Face au contrôles au faciès, une nouvelle plainte

Alignement de camions de policeAlignement de camions de police CC0 | Domaine Public

Trois lycéens déposent plainte contre l’état pour « des faits de discrimination raciale ». Cette plainte est un peu différente de celles qui avaient abouti à la condamnation de l’Etat en novembre dernier. Cette dernière concerne en effet des faits ayant lieu sur le temps scolaire dans le cadre de sorties éducatives.

Une réalité reconnue

La violence sociale des contrôles de police est une réalité indéniable. Le racisme prospère parmi les membres des forces de l’ordre aboutissant à des pratiques inacceptables.

Au-delà des bavures qui par leur caractère abominables soulèvent les passions pour un temps, c’est le fonctionnement normal de la police qui est à remettre en question.

Les non-interventions, les plaintes refusées s’ajoutent à des comportements provocateurs et insultants. Couplé à des interventions inutilement musclés, la police se retrouve coupée des populations dont elle doit assurer la sécurité.

Les opérations de contrôles, guidés par des préjugés racistes, s’avèrent inefficaces et particulièrement destructrices. Inefficaces parce qu’elles n’atteignent pas leurs cibles, n’aboutissent pas à une baisse de la criminalité. Destructrices, parce qu’elles marquent un rejet d’une partie de la population, par des agents représentant l’Etat.

Un abandon politique face à la corporation policière

L’institution policière est aujourd’hui gangrenée par des logiques racistes et corporatistes. Cependant elle reste l’instrument de l’Etat et des intérêts qu’il défend. A ce titre son action pendant la mobilisation contre la loi travail est une bonne illustration.

S’il existe dans la police des éléments guidés par des motivations idéologiques et qui agissent en faveur d’intérêts politiques, ce n’est pas la majorité. Aussi la classe dirigeante porte l’entière responsabilité de l’action de la police.

C’est en ce sens qu’il est intéressant que la plainte vise l’Etat et non pas spécifiquement des agents de police. Ces derniers bien que responsables de leurs actes, dans le cas des contrôles au faciès, sont davantage des exécutants d’une politique que des acteurs conscients.

La complaisance de l’Etat envers les réactions corporatistes des policiers est criminelle. La même classe dirigeante qui fustige les salariés en grève, dénonce leur « violence » en manifestation, est prêt à les condamner pour avoir lutté pour leur emploi, semble tout céder à la police.

Par racisme peut être. Par intérêt assurément. Montrer quotidiennement la force de l’Etat à travers des contrôles humiliants et ségrégationnistes permet de casser les aspirations à une société plus égalitaire.

L’école de la république mais pas trop

La violence de l’Etat ne s’arrête pas à la porte des écoles. Cette dernière n’a jamais été et ne pourra jamais être un havre d’égalité au milieu d’une société inégalitaire.

Elle bénéficie pourtant d’une telle perception à travers le mythe de l’égalité des chances. Non seulement cette égalité n’existe pas, mais de plus elle ne peut pas exister. Si certains doivent réussir et d’autres échouer comme le laisse entendre « l’égalité des chances », il ne peut pas y avoir d’égalité.

La démarche judiciaire entamée par les trois lycéens et leur professeur de français est intéressante parce qu’elle a permis de montrer que même au sein de l’école « républicaine », le racisme des contrôle de police est présent.

Ces logiques d’exclusions vont même bien au-delà de la police comme l’a montré l’attitude de certains musées qui vont même jusqu’à poser par écrit leur attitude discriminatoire.

Cependant les décisions de la cours de cassation et du conseil constitutionnel montrent les limites de ces démarches. De plus le fort écho médiatique de cette plainte est largement lié au fait que les contrôles aient eu lieu sur un temps scolaire. Le problème n’est cependant pas là.

Les contrôles au faciès appellent une réponse politique forte. Autant par la mise en place de récépissés malgré les récriminations corporatistes que par un questionnement plus large du rôle de la police.

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde