L’endométriose, enfin priorité de santé publique ?

Domaine public

À l’approche des élections, le gouvernement Macron s’attaque à des sujets qui auraient dû être centraux durant le mandat écoulé. S’il avait placé les droits des femmes en grande cause nationale, peu de véritables mesures pour l’émancipation et la fin de l’oppression patriarcale ont vu le jour, au-delà d’un plan de communication massif.

L’une des revendications des associations féministes se centre sur un meilleur accès aux soins. Notamment par la reconnaissance de certains handicaps liés à des maladies se développant chez les personnes dotées d’un utérus. C’est le cas par exemple de l’endométriose. Touchant 1 femme sur 10, cette maladie entraîne des douleurs, menstruelles pour la plupart. Et des symptômes qui empêchent les femmes atteintes d’étudier, de travailler et de vivre correctement. C’est aussi une des premières causes d’infertilité.

Le 15 février 2022, le gouvernement lance une grande stratégie nationale sur plusieurs axes. Recherche, diagnostic et soin, reconnaissance de la maladie dans la société. Projet interministériel, il vise à développer la recherche française autour de l’endométriose, en permettant aux malades d’accéder à un diagnostic et à des soins facilités. Aujourd’hui, un diagnostic prend en moyenne 8 ans.

Quels moyens ?

On peut saluer que l’État s’empare enfin de la question. Dans un contexte patriarcal où on explique aux femmes qu’il est normal d’avoir mal pendant ses règles. On peut aussi se demander s’il ne s’agit pas juste d’une mesure à visée électoraliste. 

En effet, la lutte contre cette maladie n’est possible que dans l’application d’un projet de santé publique global. La destruction des acquis sociaux, comme la sécurité sociale ou le droit du travail, ne s’accorde en aucun cas avec ce plan. Alors que les députés de gauche avaient voté la reconnaissance de l’endométriose en tant qu’affection longue durée (ALD), le gouvernement traîne des pieds à appliquer cette mesure. Pourtant nécessaire selon les associations de malades. Construire une vie en prenant en compte la maladie est vital. Le monde du travail doit pouvoir s’adapter à cela. La reconnaissance ALD permettrait ainsi à de nombreuses femmes de bénéficier de temps de travail et de postes adaptés, et d’un meilleur remboursement de leurs soins. De plus, il est aussi nécessaire de dé-conjugaliser l’allocation adulte handicapé (AAH) pour ne pas pénaliser les femmes atteintes.

Le plan national mentionne une implication du ministère de l’Éducation nationale, en garantissant que les infirmières et infirmiers scolaires pourront accompagner les élèves dans la gestion de leurs douleurs et dans leur diagnostic. C’est ambitieux quand on prend en compte le sabordage permanent du budget de ce ministère. Ou quand on considère que la plupart des établissements n’ont pas de personnel soignant à plein temps.

Développer une stratégie nationale autour d’une maladie touchant une partie importante de la population, c’est une chose. Mais cela doit nécessairement aller de pair avec une réaffirmation des acquis sociaux, un changement de politique radical sur le handicap, et un budget d’État garantissant la mise en place des mesures. Les malades ne sont pas une vitrine pour la candidature de Macron.