Journée commémorative de l’esclavage, l’histoire et la mémoire d’un crime

esclavage-histoire-memoire-crime Photo d'une chaîneCC0 | Domaine Public

Pour la onzième année consécutive, nous commémorons en ce 10 mai la journée commémorative du souvenir de l’esclavage et de son abolition. Initiée par la loi Taubira de 2001, votée le 10 mai, elle vise à rappeler les crimes commis dans le cadre du commerce triangulaire et des plantations d’esclaves dans les possessions françaises d’outre-mer.

Cette législation punit avec la loi Gayssot l’apologie de crimes contre l’humanité et menace de poursuites ceux qui en feraient la justification. Cette journée est commémorée à des dates différentes dans les départements d’outre-mer plus en lien avec les réalités locales, les événements historiques les plus marquants du combat esclavagiste.

Comment est commémorée cette journée ?

Le gouvernement organise chaque année un événement autour de cette date. Le président de la République y fait une allocution où il rappelle en général les grands principes universels de respect des droits humains.

Des dispositions sont prises depuis dix ans avec la création par le président Jacques Chirac d’un comité pour la mémoire de l’esclavage devenu en 2013 Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage.

Ce comité regroupe des scientifiques, des représentants d’associations et de collectifs de mémoire, des personnalités qui émettent des propositions d’initiative auprès des instances gouvernementales notamment dans l’éducation nationale.

Un mémorial a d’ailleurs été créé et inauguré en 2015 sur leur proposition. Dénommé Mémorial ACTe, celui-ci présente avec des œuvres, des témoignages, des objets l’horreur de la traite négrière. Il n’a pas fait l’unanimité (notamment auprès de forces progressistes, indépendantistes aux Antilles) et révèle à quel point la manière de traiter l’histoire de l’esclavage fait encore débat.

On constate que si l’événement s’arrête à une commémoration pour beaucoup, l’éducation nationale joue un rôle important dans la transmission. Mais cette commémoration reste trop faible dans la mesure où elle dépend du bon vouloir des établissements, des rapports de force locaux.

Si les départements d’outre-mer sont légitimement plus investis dans cette démarche, un effort national devrait en faire une question pleinement nationale car c’est bien chaque citoyen qui peut se sentir concerné.

Un concours national comme cette année, intitulé la « Flamme de l’égalité » ne peut suffire. Si les départements d’outre-mer sont légitimement plus investis dans cette démarche, un effort national devrait en faire une question pleinement nationale car c’est bien chaque citoyen qui peut se sentir concerné.

Dans d’autres pays au passé esclavagiste, il existe des temps beaucoup plus forts comme aux États-Unis qui sont très liés à la célébration des luttes de la communauté afro-américaine où un mois de célébration est consacrée chaque mois de février : c’est le Black History Month avec en point d’orgue le Martin Luther King Day, journée fériée.

Comment travailler la mémoire ?

L’abolition d l’esclavage n’a pas été gracieusement offerte mais bien arraché par des combats dont les esclaves étaient les premiers acteurs.

Plus que la présentation des faits historiques, c’est à un vrai travail de mémoire qui présente l’abolition comme un combat et non comme un dû de la République auquel il faut s’atteler.

L’abolition d l’esclavage n’a pas été gracieusement offerte mais bien arraché par des combats dont les esclaves étaient les premiers acteurs.

Ne faudrait-il pas valoriser ces figures de résistance et ces millions d’inconnus qui ont par de petites ou grandes actions mis à mal ce système d’oppression abjecte ?

Telle est la question pour en faire un débat politique et non moral. C’est le capitalisme, associé aux discours rétrogrades (religieux notamment) qui instaure de telles soumissions.

On pourrait rappeler aussi les convergences possibles et réelles entre exploités de couleur car si des régimes politiques divers ont validé et renforcé l’esclavage en France, la 1ere République l’avait aboli une première fois le 16 pluviôse an II (4 février 1794). Napoléon le rétablira en 1802 avant que la loi du 27 avril 1848 ne vienne l’abolir à nouveau.

Si les comparaisons sont limitées, rappelons également que l’esclavage existe encore aujourd’hui dans des sociétés en guerre, dans des zones où le capitalisme le plus sauvage ou des règles archaïques font loi.

A l’occasion de la journée internationale pour son abolition (2 décembre), l’ONU rappelle ainsi que 21 millions de personnes sont victimes de travail forcé dont 4,5 millions subissent une exploitation forcée.

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde