Covid 19 et la nouvelle guerre froide

Redaction

Le Covid-19 régulièrement qualifié de « virus chinois » par le président américain est l’occasion de campagnes de désinformations massives. Les insinuations sur les lacunes de la gestion de la crise sanitaire s’inscrivent dans une logique d’affrontement antérieur à l’épidémie sur fond de rivalités commerciales qui commencent à ressembler à une nouvelle guerre froide. 

L’affrontement États-Unis — Chine

Depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, on assiste à une montée en puissance des attaques envers la République Populaire de Chine. Même si depuis janvier les critiques envers la RPC et le PCC se font par rapport à la gestion de la crise sanitaire du Covid-19 on a déjà pu assister à d’autres campagnes contre le socialisme chinois. 

Depuis le début de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, tout est bon pour attaquer et tenter de déstabiliser la Chine ; qui offre aujourd’hui une alliance alternative  pour les pays en développement qui veulent s’affranchir des puissances occidentales. On peut voir un lien évident entre la montée en puissance de la RPC et ces campagnes de diffamation. Il ne faut pas oublier les publicités de YouTube par exemple qui présentaient les troubles à Hong Kong comme une bataille entre « le monde libre » et le PCC. Or la réalité est bien loin d’être si simple et caricaturale.

Le Covid-19 source de plusieurs campagnes médiatiques antichinoises

On peut d’ores et déjà diviser de façon un peu schématique la campagne médiatique et diplomatique contre la République populaire de Chine (RPC) en trois phases plus ou moins distinctes mêmes s’il y a des enchevêtrements entre elles. 

La première a consisté à critiquer une soi-disant inaction du gouvernement chinois lors des premières étapes de la crise. 

La deuxième, paradoxalement, a été de mettre en cause une trop forte réponse de la part du gouvernement de la RPC, notamment par rapport aux mesures de confinement. 

Finalement, on assiste aujourd’hui à une déferlante de « fake news » et de théories du complot par rapport à l’origine du virus, et qui sont relayées sans vergogne par le pouvoir politique de certains pays et leurs relais médiatiques.

Mais peut-on accuser le gouvernement de la RPC de ne pas avoir agi avec l’urgence et le sérieux que cette crise demandait ?

Le déroulé de la crise en Chine

Les premiers cas du virus se manifestent à Wuhan dans la province du Hubei à la mi-décembre 2019. 

Le 31 décembre 2019, les autorités sanitaires de Wuhan recensent 27 cas de ce que pour le moment ils appelleront « pneumonie de Wuhan » suspectant un nouveau virus d’être apparu, mais sans non plus laisser place aux rumeurs et à la spéculation faute de preuves. 

Moins d’une semaine plus tard cependant, le 5 janvier, le quotidien du peuple (organe central du PCC) relaie la théorie d’un nouveau virus de type covid. Ceci est très important du fait des propos qui ont accusé les autorités chinoises d’avoir caché l’apparition d’un nouveau virus. Ces accusations qui vont durer jusqu’à la fin février sont cependant contradictoires avec la réalité. 

En effet, le 28 janvier le gouvernement chinois invite les experts de l’OMS (Organisation mondiale de la santé, dépendant de l’ONU) au Hubei. Le jour même, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanon, félicite les autorités chinoises pour leur transparence et leur action. 

Le 29 janvier, le secrétaire américain à la santé, Alex Azar, va féliciter aussi le gouvernement chinois pour sa transparence regrettant tout de même la négative du gouvernement chinois à accueillir des experts du gouvernement américain ce qui est compréhensible à cause du climat guerrier et de méfiance mise en place par le gouvernement de Trump depuis le début de son mandat. On peut donc déjà laisser de côté les critiques sur la transparence de côté car non conformes avec les faits.

Quant à la soi-disant inaction des autorités chinoises, il faut savoir que le marché de Wuhan suspecté d’avoir été le vecteur primaire de l’épidémie dans la ville est fermé le 1er janvier 2020 alors qu’on n’a pas dépassé la trentaine de cas déclarés. 

Des mesures de confinement assez strictes sont prises dès le 22 janvier dans la province de Hubei, foyer de l’épidémie, dans les principales villes infectées. À savoir Wuhan, Huanggang et Ezhou qui ensemble représentent une population de plus de 20 millions d’habitants. On peut imaginer la difficulté à mettre en place une quarantaine dans trois villes qui ont une population équivalente à un tiers de la population française. 

Cependant, le gouvernement chinois ne s’est pas arrêté là, et quelques jours plus tard les provinces voisines et finalement l’ensemble du pays sont mis en confinement avec différents niveaux de restrictions selon la gravité de la situation. C’est une tâche vraiment colossale et dont il est difficile de mesurer l’ampleur, car la population chinoise représente aujourd’hui à peu près 20 % de la population mondiale. 

Même si cette tâche pouvait sembler impossible, il ne faut pas oublier la puissance du système sanitaire chinois et l’apport du PCC qui, grâce à ses comités de quartier, a pu assurer le maintien du confinement, la désinfection des lieux publics ainsi que le ravitaillement des populations.

Il ne faut pas non plus oublier l’apport de l’Armée populaire de Libération qui dès le 22 janvier commence la construction de deux hôpitaux de campagne à Huoshenshan et Leishenshan dans le Hubei qui totalisent à eux seuls 2600 lits et qui seront réservés aux patients atteints du Covid-19. Cette prouesse est d’autant plus impressionnante du fait que ces deux hôpitaux ont commencé à traiter des patients à partir du 5 février soit moins de deux semaines après le début de leur construction.

Des critiques médiatiques largement injustifiées

On ne peut pas donc accuser le gouvernement chinois d’inaction, bien au contraire. Du coup les critiques de l’impérialisme se sont donc dirigées contre le confinement mis en place par les autorités locales et le gouvernement central de la RPC. Ces critiques sont aujourd’hui bien dépassées de par son caractère ridicule vu que les pays atteints du Covid-19 ont dû appliquer des mesures similaires, qui au passage étaient recommandées par l’OMS. On peut accuser cette offensive idéologique et médiatique contre les mesures de confinement d’avoir retardé la mise en place de mesures semblables dans les pays européens et donc d’avoir été la source de nombreuses morts facilement évitables en France ou en Italie par exemple.

Du fait de l’impossibilité donc de pouvoir critiquer de façon crédible la gestion de la crise par la Chine, on peut observer l’émergence assez récente de théories du complot qui accuseraient la Chine d’être responsable de l’apparition du virus. Ces théories vont de la contagion accidentelle du virus dans un laboratoire virologique de type P4 situé à proximité de Wuhan, en passant par l’hypothèse fantaisiste de l’arme bactériologique créé par l’armée chinoise, jusqu’au complot ridicule et absurde de la 5G déployée par l’entreprise chinoise Huawei. 

La Chine donne une leçon de solidarité

Tout cela accompagné d’un racisme lattant contre les populations asiatiques qui consiste à les faire passer pour des personnes sales, sans aucune hygiène, etc. Un exemple de ce racisme assez marquant et voulant remarquer l’origine chinoise du virus (comme si c’était l’intention de la RPC de tuer plusieurs milliers de leurs concitoyens et de paralyser sa propre économie au passage) est celui du terme « Kung Flu », utilisé par Donald Trump pour désigner le Covid-19.

Face à cela, le gouvernement de la RPC répond avec de la solidarité internationaliste. Nombreux sont les articles de presse qui font état de l’envoi de matériel médical et de médecins dans les pays qui subissent de plein fouet cette pandémie. De l’Italie à l’Espagne en passant par l’Amérique latine, l’aide de la RPC ne connaît pas de frontières.

Pour conclure, on peut dire que ces attaques et cette campagne de désinformation s’inscrivent dans une nouvelle guerre froide entre les États-Unis et leurs alliés et la Chine qui cherche à prendre une place dans le jeu international à la hauteur de son poids économique et démographique.