Elections européennes, le grand désintérêt

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Les élections européennes sont dans moins de 100 jours, pourtant la campagne électorale peine à décoller. Alors que le nombre de listes sera vraisemblablement pléthorique aucune dynamique militante ne semble s’être mise en place et le désintérêt semble général.  

Le scrutin en dates

31 mars

C’est la date limite pour s’inscrire sur les listes électorales en vue de participer au scrutin. Attention, contrairement aux années précédentes, la mise à jour des listes électorales est désormais automatisée via un répertoire électoral unique. Il est possible de s’inscrire en ligne ici : https://www.demarches.interieur.gouv.fr/particuliers/listes-electorales-nouvelle-inscription

Du 23 avril au 3 mai

C’est la période au cours de laquelle le dépôt de candidature est possible. La liste doit comporter 79 noms à parité contre 74 en 2014. Le Brexit a fait passer le parlement européen de 751 députés à 705, au passage la France en a gagné 5. Il n’y a désormais plus qu’une seule circonscription nationale pour les européennes contre huit circonscriptions auparavant.

Du 13 au 25 mai

Cette période est celle de la campagne officielle. Durand celle-ci des clips de campagnes seront diffusés à la radio et à la télévision. Ces clips à durée égale par liste soutenue par une formation présente au parlement, seront désormais d’une durée calculée au prorata de la représentation des forces politiques au sein du parlement. Cette modification votée l’année dernière donne un avantage considérable à LREM. Pour la répartition du temps de parole dans le reste des émissions télé et radio, c’est toujours le CSA qui y veillera en fonction des résultats électoraux, des intentions de votes et du nombre d’élus de chaque force politique.

Du 23 au 26 mai

Il s’agit de la période de déroulement du scrutin européen. Tous les Etats membres ne votent pas le même jour et l’Union Européenne s’étale bien au-delà de l’Europe. Ainsi dans certains départements et collectivités d’outre-mer, le scrutin aura lieu le 25 mai tandis qu’en métropole il aura lieu le dimanche 26. Les bureaux de vote seront ouverts de 8h à 18h avec la possibilité d’aller jusqu’à 20h si la commune le décide.

Le mode de scrutin

L’élection se fait en France par un scrutin de liste à la proportionnelle intégrale. Chaque liste comporte 79 candidats et candidates à parité. Pour avoir des élus il faut franchir la barre des 5%, il n’y a pas de prime à la liste arrivée en tête. La répartition se fait proportionnellement entre les listes ayant atteint 5% des suffrages exprimés. Cette barre des 5% est relativement haute au vu du nombre de listes concurrentes.

Ainsi selon les différents sondages, seules cinq listes semblent assurer d’avoir une représentation au parlement européen. La République en Marche, le Rassemblement National, Les Républicains, la France Insoumise et Europe Ecologie les Verts. Le PS et Debout la France dépassent régulièrement la barre fatidique dans les sondages mais pas dans tous. Il faut également noter que l’hypothèse d’une liste gilets jaunes quand elle est testée parvient à chaque fois au dessus des 5%. Cependant c’est dans l’hypothèse où il n’y en aurait qu’une et qu’elle existe, ce qui n’est pour l’instant pas assuré.

L’autre barre c’est celle des 3% en dessous de laquelle il n’y a pas de remboursement des frais de campagnes. Une barrière par l’argent particulièrement importante puisqu’il est nécessaire pour ce scrutin que les forces politiques fournissent elles-mêmes l’ensemble des bulletins nécessaires dans chacun des bureaux de vote. Ce point en fait l’un des scrutins les plus coûteux pour y participer.

Les principales forces en présence

Le scrutin ne déchaîne pas les passions, les principales forces politiques n’ont d’ailleurs pas dépêché leur tête d’affiche pour conduire les listes. Une sorte de renouvellement par désintérêt qui s’annonce dramatique. Le scrutin européen n’est traditionnellement pas le plus mobilisateur. Ainsi en 2014, sur un système de liste par circonscription, la participation n’avait atteint que 42,43% sur le plan national.  

Le Rassemblement National, Les Républicains et la France Insoumises ont tous les trois fait le choix de propulser des figures nouvelles qui s’illustrent par leur jeunesse. Des candidats calibrés pour contrer le discours de renouvellement de la République en Marche. Jordan Bardella (RN) a 23 ans et vient de Seine-Saint-Denis, élu au conseil régional d’Île-de-France, il a profité du départ de Florian Philippot pour devenir porte-parole du RN puis responsable du groupusculaire Génération nation, l’organisation de jeunesse fantoche du parti d’extrême droite. Les Républicains ont fait eux le choix de François-Xavier Bellamy, professeur de philosophie de 33 ans, maire adjoint de Versailles dans les Yvelines depuis 2008. Pour la FI c’est Manon Aubry qui est tête de liste à seulement 29 ans. Elle a été présidente de l’UNEF à Science Po Paris et a exercé dans plusieurs ONG, notamment à Oxfam France où elle était porte-parole.

D’autres forces politiques ont fait le choix (par défaut ?) de leur principal leader, c’est le cas d’EELV, les Patriotes, Debout la France, l’UDI, l’UPR, Lutte Ouvrières ou encore “Resistons !”. Ce seront donc dans le même ordre, Yannick Jadot, Florian Philippot, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Christophe Lagarde, François Asselineau, Nathalie Arthaud et enfin Jean Lassalle qui conduiront leurs listes aux européennes. Il faut également noter que Benoît Hamon à la tête de Génération.s a déjà annoncé qu’il serait à la tête d’une “alliance citoyenne” issue d’une votation à laquelle personne n’a pour l’instant donné suite.

Le PS n’a toujours pas trouvé de tête de liste ce qui place l’ancien parti majoritaire dans la même situation que le nouveau parti majoritaire. Le parti du Président de la République n’a toujours pas rendu publique sa tête de liste laissant planer le mystère. Il semble toutefois que malgré la certitude de gagner une place au parlement européen, les candidats ne se bousculent pas pour défendre la majorité présidentielle dans ce scrutin.

Plusieurs listes de gilets jaunes sont en préparation, sans qu’aucune ne paraisse suffisamment sérieuses actuellement pour être présentée. La plus en vue médiatiquement a vu sa tête de liste partir avec perte et fracas suite à des dissensions internes.

Le Parti Communiste a présenté sa liste le 5 février dernier conduite par Ian Brossat, elle se caractérise par une présence forte de candidates et candidats employés ou ouvriers. Un parti pris assumé par le parti de la place du Colonel Fabien sous le slogan “Pour une Europe des gens, pas celle de l’argent”.

L’adjoint à la mairie de Paris et porte-parole du PCF a annoncé que sa liste irait jusqu’au bout pour mettre en acte la volonté du nouveau secrétaire national du PCF de mettre en avant son parti lors des scrutins nationaux. Cette volonté n’est toutefois pas une fermeture à un éventuel accord électoral en vue de lutter contre la division de la gauche qui semble promise à un score historiquement bas dans l’échéance électorale à venir.

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde