Edito : Déficit public, 3% pour ignorer le débat

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Pour la première fois en plus de 10 ans, le déficit public de la France passe sous la barre des 3%. Le déficit restant un déficit, la dette publique continue elle d’augmenter, puisque par définition, si on dépense plus que l’on a de recette, il est nécessaire de s’endetter.

Ce seuil que, gouvernement après gouvernement, mesure d’austérité après mesure d’austérité, il était impératif d’atteindre est atteint. Pourtant la dette publique, l’horrible, la terrible dette publique, celle qui menace les générations futures, continue d’augmenter.

Son augmentation est tout juste ralentie, elle est passée de 96,6% du PIB à 97%, ce qui représente 66 milliards d’euros supplémentaires. Le déficit public se situe lui à 2,6% du PIB, contre 3,4% l’année dernière, ce qui permet à la France de revenir dans les clous fixés par les traités européens. Clous dont la France avait, à plusieurs reprises, obtenu de ne pas avoir à les respecter sans qu’aucune “sanction” ne soit prise. Les règles européennes ne sont pas si absolues.

Le déficit public se calcule en prenant l’intégralité des dépenses publiques, Etat et collectivités territoriales, mais également de protection sociale et en  y comparant les recettes. La somme ainsi obtenue est ensuite comparée au PIB, dont la méthode de calcul fait l’objet de régulières négociations. Le trafic de drogue a ainsi fait son entrée dans le calcul du PIB français cette année.

Difficile de trouver une explication rationnelle au seuil de 3%, mais le plus embêtant n’est même pas là, il est difficile de comprendre la pertinence du déficit public comme indicateur. Pourquoi donc aller additionner les dépenses de santé de la sécurité sociale, aux dépenses militaires de l’Etat et celles d’un gymnase dans une collectivité, prendre le déficit volontaire du budget de l’Etat étendre sa responsabilité aux collectivités territoriales et à la Sécu, pour ensuite en faire un pourcentage, d’un calcul bidon intégrant des estimations de trafics illicites ?

Le ministre de l’économie Bruno Le Maire y voit apparemment un intérêt puisqu’il s’est empressé de qualifier de “bonne nouvelle” l’annonce de l’INSEE sur France Info, qu’il attribue aux “décisions courageuses que nous avons prises” comme “la réduction des aides au logement” et la baisse “du nombre d’emplois aidés”.

Il s’est toutefois empressé d’indiquer qu’il reste “un chemin important à faire”. Il sera en effet dommage que l’argument principal aux mesures d’austérité disparaisse. Le ministre de l’économie s’est même permis de préciser qu’un déficit restait un déficit et de faire appel à “nos enfants” pour indiquer qu’il fallait réduire la dette.  Réduction qui ne peut naturellement passer que par la réduction de la dépense publique, puisque tout augmentation des mécanismes de redistribution est exclue. Les choix économiques injustes ne vont pas disparaître. Le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) de l’Union Européenne établit ainsi une règle de 0,5% maximum de déficit public structurel, dont le calcul est là aussi affaire de choix politiques…

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