À Cuba, 65 ans de lutte pour l’émancipation des femmes

Tom Landry | Avant Garde

Ce 23 août, la Federación de Mujeres Cubanas (FMC) fête son 65ᵉ anniversaire.

En 1959, la Révolution cubaine entraîne de profonds bouleversements sociaux et économiques dans le pays. L’émancipation des femmes est alors une priorité du gouvernement conduit par Fidel Castro. La création de la Fédération des femmes cubaines (FMC), le 23 août 1960, en témoigne. Présidée par Vilma Espín, figure de la Révolution, la FMC devient une organisation de masse qui vise à intégrer les femmes à la Révolution.

Le régime militaire de Batista avait entretenu une société profondément patriarcale. Selon l’historien Salim Lamrani, en 1958, les femmes ne représentaient que 17 % de la population active, cantonnées à un rôle maternel. Alors que l’analphabétisme touchait 22 % de la population, les femmes en étaient les premières victimes.
Parmi les premiers objectifs de la FMC figuraient l’intégration des femmes à l’économie cubaine, l’assurance de l’égalité des chances grâce à l’alphabétisation et à l’éducation, ainsi que la mobilisation des femmes dans le travail politique et le processus révolutionnaire.

En 1979, Cuba fut le premier pays à signer et le deuxième à ratifier la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Un acteur majeur pour l’alphabétisation

En 1959, Fidel Castro fixe pour objectif l’éradication de l’analphabétisme en un an. La FMC est alors chargée d’identifier les femmes analphabètes et de les convaincre de participer à la campagne d’alphabétisation de masse qui se profile. En quelques mois, près de 400 000 femmes bénéficient de l’enseignement. Parmi elles, des milliers, jusque-là sans emploi, sont formées pour devenir enseignantes.
Les femmes ont joué un rôle indispensable dans cette campagne, qui a permis à Cuba d’être déclaré “territoire exempt d’analphabétisme” le 22 décembre 1961, le premier de la région latino-américaine.

Un pionnier pour l’éducation sexuelle

En 1972, la FMC initie la création du Groupe de travail national sur l’éducation sexuelle (GNTES) et la rédaction du programme national d’éducation sexuelle. Celui-ci sera enseigné à partir des années 1980 dans les garderies, collèges et universités. En 1988, les travaux du GNTES et de la FMC permettent à Cuba de se doter d’un Centre national d’éducation sexuelle (CENESEX). Loin de se cantonner aux enjeux hygiénistes, celui-ci s’emploie à la recherche et à la formation sur la vie sexuelle et affective. Il se bat également pour la reconnaissance et la préservation des droits des personnes LGBT.

Aujourd’hui, la Federación de Mujeres Cubanas continue d’agir en faveur de l’émancipation des femmes. Elle a notamment pour mission de garantir l’implication des femmes dans la vie politique du pays et de lutter contre les violences de genre qui persistent.