Le Pen : “La France n’est pas responsable du Vél’ d’Hiv”

Dimanche 9 avril, dans l’émission “Le grand Jury”, Marine Le Pen s’est illustrée par une déclaration à propos de la rafle du Vél’ d’Hiv. Ainsi elle a déclaré que “la France n’était pas responsable”. Le genre de polémique auquel le Front National nous avait habitué par le passé, avant sa grande opération de dédiabolisation. Mais si la façade a été retapée, les fondations, elles, n’ont pas bougées.

Pour rappel, le 16 juillet 1942, 4 500 policiers et gendarmes français se déploient et arrêtent plus de 13 000 juifs pour le compte des nazis. Une partie d’entre eux est provisoirement internée au Vélodrome d’Hiver avant d’être déportée dans les camps de la mort. La plupart de ces hommes, femmes et enfants, n’en sont jamais revenus. La responsabilité de l’État Français est très clairement établie et a été reconnue pour la première fois en 1995 par le Président de la République de l’époque, Jacques Chirac.

Chasse le naturel il revient au galop!

La déclaration de Marine Le Pen s’inscrit donc dans la droite ligne des nombreuses provocations de ce type par des dirigeants du parti d’extrême droite, à commencer par son père, champion invaincu de l’indignité et du racisme. En prononçant ces mots, Marine Le Pen montre donc simplement son vrai visage et celui de son parti. Autrement dit, c’est la manifestation du fait que, malgré une communication plus travaillée, les fondements xénophobes, racistes et révisionnistes du Front National – comme de sa présidente – sont encore pleinement à l’ordre du jour.

Bien-sûr de nombreuses réactions politiques ont suivi, en particulier de la part de ses adversaires dans la course à l’élection présidentielle. C’est pour eux autant un moyen de dénoncer honnêtement une parole  inacceptable que de décrédibiliser la favorite des intentions de vote. Si ce n’est pas surprenant de la part du FN, le rapport biaisé à l’Histoire de la France en politique ne s’arrête pas aux frontières de l’extrême droite.

L’Histoire de France, une question politique.

Alors qu’elle ne devrait pas l’être, l’Histoire de notre pays est un enjeu politique majeur, en particulier pour la droite. On fait dire ce que l’on veut au “récit national”, comme certains se plaisent à la nommer, notamment dans l’objectif de ne pas assumer les pires heures et les responsabilités de L’État. Ainsi, alors que certains sujets et personnages historiques sont surreprésentés, les passages les plus sombres, eux, sont souvent minorés voire réécrits. C’est régulièrement le cas s’agissant de la Seconde Guerre Mondiale, et ça l’est également au sujet de la colonisation par exemple.

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Il n’est pas surprenant d’entendre Le Pen et Cie vomir leur révisionnisme. Mais il est parfois moins évident de saisir les manœuvres de ceux qui disent vouloir “sortir la France de la repentance” ou mettre en avant les “aspects positifs” de ses crimes impérialistes.

A l’approche de l’élection Présidentielle, la rédaction d’Avant-Garde vous propose aussi de faire un peu d’histoire en rappelant que “celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre” (Karl Marx). Notre histoire commune fait ce que nous sommes aujourd’hui, il est donc insensé de vouloir la nier à moins de se réserver la possibilité de la reproduire dans ces pires aspects. S’il y a une histoire à écrire pour les jeunes de France, c’est celle d’aujourd’hui et de demain, celle “des lendemains qui chantent” (Paul Vaillant-Couturier).

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde