Elections Européennes 2019 : vers une circonscription nationale

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La France faisait jusqu’à présent partie des quelques pays européens qui avaient créé des circonscriptions régionales pour les élections européennes. Le Président de la République entend revenir à une circonscription nationale pour le prochain scrutin en 2019.

Les élections européennes, scrutin mal aimé

Les élections européennes, ont toujours été un scrutin boudé par les électeurs français. Le parlement européen ne jouit pourtant pas d’une plus mauvaise image que son pendant national. Les enjeux sont cependant peu perçus par les électeurs qui peinent à comprendre l’utilité de cette représentation.

La subdivision du pays en grandes circonscriptions regroupant plusieurs régions et utilisées par aucun autre scrutin n’a probablement pas aidé à rendre cette élection populaire. L’abstention était ainsi de 53,2 % en 1999,  et est passée, après le découpage en 8 circonscriptions en 2003 , à 57,2 % en 2004. En 2009, l’abstention atteint un record de  59,5% pour redescendre que très modestement à 57,57% lors des dernières élections en 2014.

Ce déficit de popularité avec quelques variations, est toutefois une constante des élections européennes depuis leur création. Le taux de participation est ainsi en baisse constante, le taux d’abstention à l’échelle de l’Union Européenne en 2014  était de 57,46%. Les écarts entre pays membres sont très importants. Ainsi en Belgique, où le vote est obligatoire, le taux d’abstention est limité à 10% quand il a atteint 87% en Slovaquie.

Un découpage étrange et obsolète

Le découpage de 2003 de la France en 8 circonscriptions était pour le moins étrange. Groupant des régions géographiquement, peu d’électeurs étaient capables de dire avec quelles autres régions ils votaient. La taille ne permettait pas réellement une campagne de terrain. La campagne était donc nationale alors que les votes étaient décomptés par circonscription de façon quelque peu artificielle.

Le principal intérêt d’un tel découpage était de multiplier les effets de seuils, puisqu’il fallait atteindre dans chaque grande circonscription un score minimum pour avoir un élu. Le découpage permettait également aux partis avec de nombreux cadres de ménager les égaux en ayant plusieurs têtes de liste. Enfin la parité imposée aux listes était ainsi contournée puisque les têtes de listes n’étaient pas nécessairement désignées à parité.

Depuis le dernier scrutin, les français de l’étranger étaient regroupés avec la circonscription Ile de France… De même l’ensemble des collectivités d’outre-mer votaient au sein d’une même circonscription, pour 3 sièges. La logique n’était déjà pas au rendez-vous, le nouveau découpage régional a rendu les circonscriptions actuelles totalement absurdes, puisque des régions se trouvent éclatées entre plusieurs circonscriptions.

Une décision consensuelle

La quasi-totalité des partis politiques approuvent la décision présidentielle de revenir à un scrutin national. Seul Les Républicains contestent cette décision, arguant qu’une telle organisation du scrutin nuirait à l’attachement territorial des élus. Argument guère recevable étant donnée la taille des circonscriptions.

Ce qui les inquiète davantage, c’est que de huits têtes de listes potentielles, le nouveau mode de scrutin n’en permet plus qu’une. A défaut de présenter des idées innovantes, la droite française regorge d’égos plus surdimensionnés les uns que les autres. Même pour le futur chef, qui nourrit des ambitions présidentielles, il peut être gênant de voir apparaître une nouvelle figure d’envergure nationale. De plus le parti de droite est historiquement divisé sur la question, et les circonscriptions lui permettaient de ménager ses différentes tendances. Choses nettement plus compliquée sur une liste unique.

Enfin le seuil retenu pour disposer d’élus serait de 5%. Une barre relativement haute compte tenu de la multiplication possible des listes, étant donné qu’à l’inverse de la présidentielle aucun garde fou n’existe. On ignore également si des conditions d’origines géographiques diversifiées seront nécessaires pour les 74 titulaires (et autant de suppléants ?). Enfin le Président de la République a évoqué sa volonté de voir les députés européens du Royaume-Uni devenir des députés européens élus sur une liste transnationale.

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Catégorisé comme FRANCE

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde