Allemagne, Merkel battue sur sa droite

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Ce dimanche, 75% d’électeurs Allemands se sont rendus aux urnes pour élire leurs députés.

Le résultat de ces élections ne constituait aucun suspense. Le bloc formé par l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU) et son «parti frère», l’Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU), partait à nouveau grand favori de ces élections fédérales, et Angela Merkel se voyait déjà chancelière pour la quatrième fois d’affilée. Mais, cette fois-ci, c’est un tournant de taille qui l’attend.

Le mandat qui s’achève aujourd’hui avait vu à nouveau la force politique d’Angela Merkel et le Parti Social-Démocrate d’Allemagne (SPD) former une grande coalition gouvernementale. Cette idée est à présent écartée par le SPD lui-même, qui affirme vouloir entrer dans l’opposition, probablement à cause de sa chute électorale historique.

Aujourd’hui, la CDU/CSU et le SPD ont obtenu respectivement 220 et 137 sièges au Parlement, qui en compte 631 au total. Quelles forces politiques vont à présent peser dans le ring des négociations ?

Le retour d’un parti de droite dure

En 2013, le Parti libéral démocrate (FDP) avait été exclu du Bundestag, faute d’avoir passé la barre des 5% nécessaires. Depuis, il a effectué une mutation radicale, notamment en matière de politique internationale.

Son chef de file, Christian Lindner, affirme par exemple que la Grèce devrait sortir de l’euro, la Russie maintenir l’annexion de la Crimée et les réfugiés retourner dans leur pays d’origine, des idées dangereuses d’un point de vue économique et social, allant frontalement à l’encontre des positions d’Angela Merkel.

Aujourd’hui, avec 10,7% des voix et 67 sièges, le FDP a pourtant de fortes chance d’entrer dans la majorité gouvernementale.

L’entrée de l’extrême droite au Parlement  

Depuis son échec aux dernières élections fédérales, le parti Alternative pour l’Allemagne (AFD) va de succès en succès dans les différentes élections régionales, dépassant même les 20 % dans quelques Länder à l’Est du pays. Ses dirigeants surfent sur le mécontentement d’une partie de la population face à la politique pro-migratoire et pro-européenne d’Angela Merkel, et multiplient les provocations insultantes, racistes voire négationnistes…

En effet, il y a quelques jours, le co-fondateur de l’AFD et candidat à la chancellerie Alexander Gauland déclarait qu’il fallait être fier des performances des soldats allemands durant les deux guerres mondiales. Or, ce dangereux parti d’extrême droite a recueilli aujourd’hui 12,6% des suffrages, un score qui lui offre 87 sièges au Parlement, une première depuis la seconde guerre mondiale.

Le “modèle allemand” en crise ?

Le taux de croissance du pays est au plus haut depuis 5 ans, l’accueil massif des réfugiés aurait ainsi dopé son économie. Le taux de chômage a également connu une forte baisse ces dix dernières années.

Cependant, ce bilan économique cache une réalité bien moins rose. Explosion des «mini-jobs» et du sous-emploi, multiplication par deux du pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté, 30% de pauvreté supplémentaire chez les retraités, terrible endettement des communes, … Les inégalités et la précarité s’accentuent.

A cela s’ajoute la question irrésolue du rôle que veut jouer le pays dans le monde et en Europe, puisque les questions européennes divisent toujours plus la population.

Angela Merkel, qui s’oriente vers une coalition “jamaïcaine” (avec les Verts et le parti libéral FDP), compte pourtant s’efforcer de maintenir son cap.