L’édito d’Antoine Guerreiro

Gwenn Herbin | Avant-Garde

Un mois et demi après la première publication des résultats, les conséquences de Parcoursup continuent à se faire sentir. Mardi dernier selon le Ministère de l’Education nationale, 149 690 lycéen·ne·s n’avaient encore reçu aucune proposition d’affectation ! A l’instar de la situation de beaucoup sur le marché du travail, l’avenir des étudiant·e·s est dorénavant frappé d’incertitude… Voilà d’ailleurs une nouvelle épine dans le pied des mobilisations : comment inciter au combat celles et ceux qui sont soit exclu·e·s de la formation à laquelle ils/elles ont candidaté, soit en situation de totale précarité quant à leur avenir immédiat ? Des questionnements similaires à ceux qui animent depuis longtemps les syndicats professionnels, sur la mise en mouvement des chômeur·se·s ou des intérimaires par exemple. La situation n’est pas à prendre à la légère : trop souvent les idéalistes de tous poils accusent les médias de « formater les esprits », sans voir l’influence bien plus écrasante des conditions matérielles de vie sur les opinions, les débats et les luttes du plus grand nombre.

Si la mobilisation à la rentrée reste incertaine, la colère, elle, est bien présente. Avec Parcoursup le gouvernement a réussi l’exploit de créer un outil plus haï encore qu’Admission Post-Bac ! Pour autant Frédérique Vidal défend coûte que coûte le bilan de sa réforme, et enchaîne les contre-vérités dans la presse. A l’entendre sa nouvelle plateforme fait œuvre sociale, et favoriserait même les étudiant·e·s des quartiers populaires ! Avec ces gens-là plus c’est gros, plus ça passe. L’annonce de 10 000 places supplémentaires dans l’enseignement supérieur (notamment dans les IUT), si elle ne peut qu’être saluée, ne changera qu’à la marge la situation des bachelier·e·s.

Car le problème est ailleurs en réalité, et ne se limite pas à une question technique d’ajustement en trompe-l’œil. L’austérité budgétaire et la sélection qu’elle provoque portent en elles une logique d’ensemble, intrinsèquement libérale, parfaitement illustrée par désormais célèbre théorie du « capital humain ». Considérons d’abord l’étudiant·e comme un entrepreneur de sa propre personne, pouvant accroître son « capital humain » par son parcours de formation. Pour lui garantir les meilleurs enseignements il faut lui laisser le choix et donc mettre en concurrence les offres universitaires à disposition. Or pour créer ce nouveau marché, il faut créer la rareté. Il faut restreindre les places et sélectionner. Tout tient en ces quelques mots.

Alors face à ce rouleau compresseur nous ne pourrons gagner en restant sur la défensive, ni en nous limitant à la seule question des moyens financiers. C’est une logique communiste globale qu’il nous faut opposer à celle des libéraux. Les étudiant·e·s ne sont pas des client·e·s. Considérons les d’abord comme des travailleur·se·s en formation, acquérant les savoirs et savoir-faire nécessaires à leur émancipation et au développement économique et social. A ce titre, ils et elles ont droit à la gratuité des études, ainsi qu’à un salaire étudiant pendant toute la période de formation ! C’est cette vision globale de l’enseignement supérieur que les militant·e·s de l’UEC mettront en avant pendant les chaînes d’inscription et à la rentrée. Au travers des conférences-débats, des mobilisations étudiantes ou encore de notre campagne pour une université féministe, nous montrerons en quoi dans le combat politique à l’université Macron et ses amis ne sont pas seuls en piste, mais trouveront toujours face à eux les communistes. Bonnes vacances à tou.te.s, et que vivent les luttes !