Edito : La démocratie, de la rue au palais du Luxembourg

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Ce week-end a été un grand moment de démocratie en France. De multiples manifestations samedi et une élection dimanche.

Deux formes d’expression démocratique aux conséquences radicalement différentes. Commençons par les manifestations.

La plus médiatisée fut celle de Jean-Luc Mélenchon, député des Bouches-du-Rhône, candidat malheureux par deux fois à la présidentielle, ancien sénateur socialiste et figure de proue de la France Insoumise. Le profil n’est pas vraiment celui d’un dangereux extrémiste anti-parlementaire.

Pourtant de son discours place de la République devant plusieurs dizaines de milliers de ces partisans, le gouvernement n’aura retenu qu’une malheureuse figure de style historiquement fausse.

Il est aussi certain qu’on ne peut pas attribuer la défaite des nazis à la rue, qu’il n’est pas possible d’y voir une comparaison entre l’actuel gouvernement français et celui du IIIe reich. La critique est d’autant plus malvenue quand elle vient de Castaner qui semble confondre son rôle de porte parole avec celui d’un commentateur de RMC tant ses propos sont régulièrement outranciers.

La réaction du gouvernement et des ses alliés prouve qu’il est plus simple pour eux d’aller à la recherche du discrédit de l’opposant que de chercher à justifier une loi injuste qui vient donner tous pouvoirs au patronat.

Cette polémique a également permis d’effacer plusieurs dizaines de milliers de manifestants à travers toute la France qui ont défilé pour la paix. A l’heure des déclarations martiales de Donald Trump, de la course à l’armement entre les grandes puissances, de la multiplication des interventions françaises à l’étranger, le camp de la paix a été médiatiquement étouffé.

C’est peut être le plus grand reproche qu’on peut faire à Jean-Luc Mélenchon pour ce week-end. Au-delà de ses approximations historiques sur la seconde guerre mondiale, il existait un enjeu gigantesque à sa présence à la manifestation pour la paix. Il avait été le seul candidat à la présidentielle à en faire un axe de campagne, il est regrettable qu’il ait par petit calcul politicien, choisi de faire l’impasse sur la paix ce week-end.

Non seulement le camp de la paix a été privé d’un de ses meilleurs tribuns, mais en plus il s’est retrouvé parasité par une manifestation, regrettablement, devenue concurrente.

Dimanche matin, la mort d’une parachutiste français dans la “zone irako-syrienne” a cruellement rappelé à quel point le combat pour la paix doit être une priorité.

Puisque pour Jupiter, la démocratie ce n’est pas la rue, on aurait pu s’attendre à ce qu’il célèbre le renouvellement de la moitié du Sénat. Le Président de la République n’a pas daigné commenter une bien amère défaite. Si le mode de scrutin n’est pas propice aux changements soudains, on aurait pu s’attendre à ce que le camp présidentielle se renforce quelque peu auprès des grands électeurs de droite ou encore anciennement socialistes. Pari perdu pour la République en Marche qui déclare tristement :

“Si les grands électeurs n’ont pas encore acté le dépassement des clivages que les Français ont déjà opéré dans les urnes à l’occasion des élections présidentielles et législatives, nous allons travailler à construire des majorités d’idées en rassemblant le plus possible de sénateurs autour des réformes que nous portons pour transformer notre pays.”

On comprend toutefois aisément l’inquiétude modérée de la majorité présidentielle face à la couleur de la chambre haute, la proximité idéologique sur les politiques menées devrait permettre une cohabitation feutrée. Bien plus qu’avec “la rue”.

 

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