organise pour la rentrée ! » 

Ironie de l’histoire, si jamais elle réussit à entrer et obtenir son année de remise à niveau, elle pourra enfin postuler à la rentrée 2023 dans le BTS qu’elle souhaite… sur Parcoursup.

La double peine

Alban, de son côté, est en terminale dans les Yvelines. « Plusieurs camarades de classe n’ont aucun vœu accepté. Pire, ils n’ont rien sur liste d’attente. » Comme de nombreux jeunes, les camarades d’Alban attendent la phase complémentaire, mais en ayant été refusé partout, ils ont déjà enterré leur projet. 

Raphaël, en terminale dans un lycée de Dordogne, rejoint Cassandre sur l’inquiétude à l’approche de l’été. « Ceux qui connaissent déjà leur affectation pour l’année prochaine ont presque déjà tout organisé pour la rentrée. Quant à ceux qui n’ont encore aucune réponse, je me demande comment ils vont faire pour se loger correctement. Plus ça va, plus la qualité des appartements qui sont encore disponibles laisse à désirer. C’est la double peine. »

Projets de vie broyés, incapacité de se projeter, stress pour la rentrée qui est déjà dans deux mois… Avec Parcoursup c’est toujours pareil : on attend pendant des mois, on est orienté par défaut, on doit traverser la France, et à la fin, ce sont toujours les inégalités qui gagnent.