5 millions contre le harcèlement de rue

François Perinet

À la lecture de ce titre, on pourrait se réjouir d’un tel investissement s’il s’agissait d’euros plutôt que de flyers. 

Cinq millions de flyers de prévention seront donc distribués par les forces de l’ordre durant l’été. 

Une réponse en deçà des enjeux 

La réponse sonne creuse quand on sait que 9 femmes sur 10 ont déjà subi le harcèlement dans les transports.

Le droit des femmes est en recul et le ministre nous sort un flyer format A6. Les cabinets de conseil ont dû bien se creuser la cervelle. 

Ces flyers ont donc pour objectif d’inciter les témoins à réagir et les victimes à porter plaintes. Même si le dépôt de plainte est en augmentation, la plupart ne débouchent pas sur une contravention. De quoi décourager les femmes victimes d’agressions. 

Des stratégies d’évitement 

Afin d’éviter toute situation de danger, les femmes optent de plus en plus pour des stratégies d’évitement. 

Que ce soit avec le médiatisé “Subway shirt”, les baskets dans le sac quand on rentre le soir où le taxi au lieu des transports en commun à certaines heures. 

Le sexisme coûte cher. Le coût n’est d’ailleurs pas que monétaire, mais bien aussi celui d’une charge mentale qui pèse au quotidien et dans chaque déplacement.

Une politique de saupoudrage

La question de la sensibilisation ne peut évidemment pas être évacuée des plans de lutte contre les VSS. Néanmoins, dans notre histoire de flyers, on peut se demander si le public ciblé est vraiment le bon. Pourquoi toujours s’adresser aux victimes ? Les pousser à témoigner, d’accord, mais ce geste n’est jamais anodin, parfois cela peut mettre plusieurs années avant de trouver la force. 

Le travail doit aussi s’effectuer du côté des agresseurs. En effet, les plaintes doivent pouvoir aboutir à des condamnations. Voilà une vraie solution pour que les victimes puissent porter plainte. La politique de saupoudrage à base de flyers ne résoudra pas les violences sexistes et sexuelles et les écueils du système judiciaire.