Enseignement secondaire : 4000 postes non pourvus à quelques jours de la rentrée

Domaine public

À quelques jours de la rentrée 2022, 4 000 postes d’enseignants sur les 27 000 à pourvoir sont encore vacants. Selon Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du SNES-FSU, des salaires trop bas et des conditions de travail incompatibles avec un service de qualité expliquent la perte d’attractivité du secteur.

Les contractuels appelés à la rescousse

Les perspectives de rentrée s’annoncent peu reluisantes pour l’enseignement secondaire. Avec un nombre de candidats admissibles aux concours de l’Éducation nationale inférieur au nombre de postes à pourvoir, les effectifs de professeurs titulaires seront cette année insuffisants pour assurer l’ensemble des cours. L’enseignement des mathématiques souffre particulièrement de cette carence, avec 20 % de postes non pourvus.

Pour combler les manques, l’Éducation nationale fait appel à des enseignants contractuels. Parmi eux, on compte des candidats aux concours en liste complémentaire, des enseignants fraîchement retraités, mais également un nombre important d’étudiants de niveau Bac+3. Ceux-ci ne disposent que rarement d’une formation préalable au métier de professeur ou d’une expérience professionnelle dans le domaine. 

Sophie Vénétitay explique, dans une interview accordée à France Info, que la prise de poste n’est précédée que d’une semaine de formation. À elle seule, celle-ci est très insuffisante pour préparer des contractuels sans expérience aux réalités d’un métier de plus en plus difficile. En somme, ces campagnes de recrutement tardives pourraient permettre de réduire significativement le nombre de postes non pourvus avant la rentrée, mais au prix d’un service de moindre qualité, de classes toujours surchargées et de conditions de travail toujours plus dégradées.

Une crise des vocations

D’après la secrétaire générale adjointe du SNES-FSU, le secteur de l’enseignement souffre d’une perte d’attractivité ; les salaires trop bas y sont pour beaucoup. Elle rappelle, à ce titre, que son syndicat milite depuis longtemps pour une revalorisation des salaires dans l’enseignement public. À l’heure actuelle, un enseignant titulaire en début de carrière ne touche que 1,1 fois le SMIC : une somme bien maigre au regard des cinq années d’études et du concours nécessaires pour entamer ce type de carrière.

Le gouvernement promet de son côté une augmentation des salaires des enseignants en 2023. Le 8 août dernier, Gabriel Attal, ministre délégué chargé des comptes publics, annonçait sur Europe 1 que « l’engagement du président de la République de la poursuite de la hausse des salaires [serait] tenu et [qu’] aucun enseignant n’[entrerait] dans la carrière à moins de 2 000 euros nets. »

Sophie Vénétitay fait part à Europe 1 de ses réserves : cette mesure est de bon augure, mais elle ne traite pas le mal à la racine. Ces 2000 euros représentent ce que gagne actuellement un enseignant après treize ou quatorze années de carrière. Une augmentation globale de tous les salaires est nécessaire pour faire retrouver son attractivité au métier de professeur et permettre au service public de l’éducation d’assurer l’entièreté de ses missions. 

Pour l’heure et en dépit des promesses du gouvernement, la situation dans laquelle se trouve l’Éducation nationale reste préoccupante, et l’année 2022-2023 se fera dans un cadre détérioré par une pénurie croissante de vocations. 

Face à l’AFP, Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation, se dit « confiant pour que la rentrée se passe au mieux ». Sur ce point le doute est permis.