Crise d’adhésion dans les partis politiques ?

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Le refrain tourne en boucle. Les partis seraient dépassés, à côté de la plaque, plus personne n’y croirait plus. Qu’en est-il vraiment ? Les partis politiques sont-ils devenus des coquilles vides de militants ?

Hémorragie chez Les Républicains et le Parti Socialiste.

Hier encore, ces deux partis se fixaient des objectifs en centaines de milliers d’adhérents. En 2014, les deux formations tablaient sur 500 000 adhérents en 2017, ils comptaient alors chacun plus de 200 000 adhérents. Le mandat de François Hollande et la campagne présidentielle qui l’a suivi auront fait du mal aux deux formations.

Les Républicains admettaient en 2017 n’avoir plus que 145 000 membres à jour de cotisation. Le Parti Socialiste, plombé par un bilan présidentiel au service du patronat, et par les scissions et divisions internes, a sombré, au lendemain de l’élection présidentielle, il revendiquait encore 120 000 adhérents, mais seulement 42 000 cotisants. Au dernier congrès, seuls 37 000 militants sont allés voter (contre 71 000 au congrès précédent, et 132 000 en 2008).

Le Parti Socialiste a souffert d’un nombre important de changements d’appartenance partisane, à la fois de militants ayant décidé d’assumer jusqu’au bout leurs abandons et leur ralliement au capitalisme le plus décomplexé en rejoignant En Marche, d’autres croyant porter le flambeau du véritable « socialisme » en rejoignant le mouvement Génération.s de Benoît Hamon. Autre scission du PS, la France Insoumise a réussi à opérer un rapprochement avec les anciens camarades de Jean-Luc Mélenchon appartenant à la tendance de la Gauche Socialiste au sein du PS.

« Mouvements » une renaissance de l’engagement ?

Présentés comme la forme qui assure un renouveau de la politique, en exploitant à fond les potentialités d’internet, les mouvements annoncent des effectifs qui rappellent les grandes heures des partis politiques : La République en Marche n’hésite pas à en revendiquer 400 000. La France Insoumise va jusqu’à 580 000.

En réalité, ce qui est comptabilisé par ces formations, c’est un nombre d’inscriptions sur internet. Sans cotisation, souvent sans lieu de souveraineté clairement identifié, ces « adhérents » ne correspondent pas à des effectifs investis dans l’action et la propagande partisane, pas plus que dans la construction de la ligne politique de leur organisation.

La participation aux quelques « consultations » qui se font sur les plateformes internet donne une idée du nombre de personnes effectivement actives dans ces mouvements, même si un clic sur internet ne présuppose une activité militante effective sur le terrain. Ainsi, à la dernière consultation organisée par les Insoumis pour valider leur liste aux européennes, 18 000 clics ont été recueillis, soit un taux de participation d’un peu plus de 3%.  

Ces mouvements semblent taillés pour les échéances électorales, mais n’ont pas la réussite qu’on leur prête dans la construction du rapport de force politique au quotidien, dans le militantisme de terrain. Ils montrent rapidement leurs limites dans la construction des consciences politiques et l’implication durable de militants dans les luttes.

Le maintien d’une structure communiste

Le déclin du PCF a été engagé dans les années 1970, bien avant celui des autres grands partis politiques, et n’a jusqu’ici pas été endigué. Toutefois, les derniers chiffres de la cour des comptes sur le financement des partis politiques font ressortir le PCF comme la première organisation politique en termes de cotisants. Pour son XXVIIIème Congrès, le Parti Communiste Français comptait 50 000 adhérents à jour de cotisation et plus de 30 000 votants. Il reste donc une force militante qui compte, surtout dans des départements d’implantation historique.

A la veille du XXVIIIème Congrès, cinq fédérations dépassaient les 2000 adhérents le Pas de Calais, le Nord, les Bouches du Rhône, le Val de Marne et la Seine Saint Denis. Entre les deux derniers congrès, 30 fédérations ont gagné des adhérents, ce qui n’a pas compensé une tendance à la baisse au niveau national et une perte de 3000 adhérents entre les deux congrès.

Le XXVIIIème Congrès a porté un regard critique sur les positions tenues par le Parti ces dernières années, dénonçant l’effacement derrière d’autres forces politiques, une pratique qui n’a pas permis, dans le rassemblement, de propager les mesures et les idées des communistes parmi les travailleurs. Le PCF, par la voix de son secrétaire national, s’est donné un objectif de 55 000 adhérents en 2019, et compte sur la campagne des élections européennes, mais aussi sur des campagnes structurantes de long terme, comme celle engagée contre le coût du capital, pour reprendre la place qui doit être celle du Parti des travailleurs et des travailleuses dans le débat politique.