Dans les lycées généraux, une fin d’année pour rien ?

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Alors que deux zones scolaires sur trois ont repris les cours cette semaine, élèves et professeurs se préparent à une fin d’année toute particulière, en raison du nouveau calendrier du baccalauréat. 

75 % de la note du bac déjà connue

Après une adoption dans la douleur et par la force en 2018 et des années de lycée sous Covid, cette année scolaire a été la première à voir s’appliquer la nouvelle mouture du baccalauréat voulu par la réforme de Jean-Michel Blanquer. 

Avec des épreuves de spécialités au mois de mars et des résultats connus depuis le 12 avril, auxquels il faut ajouter la note du bac de français passé en première, les terminales connaissent d’ores et déjà 75 % de leur note. 

En comptant la clôture de Parcoursup, le contrôle terminal générant un stress incessant et les épreuves terminales désormais derrière eux, le risque d’une démotivation et d’une perte de sens guette chaque élève. 

Pour Noa, élève de Terminal à Épinal, « plus grand monde ne suit ce qu’on fait en cours, et on est de moins en moins dans les classes ». 

En effet, dans une année scolaire tout entière tournée autour du baccalauréat et de Parcoursup, la seule perspective de l’épreuve de philosophie et d’un « grand oral » aux modalités toujours aussi floues incite certains à rester chez eux. D’autant que l’année scolaire n’a pas attendu le mois de mai pour être désorganisée. 

Les apprentissages à l’arrêt dès le mois de mars

Épreuves de spécialités au mois de mars obligent, les deux enseignements principaux des élèves de terminale ont pris fin il y a déjà presque deux mois. 

Au final, c’est donc quasiment un trimestre de cours et donc d’apprentissage dont se retrouve amputée l’année scolaire des élèves de terminale. 

Mais cette désorganisation de la fin de l’année impacte aussi les autres classes. Entre la semaine de révisions, le passage des épreuves et les corrections de copies, ce sont l’ensemble des élèves du lycée qui ont vu certains enseignements disparaître des emplois du temps pendant une semaine. 

Alors que, selon la Cour des comptes, 10 % d’une année scolaire est perdue à cause de professeurs non remplacés pour absences ordinaires, ces cours annulés viennent s’ajouter à une baisse des heures de cours dispensés aux élèves.

Des inégalités renforcées

Que ce soit sur le terrain de l’absentéisme ou des conséquences de la perte d’heures de classe, cette fin d’année scolaire risque de renforcer les inégalités scolaires et sociales. 

Raphaëlle Mounier, responsable du SNES-FSU 14, explique sur France Bleu Normandie que « ce sont les élèves les plus en difficultés scolaires et sociales qui vont être absents ». 

En effet, il y a fort à parier que les élèves donnant du sens à leurs apprentissages, étant à l’aise avec le système scolaire, maintiendront une présence assidue, ce qui ne sera pas le cas de celles et ceux pour qui l’institution scolaire représente un lieu d’échec qu’ils n’attendent que de quitter. 

Concernant les heures de cours en moins aussi, les élèves les plus favorisés compenseront ces absences de cours par un travail personnel encadré par les parents, des « coachs scolaires » ou autres dispositifs privés. 

Les autres, pour qui le service public de l’éducation est le seul lieu des apprentissages scolaires, se contenteront du minimum.