Edito : La classe des fainéants, c’est celle que Macron défend

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En chute libre dans les sondages, le Président de la République s’est livré à un curieu exercice d’insulte de ses opposants à Athènes. Les qualifiant tour à tour de fainéants, de cyniques et d’extrêmes, on ne peut que s’interroger sur les raisons d’un tel écart chez le Président qui nous avait habitué à une communication maîtrisée.

Alors qu’il était à Athènes pour prononcer un discours, se voulant fondateur, sur la rénovation de l’Union Européenne, cette sortie est pour le moins surprenante. Est-ce le reflet d’un profond mépris de classe, E. Macron se pensant, dans un instant d’égarement, à nouveau à la machine à café de chez Rothschild ? Est-ce, déjà, l’expression de l’amertume du tout nouveau président, de se voir, si vite, si impopulaire seulement quelques mois après son élection triomphale ?

Ou peut-être que ce n’est pas un dérapage. Peut-être s’agit-il d’une sortie bien calculée à destination des franges les plus conservatrices de la société, qui se font aisément conquérir par des propos outranciers.

Il assure d’ailleurs assumer une forme de provocation.

Fort de la majorité absolue qu’il détient à l’Assemblée Nationale et de l’absence d’une opposition représentant une alternative crédible, il n’a en réalité aujourd’hui pas grand chose à craindre. La recomposition de la droite s’annonce déjà laborieuse, aucun chef naturel ne semble émerger, et la rupture entre l’aile libérale et l’aile conservatrice semble consommée.  A gauche, la stratégie hégémonique de la France Insoumise, n’apparaît pas comme une solution à la balkanisation des forces politiques progressistes.

Il peut se permettre ce genre de propos qui visent à discréditer tous ceux qui s’opposent à lui. Le refus des logiques absurdes qui ont conduit à la rédaction des ordonnances seraient ainsi nécessairement l’oeuvre des fainéants, des cyniques et des extrêmes.

Les qualificatifs retenus par le président méritent qu’on s’y arrêtent. Qui sont les fainéants en France aujourd’hui ? Les salariés de GM&S ou la famille Peugeot ? Qui sont les cyniques ? Ceux qui risquent de perdre leur treizième mois ou ceux qui ont décidé de massacrer le droit du travail au milieu de l’été ? Qui sont les extrêmes ? Ceux qui vivent de leur travail et souhaitent pouvoir le faire dans de bonnes conditions ou ceux qui voient dans tout encadrement de l’exploitation, quelque chose d’inadmissible ?

Il ne faut pas perdre de vue que contrairement à la précédente déclaration du président, ce ne sont pas tous les français qui ne veulent pas de réformes. Il y a aujourd’hui une classe qui profite de l’organisation de l’économie et une qui a intérêt à son changement. Celle qui ne veut pas de changement, c’est celle des actionnaires. C’est celle que défend Macron. Il n’est pas du camp du changement, il est dans celui des fainéants, des cyniques et des extrêmes.

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Collectif de rédaction d'Avant Garde