A Toulouse, Ian Brossat dénonce l’Europe de l’argent

Rédaction | Avant Garde

La tête de liste du PCF pour les élections européennes a réuni plus de 350 personnes à Toulouse dans un meeting électoral. L’occasion pour le communiste de faire entendre une autre voix dans le débat public.

Une ambiance festive et un public au rendez-vous

La salle est décorée aux couleurs du Parti communiste, des militants ajoutent des sièges au fur et à mesure que le public afflux. On se montre presque surpris du succès du rendez-vous. Une librairie propose des livres à la vente en face d’une buvette qui rencontre davantage de succès. Les jeunes communistes tiennent leur table et font adhérer un jeune venu voir “en vrai” Ian Brossat, la tête de liste du PCF pour les élections européennes. La scène est sobre, un pupitre dans la lumière et des chaises dans la pénombre. Sur l’écran, un portrait de Ian Brossat et son slogan de campagne “L’europe des gens, pas l’europe de l’argent”.

Les militants continuent à s’activer pour installer toujours plus de chaises, jusqu’à ce qu’il faille se rendre à l’évidence qu’une partie du public devra assister debout aux différentes interventions. La sono crache “Bella Ciao”, on se lève pour prendre des photos avant de se rasseoir. La buvette continue de servir à un rythme toutefois moins soutenu. Les lumières s’éteignent pour que seule la scène se détache dans la pénombre de la salle. Une présentation des interventions est faite et le meeting commence par la plus jeune.

Les différents intervenants sont copieusement applaudi, de même pour les vidéos de candidats qui entreposent les interventions. Ian Brossat, bon tribun capte l’attention de l’assistance pendant 40 minutes sans jamais les perdre. Son discours est régulièrement coupé par les rires et les applaudissements d’un public, certe acquis, mais qu’il prend plaisir à tout de même conquérir.

La France du travail mise en avant

De Roséane, conseillère nationale du mouvement des jeunes communistes de France (MJCF) à Ian Brossat, en passant par Pierre Lacaze, secrétaire fédéral du PCF de Haute-Garonne, mais aussi Benjamin Amar, militant CGT, le trait commun entre ces militants de générations différentes et de territoires différents, était la nécessité de remettre les droits des travailleurs au coeur du débat politique.

Un clivage de classe réaffirmé par des colistiers avident de démontrer que la réelle opposition ne se situe pas entre “progressistes et nationalistes” mais entre le travail et le capital. Pour Roséane c’est un engagement logique pour sa génération qui “n’a connu que les reculs sociaux”. Pour le militant syndical, il est “impossible de trahir les [siens] ni [sa] classe”. Pour le responsable communiste c’est “la seule pour faire entrer une ouvrière au parlement européen”.

Pour Ian Brossat :

“L’europe de l’argent, ce n’est pas un slogan, c’est une réalité, regardez qui dirige la commission européenne ! Jean-Claude Junker. Fallait le trouver ! Il était chef d’état du Luxembourg, un paradis fiscal. C’est lui a mis en place ces règles fiscales. C’est lui qu’on met à la tête de l’Union européenne. Fallait le trouver ! Il a été choppé le doigt dans le pot de confiture dans des affaires d’optimisation fiscale le concernant directement. Quand on dit l’europe de l’argent, ce n’est pas un slogan, c’est une réalité.

Nous nous voulons une autre europe. L’europe des gens. L’europe du travail. Pour nous c’est fondamental. Nous voulons une Europe dans laquelle on puisse vivre dignement de son travail.”

L’engagement internationaliste de la liste du PCF

Miguel Viegas député européen du parti communiste portugais n’a d’ailleurs pas dit autre chose lors de son intervention. Revenant sur le rôle déterminant du PCP dans les mesures sociales prises par le gouvernement socialiste, il a notamment insisté sur le caractère fragile des victoires remportées face à un capital en crise perpétuelle. Un rappel important pour le portugais qui insiste sur la nécessité de porter la voix des travailleurs face aux instances de l’Union européenne.

Il appuie son propos en rappelant les tentatives de ces dernières d’empêcher la politique sociale du gouvernement portugais. Il conclut son discours par un salut à la solidarité internationale dont a toujours fait preuve le PCF, notamment quand il accueillait en France son père qui refusait de participer à la guerre coloniale de Salazar.

La solidarité avec les migrants face aux logiques d’extrême droite

Cemil Renklicay, co-président du conseil démocratique kurde en France tout en partant des persécutions subies par sa famille en Turquie a rappelé sa fierté d’être communiste et tout ce que ça signifiait pour elle. Réfugiée en France après avoir fuit la Turquie d’Erdogan, elle a dénoncé avec force l’accord honteux conclu entre Erdogan et l’UE contre les migrants. L’occasion également pour elle de conspuer l’attitude criminelle du ministre de l’intérieur italien Salvini qui a mis fin aux missions de sauvetage des ONG.

Un discours rejoint par Pierre Lacaze qui rappelant que Toulouse fut la capitale des réfugiés espagnols après la guerre d’Espagne, a qualifié de “déshonneur” la politique de l’UE face aux réfugiés. Il a fustigé une France et une Union européenne dont les politiques vis à vis des migrants sont dictées par des logiques d’extrême droite. Le dirigeant communiste a ponctué son discours du slogan espagnol “No passaran” appelant à faire de la liste du PCF, la liste antifasciste.

Pour sa camarade kurde, les politiques migratoires de l’UE sont en lien direct avec ses politiques extérieures. “Pas de paix en Europe sans paix au Moyen-Orient”, derrière cette affirmation un appel plus large à agir en faveur de la paix et du droit à l’autodétermination des sarahouis jusqu’au Palestinien. Considérant la solidarité internationale comme devant être au coeur du combat porté par la liste, elle a rappelé deux revendications emblématique de cet engagement, avec la reconnaissance de l’Etat de Palestine et le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes de l’UE.

L’adversaire médiatique

Plusieurs des intervenants sont revenu sur la composition annoncée du débat du 4 avril sur France 2, s’indignant que leur liste n’y soit pas. La faible exposition médiatique de l’élection européenne, condamne quasiment toute liste en dehors de ce débat à jouer les outsiders et hypothèque fortement leur possibilité de passer la barre des 5% nécessaire à l’obtention de parlementaires.

Une situation de censure et d’exclusion jugée incompréhensible à l’encontre d’un parti représenté dans les deux chambres parlementaires, disposant de députés européens sortants, du plus grand nombre d’adhérent et de plusieurs milliers d’élus.

Une incompréhension fort bien exprimée par Ian Brossat :

“J’ai découvert avec stupéfaction que France 2 envisageait que nous n’y soyons pas. Je vais vous le dire. Je vais même vous en faire la promesse. Nous y serons. On a l’habitude maintenant. Pendant des années on a envoyé des courriers. On leur a dit de bien vouloir nous inviter. On leur a dit ce n’est pas correct. C’est fini. On va se faire respecter. Comme c’est inacceptable nous ne l’accepterons pas. On va monter le son jusqu’au 4 avril de tel sorte que France 2 soit obligé de nous inviter.

Parce qu’on ne traite pas comme ça le parti communiste. Le parti communiste c’est plus de 7000 élus, plus de 800 maires, trois groupes parlementaires. C’est surtout des dizaines de milliers de militants à travers tout le pays. Des hommes et des femmes qui défendent des convictions. […] Nous avons la force de nos convictions. Ça se respecte. Ça ne peut pas se balayer d’un revers de main.”

Sur un dernier appel à se mobiliser fortement face à une forte abstention qui fait que chaque voix compte, la Marseillaise résonne dans la salle largement reprise suivit de l’Internationale. Le poing encore levés le public quitte tranquillement la salle, prêt à aller militer dès le lendemain.

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde