Education nationale, une politique publique insuffisante et inégalitaire

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Malgré la volonté gouvernementale affichée tout au long du quinquennat en matière d’éducation, les politiques menées n’auront pas été à la hauteur. Bien qu’il se félicite depuis septembre de la réforme du collège et du nombre de professeurs allant en augmentant, les inégalités et les dysfonctionnements territoriaux persistent encore et toujours en France. En effet, à quoi sert-il donc de mettre tous les moyens dans une réforme qui ne s’attache quasiment uniquement qu’au contenu disciplinaire alors que le problème est majoritairement social ?

Une question de moyens

Certes, des postes ont été créés chez les professeurs, ce qui est rassurant compte-tenu des 43000 élèves supplémentaires cette rentrée, mais que penser de l’absence totale de création de postes chez les Conseillers Principaux d’Education et les Conseillers d’Orientation Psychologues ? De plus, la consigne donnée de remplissage maximal des classes n’augure rien de bon pour l’amélioration des conditions d’étude. La promesse de créer 60000 postes en 5 ans ne pourra être tenue que si ces postes sont variés : les établissements n’ont pas uniquement besoin de professeurs pour fonctionner et accompagner les élèves mais également d’Assistants d’Education (dont les postes sont parfois pourvus par des jeunes en service civique complètement sous-payés), d’infirmiers, d’assistants sociaux.

Enfin, on nous parle d’école publique et gratuite alors que selon l’association Familles de France, le coût moyen de la rentrée scolaire pour un enfant entrant en sixième est de 190,24 euros cette année. Et si l’État a augmenté son budget, il a diminué ses aides territoriales laissant ainsi au choix des collectivités (majoritairement de droite) la répartition des aides. Aides qui disparaissent petit à petit : les aides sociales à la restauration et à la culture viennent d’être supprimées en Picardie, prenant pour prétexte la baisse des dotations de L’État et le coût de la fusion avec le Nord-Pas-de-Calais ; en Seine-et-Marne le département a abandonné sa politique des transports scolaires gratuits, le tarif d’un pass transport pour un lycéen s’élève donc désormais à près de 350€ l’année ! Jamais les CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) n’ont été autant sollicités et les activités périscolaires prônées lors de la réforme des rythmes en primaire sont de plus en plus réservées aux familles pouvant se le permettre puisque les mairies les font souvent payer.

L’exemple du 93

L’éducation est primordiale dans une société. Essentielle dans une vie. C’est d’ailleurs une des priorités qu’avait énoncé notre gouvernement en 2012. Or, depuis des années, l’école est en difficulté et le climat est loin de s’améliorer.

L’école du manque et des inégalités

La Seine-Saint-Denis (93), en est l’exemple le plus concret : enseignants, directeurs et parents d’élèves crient à l’injustice. Selon une étude de la Cour des Comptes de 2012, l’Etat dépenserait 47% de plus pour un élève parisien que pour un élève du 93 entre le primaire et le lycée. Alors, les classes sont surchargées, atteignant 30 élèves en collèges et lycées. Nicolas Sarkozy, durant son quinquennat, a supprimé pas moins de 80.000 postes d’enseignants ; Hollande n’aura pas rattrapé ce manque de professeurs. Aussi, les remplacements sont très difficiles voire inexistants dans le 93. La rentrée catastrophique de 2014 en est la preuve : 20 classes de primaire se sont retrouvées sans enseignants début septembre. Il aura fallu des grèves et plusieurs semaines pour que chaque classe ait un professeur.

Une priorité de façade

En 2014, quand Vincent Peillon annonce la réforme des ZEP, c’est un regain d’espoir pour la Seine-Saint-Denis, dont beaucoup d’établissements sont touchées par ce programme. Un tout nouveau nom (REP) et plus de moyens débloqués. Mais quand les professeurs se rendent compte de la réalité, c’est la désillusion : des heures en plus pour les enseignants afin de travailler en profondeur sur le projet pédagogique entre eux, oui, mais autant d’heures supprimées dans les emplois du temps des élèves.

Manque de moyens, diminution conséquente des heures de cours, postes manquants, remplacements impossibles, établissements qui se ferment, aucune solution pour les « décrocheurs »… L’éducation des élèves du 93 est très fragile. Les parents d’élèves et les enseignants tirent la sonnette d’alarme et dénoncent ces élèves oubliés.