Les premières lignes du projet de budget pour 2026 ont été présentées par François Bayrou ce mardi 15 juillet. Le discours du Premier ministre a retenu l’attention en raison d’une proposition phare : la suppression de deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 mai. Une décision qui, à elle seule, suscite de vives réactions. Pourtant, cet effet d’annonce ne doit pas faire oublier l’essentiel : derrière cette mesure se dessine une orientation économique lourdement austéritaire.
Un discours de rigueur sous couvert de symboles
La proposition de budget de Bayrou prévoit une « année blanche » pour les finances publiques, marquée par le gel des prestations sociales et une pression renforcée sur les actifs. Il s’agit d’une politique d’austérité dont les conséquences pèseront massivement sur le quotidien des travailleurs.
Pour 2026, le Premier ministre fixe un objectif d’économies compris entre 43 et 44 milliards d’euros. Ce serrage budgétaire vise à contenir le déficit à 4,6 % du PIB, une exigence initialement dictée par Bruxelles, mais désormais pleinement revendiquée comme cap politique par l’exécutif.
Pour y parvenir, Bayrou propose plusieurs orientations, telles que la suppression de milliers de postes de fonctionnaires, la diminution des remboursements de santé et, enfin, des coupes dans le budget des collectivités locales. Le tout est estimé à 20,8 milliards d’euros.
Une justice sociale de façade
Afin d’éviter le tollé, Bayrou a présenté des mesures de “justice sociale”. L’objectif serait d’économiser 9 milliards d’euros. Le projet peut être qualifié de flou, voire lacunaire.
François Bayrou a ainsi récité les mêmes recettes que son prédécesseur Michel Barnier. Son projet entend lutter contre toutes les fraudes, sociales et fiscales, tout en demandant aux plus aisés une contribution. Au-delà de ces quelques slogans, aucune mesure ni chiffrage concret n’ont été annoncés.
Dans les faits, sa proposition de budget touche essentiellement les travailleurs. Par exemple, en supprimant deux jours fériés. Le gel de l’indexation des prestations sociales ainsi que l’absence de revalorisation des salaires dans la fonction publique auront également un poids sur le pouvoir d’achat. L’évocation d’un financement de la Sécurité sociale sur d’autres bases que le travail laisse entrevoir l’idée d’une TVA sociale et d’une hausse d’impôts.
Le grand absent : l’État stratège
L’un des aspects les plus notables du discours reste l’importance accordée au patronat, chargé seul de la relance de l’économie. Bayrou plaide ainsi pour une simplification des procédures économiques, un assouplissement des règles et une écoute accrue des entreprises.
Ces orientations politiques interviennent alors qu’un rapport de la commission d’enquête sur les aides publiques aux grandes entreprises, présidée par le communiste Fabien Gay, révèle que 211 milliards d’euros sont alloués au secteur privé, sans contrepartie, sans lisibilité ni efficacité.
La question des relocalisations ou du gel des délocalisations, notamment dans les secteurs stratégiques, est absente. La seule mention d’un rôle actif de l’État concerne les filières d’excellence.
Le projet budgétaire, accueilli favorablement par la droite, s’inscrit donc dans une logique libérale assumée. Il s’agit d’un projet dans la continuité des précédents, qui poursuit le recul du rôle de l’État dans l’économie, à rebours des enjeux d’aujourd’hui.