Le foot féminin, c’est la Champion’s League !

Capture d'écran

Jeudi soir, deux clubs français se sont opposés en finale de ligue des champions. Et oui, fait majeur, cela fait trois ans de suite qu’un club français atteint au moins les demi-finale de la compétition. Sauf que c’est en football féminin et que vous n’en avez peu entendu parler. Résumé d’un match historique pour le foot français, retransmis en direct sur une chaîne publique.

Foulant la pelouse de Cardiff, les deux équipes arrivent avec des effectifs solides qui expliquent pourquoi elles ont atteint le sommet du football européen. Avec des budgets importants pour le football féminin (5 pour l’OL et 7 pour Paris), les meilleurs talents tançais voire internationaux constituent le 11 de départ de ces équipes. On pense à Wendy Renard, Camille Abily, Eugénie Le Sommer auxquelles s’ajoutent désormais Christiane, Alex Morgan, stars brésilienne et étasunienne du ballon rond et recrutées à prix d’or par les deux clubs hexagonaux. Une affiche de rêve en perspective !

Quand l’enjeu prends le dessus

Mais l’enjeu va visiblement prendre le dessus sur le jeu. C’est en effet un match haché avec peu d’occasions qui a lieu. La nord-américaine Morgan sort vite sur blessure, affaiblissant l’animation offensive lyonnaise. Les parisiennes en profitent pour prendre le dessus avec la capitaine Cruz qui rate notamment un duel face à la gardienne rhodanienne dans le dernier quart d’heure de la première mi-temps.

Les Lyonnaises reviennent mieux dans le second acte et sont près de marquer deux fois sur coups de pieds arrêtés. Mais la maladresse est décidément bien au rendez-vous dans ce match. Les Parisiennes ratent une contre-attaque par Delie pourtant bien décalée à l’heure de jeu. La tension monte et les fautes s’accumulent. La saison semble peser dans les jambes des joueuses qui partent en prolongation. La peur de prendre un but fatal pousse les équipes à jouer recroquevillées. On se dirige vers une séance de tir au but. Après deux essais manqués en début de séance, les deux équipes convertissent jusqu’à envoyer leurs gardiennes aux 11m50. La gardienne parisienne Kiedrzynek s’élance et loupe complètement son tir ! Son homologue lyonnaise et gardienne de l’équipe de France, Bouhhadi, transforme le sien et envoie son équipe au septième ciel. C’est le second titre européen consécutif pour l’OL et le quatrième de son histoire, un record !

Les Parisiennes sont évidemment abattues et son président avec, lui qui a misé sur un recrutement international à l’instar de l’équipe masculine. Après leur défaite en coupe nationale face à cette même équipe, c’est une véritable déception pour le PSG.

 

Le Football féminin en pleine expansion

Si beaucoup saluent une victoire du foot français, n’oublions pas la progression de clubs européens notamment les sections féminines des grands clubs (Manchester City, FC Barcelone) qui investissent par ailleurs dans la formation de manière croissante. Nous ne sommes peut-être pas prêt de revoir une finale 100 % française.

Des championnats se professionnalisent de plus en plus et les sommes d’argent, si elles paraissent dérisoires au regard des ligues masculines, sont de plus en plus importantes. L’exposition médiatique due notamment aux performances des sélections notamment en France et dans d’autres pays où la culture foot est très présente (Espagne, Allemagne, Angleterre, Brésil) ont changé les choses depuis 5 ans. Le président de la FIFA a même évoqué lors du congrès de la confédération l’idée d’une ligue féminine mondiale qui aurait une exposition internationale.

Les mentalités évoluent même si le chemin reste long à parcourir comme l’attestent le dédain de certains journalistes sportifs, de certains dirigeants d’équipes masculines (on se souvient de Bernard Lacombe, directeur sportif de l’OL qui déclarait impensable de parler football avec une femme…).

Les mentalités évoluent même si le chemin reste long à parcourir comme l’attestent le dédain de certains journalistes sportifs, de certains dirigeants d’équipes masculines (on se souvient de Bernard Lacombe, directeur sportif de l’OL qui déclarait impensable de parler football avec une femme…). Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer notamment le ministère des Sports et le ministère de l’Éducation nationale pour décomplexer la pratique et les ambitions de sport de haut niveau pour les femmes dans des sports jugés « masculins ». Les sponsors l’ont bien compris, eux qui y voient un formidable levier de consommation en équipement, en valorisation de leur marque quitte à s’afficher plus féministe que les pouvoirs publics. Alors chiche, si c’est pour permettre la pratique d’un sport émancipateur et accessible pour tous…et toutes !

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde