A Toulouse, un colloque féministe est interrompu par des masculinistes

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Vendredi, à Toulouse, les étudiants et chercheurs de l’Université de sciences humaines et sociales (Jean-Jaurès) ont été confrontés à un déchainement de haine néonazie en ligne lors d’un colloque féministe intitulé “Nos vies changent la vie entière, 50 ans de MLF !”. Vers 16h00 la conférence a dû être interrompue précipitamment. Suite au communiqué de l’Union des étudiants et étudiantes communistes de Toulouse, nous leur avons demandé plus d’informations.

Les faits 

La conférence traitait de l’éducation genrée dans le primaire et le secondaire, et avait pour intervenantes des militantes de l’association « Matilda Education » et une inspectrice de l’Académie de Toulouse. Suite à l’énonciation d’un livre, “Otto, autobiographie d’un ours en peluche” portant sur l’amitié de deux enfants allemands, dont l’un juif qui a dû fuir la montée du nazisme, des propos intolérables ont été tenus dans la discussion liée. 

Sous des pseudos aussi connotés que “Pr. FAURISSON” ou “Alain Soral”, ces propos allèrent jusqu’à “HEIL HITLER” accompagné de la diffusion vidéo, d’un jeune homme, blond, torse nu grimé d’une croix gammée. Lors de la diffusion d’une vidéo sur l’invisibilité des femmes scientifiques, les mêmes trolls ont eu accès à l’écriture sur le partage d’écran pour en recouvrir le documentaire de phallus, le censurant et écrire “Féminazie” en lettres capitales sur l’écran partagé à tous les spectateurs de cette piètre scène. Malgré l’intervention des modératrices, le colloque a dû s’interrompre. « Ils allaient jusqu’à mettre leur micro pour couper la parole aux intervenantes, il n’était plus possible de suivre » témoigne une participante. 

L’idéologie qui se cache derrière des pseudos 

Derrière ces faits ineffables, se cachent des jeunes du forum 18-25 de jeuxvideos.com, terrier de l’extrême-droite, terreau du masculinisme, qui pour passer leur temps s’essayent à l’apologie de ce qu’il s’est fait de pire et diffusent par la même occasion des idées honteuses et une conscience crasse. 

Dans son communiqué, l’Union des étudiants communistes de Toulouse réprouve et appelle l’Université Toulouse Jean Jaurès, la FRAMESPA, le Comité d’organisation et les responsables de la conférence à ne pas laisser ces faits impunis et à ne pas laisser leurs préjudices loin de la justice. D’après Anna, une étudiante communiste qui avait participé au colloque, l’Université n’a toujours pas donné de nouvelles. « Nous étions une demi-douzaine de camarades à suivre ce colloque. Notre premier réflexe a été de prendre le plus de captures d’écran possible. Ensuite, nous les avons toutes envoyées au comité d’organisation de l’événement. Le comité nous a demandé nos témoignages écrits et ne veut pas en rester là. Malheureusement, pour l’instant la fac n’a pas encore donné de suite… » nous indique-t-elle. L’espoir n’est pas perdu : le communiqué des étudiants communistes de Toulouse a permis la sortie d’un article dans La Dépêche lundi dernier. 

La plateforme zoom bien connu pour son insécurité 

Cet événement a dévoilé un sérieux problème de cybersécurité. Il n’est pas inconnu à chacun, le fait que la plateforme Zoom présente des failles en grand nombre sur la question de la cybersécurité. Nous pouvons légitimement nous demander comment se fait-il, micros et conversations pourtant coupées, comment des individus sans passe-droit ont pu avoir accès aux moyens  d’annoter l’écran ? Comment se fait-il également, alors que l’application est utilisée par l’Université depuis des mois, que des colloques s’y déroulent sans aucun moyen de filtrer les participants ou que les responsables n’aient pas été formés à utiliser l’application pour prévenir ce genre de problèmes (connu pourtant depuis le premier confinement sous le terme de zoombombing) ?

Les étudiants communistes de Toulouse demandent aux universités de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour sécuriser les visioconférences ou bien en abandonnant Zoom pour une meilleure alternative, ou encore en formant le personnel universitaire sur ces problématiques. 

En attendant, les cours continuent via zoom pour l’Université Toulouse Jean-Jaurès.