Le Congrès mondial pour la nature ou l’expression des incantations

JC84

Le Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) s’est tenu du 3 au 11 septembre Marseille.

Ce Congrès initialement prévu en juin 2020 a été repoussé en raison de la pandémie de COVID-19, il a lieu tous les quatre ans et est présenté comme l’événement environnemental le plus important au monde. 

Un Congrès non contraignant rassemblant une large partie de la communauté internationale

Cet évènement vise à répondre aux défis environnementaux et de durabilité les plus pressants de notre époque. Il a ainsi été qualifié d’essentiel par l’Elysée sans pour autant qu’il n’ait de valeur contraignante. 

Il ne s’agit pas d’engager la responsabilité politique des acteurs présents, mais seulement de produire une feuille de route composée de 137 recommandations et propositions soutenues par la communauté internationale.

L’UICN rassemble toute la communauté internationale de la conservation de la nature : gouvernements, société civile, représentants des peuples autochtones, scientifiques et autres experts de la conservation de la nature (juristes, économistes, sociologues, gestionnaires d’espace protégés…), mais également multinationales. Ainsi, parmi les sponsors du congrès, figuraient des entreprises comme Nutella qui ravage les forêts équatoriales, ou encore Veolia, le géant français du traitement de l’eau et des déchets. 

Les peuples autochtones au Congrès, une présence saluées et nécessaires 

Il est également important de noter que, pour la première fois, les peuples autochtones étaient présents lors de cet événement. 

Ceux-ci avaient organisé, en amont, un Sommet mondial des peuples autochtones et de la nature pour réclamer la reconnaissance et le respect de leurs modes de vie, de leurs droits sur les terres, les territoires et les ressources naturelles et de leurs savoirs traditionnels, pour protéger leurs droits et leur rôle en tant que gardiens de la nature. 

Rappelons que 80 % de la biodiversité forestière se situe sur le territoire des peuples autochtones, dont le rôle est crucial dans la protection de la biodiversité. 

Cette question est majeure à l’heure où le président brésilien Jair Bolsonaro fait adopter un arsenal législatif démantelant les droits des Indiens sur leur territoire en faisant voter des mesures qui renforcent l’absence actuelle de surveillance et de sanctions contre les crimes environnementaux commis par les multinationales.

Un bilan encore insuffisant 

Après une semaine de négociations et de conférences, les 1200 membres de l’UICN ont voté une vingtaine de motions qui doivent rehausser l’ambition en matière de protection de la biodiversité. 

Parmi les nouvelles prérogatives: la protection et la restauration de 80% de la forêt amazonienne, la reconnaissance du lien inextricable qui existe entre nature et santé pour éviter l’émergence de futures pandémies, la fin de la pollution plastique dans les océans d’ici 2030, le renoncement à l’exploitation minière des fonds marins ou encore la réduction de l’impact de l’industrie minière sur la biodiversité. 

Sur cette dernière motion, la France s’est abstenue. Une position critiquée par de nombreuses ONG comme Greenpeace ou le WWF.

Même si ce bilan a globalement été perçu comme positif, les associations pointent du doigt un bilan mitigé. 

«Les annonces du plus haut niveau n’ont été ni à la hauteur des enjeux ni assorties de moyens : la France continue de donner des leçons à tous sur les enjeux de biodiversité et de climat, mais reste largement dans l’incantation», déplore France Nature Environnement (FNE) dans un communiqué. 

On peut, en effet, déplorer les orientations dénuées d’objectifs chiffrés, comme la réduction de l’utilisation des pesticides dans l’agriculture. Ou encore le renouvellement de l’annonce concernant la mise sous protection forte de 5% des océans français d’ici 2027, promesse déjà formulée en 2019 et qui attend d’être concrétisée. 

La Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques (COP26) se déroulera du 1ᵉʳ au 12 novembre 2021 à Glasgow, elle devra répondre aux ambitions des nations plus urgentes que jamais.

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde